⚜ Chapitre 26 : Les renforts ⚜

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Croisilles, mois de mai

Liberté

Quand il eut disparu au bout du couloir, mon premier réflexe fut d'agripper un vase non loin et le fracasser au sol avec un cri de rage. La porcelaine se brisa en mille morceaux en un bruit effarant... et un tant soit peu réconfortant. « Faible. ». « Couarde. ». « Pathétique. ». Je shootai un grand coup dans les débris du vase. « Fade. ». Je passai une main tremblante de rage dans mes cheveux. « Indigne. ». Je me mordis les lèvres à me les faire saigner.

Quel... Bouffon arrogant ! Sale fumier, gros connard de salopard de...

- Libby ? Souffla soudain une voix derrière moi.

- Quoi ? aboyai-je en me retournant d'un bond.

Mais je me calmai aussitôt quand je croisai le regard azur de Julien. Ce dernier recula d'un bond, tendant les mains devant lui avec un doux sourire.

- He, tout va bien... souffla-t-il. Tout va bien ?

Je lâchai mes cheveux pour passer mes mains sous mes yeux. Je... Je pleurais. Parce que tous les mots qu'avait prononcé Renard de Winter s'étaient enfoncé dans mon cœur comme des poignards de glace par centaines.

- Tout va bien, répétai-je en tamponnant le coin de mes yeux. Ce... n'est rien.

- Tu as crié, riposta Julien. Et... Tu t'es blessé avec le vase ?

Je lui montrai furtivement mes mains.

- Non, je n'ai rien, souris-je doucement.

Mon regard tomba sur les débris de porcelaine. Quand je les contournai, ma longue robe en bougea certains, faisant tinter les morceaux les uns contre les autres.

- Retournons au bal, encourageai-je le fils d'Athos à me suivre.

Il hocha pensivement la tête sans quitter des yeux le couloir par où Winter était parti, puis finis par revenir à mon niveau, et nous regagnâmes la grande salle côtes à côtes.

Quand Winter avait quitté la fête, j'avais réagi de suite. J'avais adressé un regard désolé à Athos avant de suivre l'assassin. Et ce dernier m'avait dit toutes ces choses horribles... Étais-je vraiment une déception ? Était-ce que pensaient les gens qui me croisaient ? Philippe l'avait-il pensé, lui qui avait connu mon père ? Et Aramis ? Constance, d'Artagnan, Athos, Sylvie ? Mais le plus terrifiant... Maman le pensait-elle parfois ? Quand elle posait les yeux sur moi, voyait-elle l'une des dernières traces de l'amour de sa vie, ou bien ne parvenait-elle pas à être fière de moi ?

Voyant que je n'étais pas apte à prendre le bon chemin, Julien me guida discrètement jusqu'à la salle, puis jusqu'à Philippe et Athos. Les autres s'étaient éparpillés dans le bal... Sauf Winter, qui avait définitivement disparut, et c'était tant mieux. Je n'aurais pas supporté de le voir à nouveau. Philippe et Athos posèrent leurs yeux sur moi, remarquant mes joues rougies de rage et mes mains tremblantes.

- Qu'est-ce qui s'est passé ? Demanda doucement Philippe.

Je secouai la tête.

- Rien de gr... commençai-je, mais une grande clameur me coupa brusquement.

Une petite seconde après, les portes de la grande salle s'ouvrirent d'un coup en un bruit terrible, nous faisant tous sursauter. Pourtant, quelle ne fut pas ma joie quand je vis les cinq adultes qui s'avancèrent fièrement dans la grande salle, des hommes armés derrière eux. Ils étaient arrivés. Enfin.

Encore une fois, la foule se sépara en deux pour créer un chemin jusqu'à nous. Je trouvai immédiatement les yeux d'une des deux femmes de tête. Et étonnamment... Maman ne semblait pas en colère. Contrairement à Aramis, qui foudroyait Philippe du regard, et Constance, qui cherchait celui de son fils dans la foule. D'Artagnan, lui, avait avisé Athos, à mes côtés, et arborait un petit sourire amusé. Quant au dernier homme... Je ne l'avais jamais vu, mais sa carrure impressionnante, son regard vif et malicieux et sa peau mate m'indiqua aisément à qui nous avions à faire. Le général Porthos. Et enfin, derrière eux, de nombreux mousquetaires ainsi que la garde royale.

L'héritage de l'Espionne - Livre IIIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant