⚜ Chapitre 35 : Un petit bout d'Eden⚜

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Aux alentours de Paris, mois de juin

Liberté

Nous avions marché durant deux ou trois petites heures, vers le sud-est de Paris. Tous les adultes savaient visible où nous allions, tandis que les deux filles de Porthos, les trois enfants d'Athos, Gabriel et moi les suivions, confiants. Même si le chemin avait été long, nous y étions allés tranquillement, marchants et portants des paniers contenant visiblement notre prochain repas. Enfin, au milieu des plaine vallonnées de ce qui n'étais pas encore la région parisienne, nous nous aventurâmes enfin dans un petit bois, suivant un chemin semblant ayant été tracé à force de passages, d'allers et venues. Nous nous aventurâmes dans les bois, curieux de savoir ce que nos parents respectifs allaient nous montrer.

Pourtant, nous ne nous attendions certainement pas à cela ; nous entrâmes dans une petite clairière à l'herbe verte... Et occupée par un petit étang. Une source... Une petite cascade l'alimentait en eau claire et transparente qui prenait ensuite une teinte bleutée dans le bassin. Je vis Maman sourire de toutes ses dents en posant au sol un panier qu'elle avait porté à la place de Constance.

- On a tenté de les préserver durant ces quatorze dernières années, apprit d'Artagnan à ma duchesse de mère. Tu n'es peut-être pas sans savoir que quand nous faisons courir les cadets, nous ne venons plus jusqu'ici...

- Seuls Rousseau, Chiron et Brujon se souviennent d'avoir eu droit à ce privilège, acquiesça doucement Constance.

Et même si j'avais voulu continuer d'écouter la conversation des adultes pour en apprendre plus sur cet endroit, Marie et Julien se précipitant vers la source me fit reporter mon attention sur eux. Délicatement, Marie ôta un de ses souliers pour tremper son pied délicat dans l'eau. Constatant d'un sourire que l'eau était bonne, elle en jeta aussitôt sur Gabriel, non loin. Le futur cadet recula d'un bond sous nos rires, et Julien me rejoignit de trois pas.

- On ne m'avait jamais parlé de cet endroit, me dit-il.

- Nous sommes deux, alors, acquiesçai-je.

- Un endroit précieux, sourit Athos en installant un drap sur l'herbe pour que nous puissions nous y asseoir.

Sylvie lui glissa quelques mots à l'oreille, et ils gloussèrent de concert.

- Comment l'avez-vous découvert ? Demandai-je en revenant vers les adultes avec mon ami de mon âge.

- C'est moi qui l'ai fait, m'apprit Maman. Peut-être avais-je ton âge... Ou bien j'étais un peu plus vieille.

Je fronçai doucement les sourcils. Je n'ignorais pas que Maman n'avait pas grandi à Ligueux, contrairement à moi. Je croyais même savoir qu'elle avait passé sa jeunesse à Paris... Mais tout était plutôt mystérieux concernant la jeunesse de ma mère. Surtout que je savais que Margot n'avait jamais vécu ailleurs qu'à Ligueux... Maman aurait-elle grandit sans sa mère ? Je ne mis pas longtemps avant de comprendre que par certains aspects, ma mère m'était complètement étrangère. Et je me souvins de ses mots, quelques heures plus tôt : « Même lorsque nous sommes tous tournés vers l'avenir, le passé reste parmi nous et nous joue des tours. ». Elle avait dit ça en voyant la dague... Cette dernière était connue de Maman. Il faudra que je mette cette histoire au clair.

- Allons donc découvrir cet endroit ! S'exclama Rose et tirant la manche de son grand frère.

Julien et moi pivotâmes vers elle, Ninon s'étant rapprochée de Gabi et Marie. Ces trois-là nous regardaient comme pour attendre de savoir si nous allions nous aventurer dans les bois avec eux.

- Avec plaisir, assura Julien.

Et tous les six, nous nous précipitâmes vers les bois, sous les regards amusés de nos parents, qui se chargèrent d'installer notre dîner.

L'héritage de l'Espionne - Livre IIIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant