⚜ Chapitre 11 : Les disparus ⚜

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Paris, mois de mai

Céleste

Elle se réveilla peu de temps après le soleil, savourant les rayons sur son corps. Elle laissait toujours ses rideaux ouverts, depuis qu'elle dormait à Paris... La présence de la lune et des étoiles la faisait se sentir un peu moins seule. Elle se retourna dans son lit... Et posa son regard sur la seconde place du lit, vide. Céleste de Ligueux soupira. Vide depuis dix-sept ans... Mais chaque matin, elle s'attendait à voir le visage de l'homme qu'elle aimait à ses côtés. Et chaque matin, elle était indéniablement déçue. La douleur s'était amenuisée au fils des années... Mais pas le manque.

Se décidant de se lever, Céleste repoussa ses draps, et vint s'asseoir devant sa toilette. Elle passa une main dans ses cheveux noirs, puis pris une brosse pour les démêler. Quand cela fut fait, Céleste plongea ses yeux dans les siens, à travers du miroir. Elle porta une de ses mains à la racine de ses cheveux, puis à ses rides au coin des yeux et de la bouche. Tu vieillis, bel Ange, pensa-t-elle doucement en posant un doigt sur son front pour tenter de détendre les rides qui s'y trouvaient.

Elle prit ensuite dans ses mains un petit coffret nacré, qu'elle ouvrit délicatement. A l'intérieur, une chaîne en argent, qu'elle tira de son écrin. Une petite étincelle l'éblouit pendant un court instant, mais un doux sourire vint naître sur ses lèvres. Elle attacha la chaîne autour de son cou, et admira l'anneau d'or qui y pendait. L'alliance de Jean. Elle la portait sur son cœur depuis dix-sept ans.

Elle se leva puis alla enfiler une robe prise au hasard dans sa garde-robe. Elle tomba sur une tenue rouge carmin ornées de dorures or et orangées et au décolleté échancré, provoquant un petit sourire sur les lèvres de la duchesse. Rien ne lui plaisait plus que de déranger les dames de la cour, que Céleste choquait souvent de par sa présence, son éducation, sa renommée... Et ses tenues tantôt provocantes, tantôt hors des normes, avec son épée, par exemple.

Après s'être vêtue, Céleste remonta ses longs cheveux en chignon sur sa tête... Et y planta sa fameuse aiguille, qu'elle compléta par la suite par d'autres épingles. Elle se dirigea ensuite vers son bureau, écrivit une courte missive, et la ferma en y appliquant son sceau avec délectation... Le sceau de Jean. Pas celui du duché de Ligueux, ni du comté de Tréville, non... Le sceau de Jean. Le sien. Enfin, Céleste sortit de sa chambre, dans la ferme attention de faire envoyer une missive aux d'Artagnan pour les prévenir de sa venue, probablement dans l'après-dîner. Elle passa devant la porte de la chambre de sa fille, Libby, et sourit en constatant qu'elle semblait encore dormir. A la sortie de leurs appartements, elle héla un serviteur.

- Madame de Tréville ? Fit le serviteur en trottinant vers elle.

- Je veux que vous envoyiez ce pli à l'hôtel des mousquetaires, lui dit-elle avec un sourire en lui donnant la lettre que je venais d'écrire.

Le serviteur lui rendit mon sourire, et prit respectueusement la missive.

- J'y vais moi-même, madame la duchesse, assura l'homme avant de s'incliner et de repartir au trot.

Un sourire vint naître sur les lèvres de Céleste devant la dévotion du serviteur. Était-ce parce qu'elle lui avait souri ? Ou bien... Ou bien les serviteurs lui étaient fidèles en l'honneur de son époux et de son sacrifice pour tous les sauver ? Il y avait sûrement également de cela. Elle finit par faire volte-face. Peut-être devrait-elle se changer, finalement... La robe rouge échancrée n'était peut-être pas une bonne idée pour l'aller-retour à la garnison. Elle manqua soudain de sursauter quand elle croisa le regard noir profond de l'homme à présent face à elle. Aussitôt, elle se fendit d'une petite révérence.

- Votre Majesté, le salua-t-elle. Que me vaut le plaisir d'une visite si matinale ?

Le roi Louis eut un doux sourire, et lui tendit sa main pour que Céleste puisse se relever. Elle lui sourit à son tour en revenant à son niveau. Ses cheveux bruns étaient parfaitement coiffés, retenus par sa couronne d'or posée sur sa tête. Ses traits n'appartenaient ni à Anne, ni à Aramis, c'était un juste mélange entre les deux, de manière à ce qu'il n'y ait aucune ressemblance flagrante entre le fils et ses parents. Par contre, Louis avait le même nez que son petit frère, et les mêmes fossettes.

L'héritage de l'Espionne - Livre IIIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant