⚜ Chapitre 96 : La Chronique de la cour Française ⚜

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Paris, mois de septembre

Liberté

Renard somnolait encore dans mes bras quand je me réveillai. Je ne me privai pas pour admirer son visage ; il me semblait parfait avec son nez droit, sa mâchoire carrée, ses cheveux en désordre, le début de barbe qui commençait à pousser et ses magnifiques lèvres. Je caressai doucement sa joue avant de glisser vers sa gorge et la naissance de son torse. Il gémit, se tourna vers moi, et ses bras enserrèrent ma taille alors qu'il plongeait son visage contre mon ventre recouvert de ma chemise de nuit. Je gloussai ; à ses côtés je me sentais... Libre. Belle. Et aimée. J'aurais voulu que le temps s'arrête. Que nous puissions rester à jamais ici, seuls, enlacés.

Mais dix heures n'allaient pas tarder. Et avec lui... La troisième chronique. Je passai une main dans les cheveux de Renard, qui grogna.

- Il faut te réveiller, lui soufflai-je. Renard...

Il resserra un peu plus ses bras autour de moi, et je souris. On aurait dit un enfant.

- Quelle heure est-il ? Grogna-t-il, sa joue contre mon ventre.

- Bientôt dix heures, lui soufflai-je sans cesser de caresser ses cheveux.

Il se redressa légèrement, et je croisais son regard envoûtant... Et déconcerté.

- Tu sais qu'il est presque blasphématoire de se réveiller à une heure pareille ? S'enquit-il.

- Tu as plus blasphémé que moi, alors, le taquinai-je en passant un doigt sur la courbe de son nez.

- C'est de ta faute, soupira-t-il en laissant retomber sa tête sur mon ventre. Je ne me suis jamais senti aussi bien à un endroit que maintenant, et avec toi.

Je me figeai. Avant qu'un sourire vienne s'épanouir sur mes lèvres. Je pris sa tête entre mes mains pour le remonter vers moi, ce qu'il fit avec un grognement.

- Quoi ?

Je souris en passant mon pouce sur ses lèvres.

- Je t'aime, lui soufflai-je.

Il sourit à son tour avant de se pencher vers moi.

- Je t'aime, répéta-t-il en posant ses lèvres sur les miennes.

La porte de ma chambre s'ouvrit soudain avec fracas, accompagné d'un grand cri.

- Libby !

Nous reconnûmes en même temps la voix, et Renard se laissa tomber à côté de moi, désespéré.

Je me tournai vers celui qui venait d'arriver, un air faussement sévère sur le visage.

- Philippe, grondai-je en croisant les bras. On toque, avant d'entrer.

Le prince marqua un temps d'arrêt en voyant Renard dans mon lit, et un fin sourire apparu sur ses lèvres.

- Philippe, le prévins-je aussitôt.

Il en perdit son sourire, et s'approcha vivement vers nous, me tendant quelque chose que je connaissais déjà.

- Regardez, fit-elle en me donnant la chronique.

Renard se redressa, et vint s'asseoir près de moi. Je jetai un rapide coup d'œil aux pages avant de le lui passer. Rien de bien surprenant : presque tous les détails de ce qui s'est passé en Savoie, allant de notre sortie baignade aux machinations d'Anne et Aramis pour mettre la pression à l'Espagne. Quelques informations concernant ce qui s'est passé à la cour à ce moment-là. Un article sur les rumeurs de mariage entre Adèle et Rivoire –les jumelles cachaient bien leur jeu. Enfin, un article sur le départ de Marie Mancini. C'était probablement ce dernier qui me mettait le plus en colère ; Adèle et Agathe étaient les amies de Mancini ! Même après son départ, fallait-il encore qu'elles tiennent des rumeurs et ragots blessants à son encontre ?

L'héritage de l'Espionne - Livre IIIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant