Versailles, mois de juillet
Liberté
Un hurlement me réveilla en sursaut. Je me redressai d'un bond dans les draps défaits ; c'était la voix de Philippe. Il avait dû trouver les grenouilles que Renard avait mis à ma demande dans son lit. Je me laissais retomber sur mon matelas, un sourire aux lèvres. Avant de bondir hors de mon lit ; il fallait que je voie ça. Je mis rapidement une chemise propre et un pantalon, laçait à moitié mon corset et sortit en courant de ma chambre.
Je me cognai à Rivoire ; il me retint. Je croisai son regard brun mi-amusé mi-inquiet.
- Bonjour, mademoiselle, fit-il.
- Bonjour monsieur, lui souris-je.
Et nous nous précipitâmes d'un même mouvement vers la source des cris, a savoir la chambre royale de Philippe. Louis, Carsel et Marcus étaient déjà à la porte, retenant visiblement leurs fous rires. Le comte s'éloigna pour me laisser passer, et je ne pus retenir un éclat de rire ; Philippe était debout sur son matelas, trois grenouilles à ses pieds le regardant curieusement, et le crapaud qui n'en avait absolument rien à faire au pied du lit. Et Renard à l'intérieur de la pièce, appuyé à un bureau, regardant la scène les bras croisés.
- Sur ordre royal, Winter, débarrassez-moi de ça ! S'égosilla Philippe en reculant encore.
- Ce ne sont que des grenouilles, Sir, fit aimablement remarquer Renard. Elles ne vous mangeront pas.
- ENLEVEZ-LES !!! paniqua mon royal ami.
Livigne dû arriver à ce moment-là ; il ne rata pas une miette du spectacle de notre roi explosant de rire. Carsel et Marcus le suivirent de peu, se retenant aux murs pour ne pas se rouler par terre. Je fis un pas à l'intérieur de la chambre ; Renard me jeta un regard hilare. Il avait quitté ma chambre tôt ce matin après nos ébats pour dormir un peu.
- Philippe, descend, gloussai-je. Ce ne sont que des amphibiens.
- Ces AMPHIBIENS sont arrivés dans MON lit par je ne sais quelle SORCELLERIE ! Aboya le prince de France, faisant redoubler les rires des ducs et de son royal frère.
- Heureusement que nous sommes éloignés des chambres des autres, entendis-je s'esclaffer Livigne derrière moi.
- Sorcellerie est peut-être un terme exagéré, fit remarquer Renard en se redressant enfin.
Il se dirigea vers le lit, mais ramassa seulement le crapaud, qu'il leva à la lumière pour l'examiner.
- Pauvre animal, conclut-il en le calant contre son cœur et en s'éloignant, faisant redoubler l'hilarité générale.
- WINTER !
- Tu as vraiment peur des grenouilles ? m'étonnai-je en m'asseyant sur le bord du lit et en caressant une du doigt.
Surprise, elle sauta vers Philippe ; il poussa un cri digne d'une cantatrice d'opéra.
- Non, habituellement non, protesta le prince. Mais quand elles APPARAISSENT ainsi dans mon lit, je ne suis pas SEREIN !
- Il est en effet surprenant de voir ces animaux dans un lit, acquiesça Marcus. Peut-être le seau posé à côté de votre porte est en lien avec cela.
- Qui a mis des grenouilles dans le lit du prince ? S'exclama Livigne à la cantonade. Allons, dénoncez-vous !
Je récupérai une petite grenouille dans mes mains et caressai doucement son dos pour camoufler mon sourire. Mais il n'échappa pas à Philippe, qui poussa un rugissement.
- Libby, c'est toi !
Je me levai d'un bond quand il se jeta sur moi et partit en courant vers les six autres hommes, hilare.
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L'héritage de l'Espionne - Livre III
FanficLa rumeur enfle. Elle arrive, elle arrive, murmurent les courtisans et les serviteurs. Mais de qui parlent-ils ? De la veuve Tréville, la veuve Tréville, ce nom est sur toutes les lèvres. Céleste de Tréville, la richissime veuve de l'ancien régent e...