⚜ Chapitre 104 : Le fin mot de l'histoire ⚜

62 10 9
                                    

Paris, mois d'octobre

Liberté

Mon amant et moi marchions à grands pas dans les couloirs du Louvre. Bon, pour me reposer, cela repassera. J'espérai juste que nous aurions fini à temps ce que nous allions faire pour que je puisse me préparer pour le bal.

Selon Renard... Ils s'étaient regroupés dans la bibliothèque. Car il la surveillait et était posté dans les passages secrets depuis que le cortège avait vu apparaître Paris sur l'horizon. Et apparemment, il y avait tout le monde. Il était donc temps de mettre en place notre plan.

Nous arrivâmes en vue de la bibliothèque, et j'échangeai un dernier regard avec Renard. Il hocha lentement la tête. C'était là que tout se jouait. Je pris une grande inspiration. Et poussais brusquement les portes de la bibliothèque, qui s'ouvrirent avec fracas.

Les six personnes à l'intérieur sursautèrent comme une seule, et j'eus le temps de voir Agathe cacher discrètement dans ses jupes des papiers. J'affichai un grand sourire, sachant pertinemment que Renard refermait les portes derrière nous.

- Mes amis, m'exclamai-je en avançant vers eux. Justement, je vous cherchais. Comme le monde est bien fait, dîtes-moi.

- Assurément, le meilleur des mondes, ironisa Charlotte en croisant les bras et en me défiant du regard.

A ses côtés, Marcus m'offrit un sourire un peu incertain. Les jumelles Agathe et Adèle échangèrent une discrète œillade avant de reprendre leurs masques polis. Madame de Sévigné mis quelques secondes de plus à se reprendre, et madame de La Fayette ne laissa rien transparaître.

- Je suis ravie de te revoir, Libby, sourit Adèle en avançant d'un pas. Comment te portes-tu ?

Je l'arrêtai d'un mouvement de main, toujours souriante.

- Ne perdons pas de temps en formules si futiles, et entrons dans le vif du sujet, mes chers, susurrai-je.

- Quel sujet ? s'enquit innocemment La Fayette.

Renard m'adressa un hochement clair. Nous n'étions qu'entre nous dans cette bibliothèque.

- La Chronique de la cour française, fis-je.

Charlotte fit aussitôt un pas vers moi.

- Liberté de Tréville... gronda-t-elle, menaçante.

- Pas un mot de plus, Charlotte de Bourayne, ordonna Renard en venant se positionner à mes côtés. Ce n'est pas à vous de prendre la parole.

Il savait tout, bien entendu. Même le moment où j'avais menacé Charlotte de révéler sa liaison. Il n'avait pas particulièrement été enchanté de l'apprendre, mais il savait que je n'utiliserais cette information qu'en dernier recours.

- Que voulez-vous dire, Libby ? fit calmement Agathe en maintenant mon regard.

Je souris doucereusement. Agathe, Adèle et Marcus étaient... mes amis. Ou bien ils l'avaient étés... Je ne savais pas vraiment. Mais à l'instant présent, je ne devais pas penser à eux comme mes amis. Je devais penser à eux comme des inconnus. Des menaces. Dont j'avais plusieurs secrets en ma possession.

- Vous savez tous très bien ce que je veux dire. Ce que Renard et moi voulons dire.

Je passai mon regard sur chacun d'entre eux. Agathe et Adèle, fières et déterminées. Lafayette et Sévigné, mi-méprisantes, mi-inquiètes. Marcus, blanc comme feuille. Et Charlotte, fulminante.

- Vous êtes les têtes derrières la Chronique de la cour française, fit mon amant avec un sourire qui n'annonçait rien de bon. Vous êtes les six têtes à abattre.

L'héritage de l'Espionne - Livre IIIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant