⚜ Chapitre 89 : Ce qui est caché ⚜

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Masigny, mois d'août

Liberté

- Milady ne sera pas contente, soufflai-je, blottie entre les bras de Renard, ma tête posée sur son torse.

- Je n'en ai rien à faire.

- C'est ta mère, Renard. Tu ne peux pas faire comme si elle ne t'importait pas.

Nous regardions tous les deux le soleil se lever sur les montagnes depuis la fenêtre de ma chambre. Nous avions peu dormi, beaucoup parlé. Mais nous nous sentions pourtant reposés. Et heureux.

- Qu'importe ce qu'elle dira ? Soupira mon amant. Elle m'a donné son avis une première fois. Elle n'a pas besoin de se répéter, j'ai parfaitement compris sa position.

Je souris doucement alors que sa main remontait le long de mon bras en douces caresses. Il sentait bon. Et j'aimais son odeur.

Nous étions blottis ainsi depuis quelques heures. Et nous nous sentions bien l'un avec l'autre. Nous ne savions pas vraiment quoi faire, comment se projeter dans le futur, mais une chose était sure : pour l'instant, nous voulions rester ensemble. Et vivre notre histoire au jour le jour.

Je ne voulais pas quitter ses bras. Mais mon ventre affamé protesta ; le gargouillement fit rire Renard.

- Tu as faim ? S'enquit-il.

- Un peu, acquiesçai-je avant de me redresser. Peut-être est-il temps de descendre.

Je sortis du lit à regret, et me dirigeai vers ma toilette. Je ne savais pas vraiment quoi mettre aujourd'hui, aussi je choisis une simple robe lilas. Je passai une nouvelle chemise avant de mettre le corset. Renard se leva pour venir me le lacer, et il m'aida à mettre par-dessus la robe violette.

- Merci, fis-je en me tournant vers lui.

Il posa ses lèvres sur les miennes avant de me sourire.

- Je dois aussi aller me changer, fit-il. Va manger.

J'acquiesçai en lui tendant sa chemise, qui était alors sagement pliée sur une chaise.

- A tout à l'heure, souris-je avant de le laisser.

Il sortirait quelques minutes après moi. Je refermai délicatement la porte avant de m'avancer dans les couloirs du château. Le déjeuner se tenait généralement dans la salle de réception de Masigny, et j'y entrai en avec entrain. Quelle heure était-il ? Probablement neuf heures ; la pièce était presque vide. En tout cas, aucun de mes amis n'étaient présents. Qu'importe ; je m'assis à une place et piochait aussitôt dans un panier remplit de petits pains en observant les gens présents. Quelques nobles de la cour de Savoie discutaient entre eux à l'opposé de la table. Et n'était-ce pas l'épouse de Carsel et ses amies qui mangeaient non loin ? Si, c'était bien elle. Elle m'offrit un petit sourire quand nos regards se croisèrent, sourire auquel je répondis. Et il y avait ensuite deux, trois français qui me disaient vaguement quelque chose. A cette heure-ci, tout le monde avait déjà déjeuné. Renard allait-il me rejoindre ? Probablement pas ; il n'était pas encore temps de nous montrer en public ensemble.

Je grignotai quelques pains que je tartinais de confiture, perdue dans mes pensées. Ces dernières se dirigèrent vers Paris... Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas vu Marie, la fille de Porthos. J'étais passée à la garnison une fois après mon retour de Versailles pour lui rendre visite ; c'était il y avait trois semaines. Je me promis d'aller la voir dès que nous rentrerons à la capitale. Et puis cela me permettra de prendre des nouvelles de Gabriel... Savoir s'il avait été accepté en tant que cadet. Il en allait de même pour Julien ; j'espérais qu'il avait réussi les épreuves.

L'héritage de l'Espionne - Livre IIIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant