⚜ Chapitre 54 : Une erreur... ⚜

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Paris, mois de juillet

Renard

A l'origine, il n'aurait même pas dû participer à cette fête. Mais voilà, sa mère lui avait dit de ne pas y aller. Alors il avait mis sa plus belle tunique, noire aux intenses reflets vert foncé, et il y était allé. Donc, déjà à l'origine, c'était une erreur. Il s'était contenté de siroter quelques verres en regardant les gens danser et en adressant quelques mots à Agathe et Adèle de Bouraynes, les seules personnes qu'il appréciait un tant soit peu à la cour. Et c'était à peu près à ce moment qu'Agathe avait remarqué Liberté de Tréville, qui s'enfilait verres après verres.

A ce moment-là, Renard aurait peut-être dû se détourner de cette scène. Mais il commit une seconde erreur : il se dirigea vers elle dans l'intention de la faire lâcher ces verres. Mais Liberté était déjà complètement ivre quand Renard la rejoignit. Sa troisième erreur fut peut-être là ; sur le chemin pour raccompagner la jeune fille –qui était vraiment hilarante dans son état, mais cela jamais Renard ne le dira à quiconque–, le fils de Milady but tous les verres que Liberté attrapait. Sentant qu'il commençait à avoir la tête qui lui tournait, et décidant qu'il ne passerait pas plus de temps à cette soirée, il proposa alors de raccompagner Liberté. Ce que Céleste accepta.

Renard compta ; il avait donc commis trois erreurs ce soir-là. Il n'en commettrait pas de quatrième.

- Qu'est-ce que vous êtes sérieux, monsieur, se moqua Liberté en faisant une petite grimace.

Le meurtrier retint un sourire ; ils venaient d'entrer dans les couloirs du palais.

- Qu'est-ce que vous êtes ivre, madame, riposta-t-il.

- C'est merveilleux, acquiesça la future duchesse.

Et elle s'arracha des bras de Renard pour se mettre à danser –mal– et à chanter –faux– dans les grands couloirs vides. Cette fois, le jeune homme éclata de rire. Peut-être que l'alcool commençait vraiment à lui monter à la tête, mais il trouva la scène incroyable.

- Cela suffit, Liberté, essaya-t-il de dire, mais Tréville continuait sans se lasser.

Renard l'attrapa quand elle allait commencer un air d'opéra autrichien.

- J'ai dit, cela suffit, répéta Renard en plongeant son regard vers celui de Liberté.

Cette dernière lui rendit un regard farouche, et Renard se rendit soudain compte qu'il la serrait un peu trop contre lui. Il desserra donc son étreinte comme si c'était normal, et continua de la guider dans les couloirs.

- Pourquoi avoir bu autant ? Demanda finalement le fils de Milady.

Liberté grimaça. Et commença à énumérer.

- Le pamphlet. Philippe. Gramont. Julien. Vous et vos paroles quand vous me rabaissez. Beaucoup trop de raison, au final.

Mais elle ne développa pas plus. Renard sentit un petit pincement au cœur quand elle l'avait ajouté dans la liste. Au château de Croisilles il s'était conduit comme le dernier des imbéciles. Sa mère le lui avait bien fait comprendre. Et... il s'en voulait un peu. Un peu, beaucoup, même.

Enfin, ils arrivèrent aux appartements de Liberté, et elle ouvrit machinalement la porte pour entrer. Renard essaya de la lâcher, mais elle tituba, et il la reprit aussitôt. Il allait devoir entrer lui aussi. Donc il continua de la soutenir, et ils entrèrent dans la chambre. Il y régnait une délicieuse, mais peut-être trop forte, odeur de rose.

- Que s'est-il passé ici ? Demanda Renard.

- Hum ?

- L'odeur.

L'héritage de l'Espionne - Livre IIIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant