⚜ Chapitre 13 : Coup de tonnerre ⚜

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Duché de Valois, mois de mai

Liberté

Winter alluma une bougie, et la cabane se révéla entièrement à la faible lueur de la flamme. Elle était entièrement abandonnée. Entre les toiles d'araignées se trouvaient une table et deux petites chaises. D'un geste, Winter dépoussiéra la table et y posa les trois sacs. Une minute... Trois sacs ?

- Il manque un sac ! paniquai-je.

Winter les regarda en haussant un sourcil.

- Le mien, celui du prince et le vôtre, dit-il.

- J'en avais deux, soufflai-je en me précipitant vers les sacs.

Effectivement, il m'en manquait un... Winter regarda d'un air mauvais les traînées de boue et d'eau que ma jupe laissait sur son passage.

- Vous devriez vous changer, suggéra-t-il. Vous allez attraper froid...

- Il me manque un sac... gémis-je sans l'écouter.

- Il nous manque un prince, une jardinière et un cadet, si vous ne l'aviez pas remarqué, riposta aussitôt le meurtrier en rajustant sa cape sur ses épaules. Je vais chercher le premier. Vous, changez-vous.

Et la porte claqua. Je me retournai d'un bond. Winter était parti, me laissant dans la cabane avec pour seule compagnie une bougie vacillante. Je soupirai, et ouvrit le sac qu'il me restait. Si, hier soir, j'avais pris deux tenues de rechange, en ayant un sac en moins, il ne me restait que la masculine. Après avoir vérifié que Winter ne risquait pas d'entrer à l'improviste, je retirai la protection du corset de ma robe de servante, puis ma jupe et le corset, pour ne garder finalement qu'une fine chemise blanche. Je mis ensuite par-dessus la chemise d'homme et le pantalon... Et grimaçai. Je ne me sentais pas bien. Je ne me sentais pas... belle. Je n'avais rien pour cacher mes formes, aussi je retirai vite ces vêtements.

Sans longtemps hésiter, je remis simplement le corset avant de mettre la chemise et le pantalon. Voilà, c'était mieux ainsi. Je me penchais pour récupérer la jupe et les autres vêtements que je fourrais dans mon sac après avoir retiré le peu de vivre qu'il me restait. Du pain, une gourde, et trois morceaux de viande. Le plus de gros de mes réserves étaient dans mon autre sac... Celui que j'avais probablement perdu lors de la folle chevauchée.

Je défis ma queue de cheval pour laisser mes cheveux libres tomber jusqu'au bas de mon dos. Ils étaient trempés, ils allaient boucler... Je pestai entre mes dents avant d'observer le reste de la cabane. Au coin, il y avait peut-être un lit... Il y avait un vase sur une petite chaise près du lit. Je m'en approchais, et effleurai délicatement du bout des doigts les plantes fanées qui s'y trouvaient... A mon touché, elles partirent en poussière. Mais j'avais eu le temps de les reconnaître. Des branches de menthe. Il n'y avait plus d'eau depuis belle lurette dans le vase, et à présent, tout ce qui restait des plantes était un petit tas de poussière. Qui avait vécu ici ? Était-ce il y avait longtemps ?

La flamme de la bougie vacillait. Je retournai vers elle, et vis qu'elle n'allait pas tarder à s'éteindre. Après un bref moment d'hésitation, je tendis la main vers le sac de Winter pour y prendre une autre bougie... La porte s'ouvrit brutalement. Je sursautai et me tournai brusquement vers l'entrée... Pour voir arriver Renard de Winter, encore plus trempé qu'il ne l'était à son départ.

- Qu'est-ce que vous faîtes ? grogna-t-il en voyant ma main tendue vers son sac.

Je la retirai vivement, prise sur le fait.

- Où est Philippe ? ripostai-je.

Winter poussa un long soupire et passa une main sur son front.

- Je ne l'ai pas retrouvé... maugréa-t-il. Il pleut trop fort dehors pour voir quoi que ce soit. Et les éclairs sont une véritable menace. Nous devrions attendre que la tempête se calme.

L'héritage de l'Espionne - Livre IIIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant