⚜Chapitre 21 : Exécution du plan foireux ⚜

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Boyelles, mois de mai

Liberté

Le plan était simple. Dès l'aurore, je m'incrusterai discrètement dans le groupe des femmes puis tenterais de retrouver Sylvie. Rose me l'avait décrite le plus précisément possible : grande, belle, une peau noire, des cheveux frisés, des yeux rieurs. Pendant toute la journée, mes compagnons se débrouillerons habilement pour saboter les réserves de poudre et de rapières des gardes, et au crépuscule, si tout s'était bien passé, ils lanceraient le signal.

Et l'aube ne tarderait plus à pointer.

- Tu es sûre de toi, Libby ? Me demanda une énième fois Philippe.

- Oui, répétai-je.

Winter me tendit un poignard. Je le regardai un instant avant de m'en saisir.

- Cachez-le sous vos bandes, me suggéra le meurtrier. Cela pourra vous être utile.

J'avais délaissé mon corset pour bander ma poitrine avec des morceaux de tissus pris sur mon ancienne tenue. Oh, je ne comptai pas faire disparaître mes formes... c'était pour la faire tenir. Je détestais sentir ma poitrine libre. Délicatement pour ne pas déchirer les bandes, je glissai la lame froide entre le tissu et mes côtes, me faisant frissonner à son contact.

Il avait été décider que Winter m'escorterait jusqu'aux groupes de femmes endormis, puis que je me glisserais entre deux pour faire comme si j'avais toujours été là. Je relevai le regard vers marie. Elle semblait la plus inquiète par cette expédition... Et je ne pouvais que la comprendre.

- Il est encore temps de refuser, Libby, répéta-t-elle.

- Non, soufflai-je. Nous devons venir en aide aux villageois.

- Nous pouvons le faire en allant chercher des renforts à Paris.

Je glissai un regard au camp, tentant machinalement de repousser mes cheveux derrière mon dos. Mais je n'avais plus mes longues boucles ; mes mains effleurèrent mes pointes, me faisant ressentir une sensation de vide.

- C'est ce que vous ferrez si ça devait mal se terminer, soufflai-je.

- Mal se terminer ? Grogna Philippe. Aucun risque. Ne t'inquiète pas.

Winter fit une petite grimace.

- Sir, s'il n'en tenait qu'à moi, je lui donnerais une rapière et un mousquet en plus de ce poignard, fit-il. Malheureusement, elle ne sait s'en servir, de plus c'est bien moins discret à cacher.

Je manquai de répliquer que je ne savais pas plus manier le poignard, mais je me décidai à me taire.

- Ce soir, tout sera prêt, m'assura Gabriel. Tu te souviens du signal ?

- Je ne suis pas bête non plus, affirmai-je en dépoussiérant quelque peu ma tenue.

Winter se redressa en vérifiant qu'il avait ses armes sur lui avant de me faire un signe de la tête.

- Tréville, il est temps.

- J'arrive, fis-je en me tournant vers lui.

Nous avançâmes jusqu'à l'orée du bois où nous avions trouvé refuge pour la nuit. Winter se tapit dans les fourrés et me fit signe de le suivre. Discrètement, nous traçâmes notre route dans les hautes herbes humides, encore camouflés par la nuit. Enfin, Winter s'arrêta, et me fit signe de me mettre à son niveau, ce que je fis lentement.

- Vous avez encore quelques mètres, me souffla-t-il. Attendez mon signal avant d'y aller.

J'hochai lentement la tête. Nous devions attendre que la garde passe...

L'héritage de l'Espionne - Livre IIIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant