⚜ Chapitre 29 : Les corvées ⚜

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Paris, mois de mai

Liberté

Nous entrâmes dans la garnison alors que tout le monde prenait une pause pour manger. Certains mousquetaires nous saluèrent en se dirigeant vers une taverne nous loin, et nous leur rendîmes leurs saluts. J'avisai aussitôt Gabriel, assis à la table sous l'escalier. Après avoir quêté l'autorisation de Maman du regard, je me dirigeai en trottinant vers lui. Il releva la tête à ma vue, et eut un demi sourire qui s'apparentait plus à une grimace.

- Ça va ? lui demandai-je en m'asseyant à côté de lui.

- Mes parents m'ont fait la morale, mais ça va, ça n'a pas été long, soupira-t-il. Par contre... Je crains plus les conséquences à long terme.

Je le vis glisser un regard à son frère aîné qui plaisantait avec les autres cadets. Gabriel craignait-il que cette fugue l'empêche de devenir à son tour cadet, puis mousquetaire ? Je ressentis un peu de pitié pour lui. Mais si nous avions dénoncé Philippe, les conséquences auraient pu être pire... Quant à le laisser partir seul, au vu de notre voyage, ç'aurait été plus qu'une mauvaise idée.

- Je suis désolée, murmurai-je quand même. C'est moi qui ai insisté pour que Marie et toi veniez...

Gabriel eut un petit rire en m'envoyant un regard quelque peu malicieux.

- Tu plaisantes ? Sourit-il. Pendant ce voyage, j'ai eu comme l'impression... Comme l'impression de servir enfin à quelque chose. C'était... Bien. Avec toi, Marie, Philippe... On s'entend bien. Et ce voyage a été plus qu'enrichissant. C'est pourquoi... Je crois que pour l'instant, je ne le regrette pas.

Je souris à mon tour devant le regard bleu pâle de mon ami.

- Pourquoi es-tu venue si tôt ? Demanda ce dernier. Nous ne commençons quand dans une heure...

- Maman m'a montré le cimetière des mousquetaires, répondis-je doucement. Donc nous venons manger ici.

Gabriel eut une tête un peu surprise avant de se reprendre.

- Oh... Pour ton père, je présume ? Souffla-t-il.

J'acquiesçai en silence. La visite du cimetière me hantait encore, de même que les larmes de Maman. Pourtant... J'aimerai bien y retourner, pour retrouver l'ambiance apaisante de la nature environnante.

- Marie et Porthos devraient arriver dans une heure, m'apprit Gabriel en changeant de sujet.

Je me tournai vers lui, et croisai son regard bleu. J'hésitai un peu ; j'avais envie de poser la question qui me taraudait... Mais n'était-elle pas impolie ? Finalement, je décidai de me lancer. Alors que j'allai poser la question, Constance arriva soudain dans notre direction avec un pichet d'eau, du pain et quelques fruits.

- Mangez ! Nous ordonna-t-elle avant de rejoindre Maman non loin.

J'attendis qu'elle se soit assez éloignée avant de reprendre parole.

- En parlant d'eux... commençai-je avec hésitation. Porthos... Porthos est-il réellement le père de Marie ?

- Bah oui, fit Gabriel en attrapant parmi les fruits une tomate bien rouge et en croquant dedans. Pourquoi ?

Je fronçai doucement les sourcils.

- J... Je ne sais pas, murmurai-je. Elle a la peau vraiment très blanche...

Gabriel releva la tête vers moi, et j'eus peur pendant un instant d'avoir dit quelque chose d'insultant, mais le regard songeur de mon ami me rassura.

- Oh, tu parles de ça... fit-il. Donc ça veut dire que tu n'es pas au courant.

- Au courant de quoi ? Insistai-je.

L'héritage de l'Espionne - Livre IIIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant