Duché de Valois, mois de mai
Liberté
J'avais déjà envie d'étrangler Winter. Je le foudroyai du regard alors qu'il se redressait. Il venait de me réveiller... beaucoup trop abruptement.
- Bougez-vous, Tréville, vous êtes la dernière à dormir, grogna Winter.
- J'ai dit à Marie de la réveiller, tu t'appelles Marie, Winter ? Aboya Philippe, non loin, en train de seller les chevaux.
- A cette heure-ci, quelqu'un doit déjà se douter de notre absence, fit Gabriel en me tendant sa main.
Je la pris avec un regard reconnaissant, et le futur cadet me mit debout. Nous avions chevauché pendant quatre heures, puis nous avions fait une pause pour nous reposer, durant laquelle Philippe et Winter s'étaient portés volontaires pour monter la garde. Et Winter venait de me réveiller en me secouant un peu trop vivement.
- Nous devons continuer au plus vite, acquiesça Marie. Mais d'abord, il faut qu'on reprenne tous des forces.
Elle me fit signe de la rejoindre, et je m'asseyais à ses côtés sur la souche de la clairière dans laquelle nous avions trouvé refuge. Elle me tendit un morceau de pain et du fromage, que je mangeai lentement pour me rassasier malgré ce maigre déjeuné.
- Où sommes-nous ? demandai-je en levant le visage vers la cime des arbres, d'où chantaient les oiseaux.
- A l'entrée du duché de Valois, répondit Philippe en nous rejoignant. Tu as bien dormi, Libby ?
J'acquiesçai en silence, ne voulant pas prendre le risque de récolter une nouvelle remarque acerbe de la part de Winter.
- Si nous allons de bon train toute la journée, nous devrions être arrivés dès ce soir, assura le prince en m'ébouriffant les cheveux.
- Tant mieux, sourit Marie. Plus vite on arrive chez Athos... Plus vite on rentrera à la maison.
- C'est une bonne logique, approuva Gabriel en s'approchant avec son cheval et celui de Marie.
Un grand grondement nous fit soudain tous sursauter. Nous levâmes les yeux vers le ciel... Qui était d'un gris qui se couvrait de noir.
- Un orage, constata Winter d'une voix froide.
- Et violent, avec ça, souffla Marie en se redressant.
Une grande bourrasque de vent chaud nous atteignit de pleins fouets, faisant voleter nos cheveux, à Marie et moi.
- Qu'est-ce qu'on fait, alors ? demanda Philippe lorsqu'un éclair fendit le ciel. On commence le chemin où on se trouve un refuge ?
Le tonnerre retentit quelques secondes après. Six secondes, pour être exact.
- L'orage est à une demi-lieue, leur appris-je. Peut-être qu'on devrait essayer de s'avancer pour rechercher un abri... Loin des arbres.
Leurs quatre regards – océan, vert-de-la-mer, bruns chocolat et bleu clair – se posèrent sur moi.
- Comment ça, l'orage est à une demi-lieue ? releva Marie.
J'eus un petit sourire.
- A Ligueux, on m'a appris à déterminer la distance d'un orage selon le temps qui séparait l'apparition de l'éclair et le bruit du tonnerre, fis-je. On a donc un peu de temps devant nous avant de recevoir l'orage sur la tête.
- Bien joué, Tréville, ricana Winter. Vous servez à quelque chose, finalement.
- Silence, vous, grognai-je en le foudroyant du regard.
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L'héritage de l'Espionne - Livre III
FanfictionLa rumeur enfle. Elle arrive, elle arrive, murmurent les courtisans et les serviteurs. Mais de qui parlent-ils ? De la veuve Tréville, la veuve Tréville, ce nom est sur toutes les lèvres. Céleste de Tréville, la richissime veuve de l'ancien régent e...