Boyelles, mois de mai
Liberté
- Il faut intervenir... souffla Philippe, consterné par l'état des villageois, qui dormaient à la belle étoile.
- Pas maintenant, gronda Winter entre ses dents.
- Commençons par reculer et nous faire plus discrets, suggéra Gabriel en faisant reculer Phoebus et son propre cheval.
Marie acquiesça en silence en se détournant elle aussi. Winter finit par faire de même, et je restai avec Philippe et Rose à contempler le camp en contrebas. Machinalement, je commençai à compter les villageois et les hommes qui vadrouillaient entre eux. Ils semblaient armés... Et il y avait deux groupes de tentes distincts, mais que représentaient-ils ? N'y avait-il seulement que les habitants d'Adinfer ? Ou bien d'autres villages également ?
- Combien de villages ? Murmurai-je.
- Deux. Ou trois, peut-être, répondit Rose. Ils sont mélangés pour dormir et travaillent ensemble... Mais les hommes et les femmes sont séparés.
- Et les enfants ? releva Philippe en essayant de déterminer du regard combien de garde il pouvait y avoir.
- Garçons avec les hommes et fillettes avec les femmes, grimaça Rose. Ma mère et ma sœur travaillent ensemble et mon frère est avec mon père.
Winter, Marie et Gabriel nous rejoignirent finalement, et nous nous accroupîmes dans l'herbe pour mieux observer dans être vus. Nous regardâmes pendant de longues minutes le camp en silence, puis Winter finit par grogner.
- Une vingtaine d'homme évoluant au milieu du camp, murmura-t-il. Plus, forcément, car je crois deviner que les tentes là-bas sont réservées aux soldats.
- Ils sont environ quarante, précisa Rose. En tout, je veux dire.
- Pourquoi les villageois ne se rebellent-ils pas ? Demanda Gabriel.
- Les villageois sont certes plus nombreux, mais les soldats ont des armes... nous apprit la fille d'Athos. Mousquets, rapières, fouets, canons. Nous ne faisons pas le poids face à cela. Les outils de constructions sont comptés et retirés chaque soir.
- Tu en sais des choses... fit remarquer Marie.
- Les jours où ne n'attendais pas les secours à Adinfer, je les passais ici, à tout observer, chuchota la jeune métisse.
Je tournai mon regard vers Philippe, qui n'avais rien dit depuis quelques temps.
- Philippe, qu'y a-t-il ? Murmurai-je.
Toutes les attentions se tournèrent vers le prince de France. Les yeux dans le vague, Philippe semblait réfléchir à toute vitesse.
- Si on retire les armes des soldats... finit-il par souffler.
- Les villageois gagneraient alors à tous les coups, acquiesça Rose. Mais, Sir... Comment serait-ce possible ?
- Philippe, gronda Marie.
Le prénommé se tourna lentement vers nous. Son regard océan trouva le mien, et il eut un tout petit sourire.
- Si, par le plus grand des hasards, la poudre se retrouvait sabotée... continua-t-il doucement. Les villageois pourraient se libérer d'eux même...
- Et comment se nommerait ce fameux hasard ? demandai-je.
- Philippe prince de France, répondit notre ami.
- Ah non, ah ça, hors de question ! s'insurgea Marie.
Alors que Marie et Philippe repartaient dans un débat virulent, je me tournai vers Winter. Il ne fallait pas se voiler la face ; même si ça m'agaçait au plus haut point d'admettre cela, il était le plus expérimenté et, il fallait le dire, le plus mature d'entre nous.
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L'héritage de l'Espionne - Livre III
FanfictionLa rumeur enfle. Elle arrive, elle arrive, murmurent les courtisans et les serviteurs. Mais de qui parlent-ils ? De la veuve Tréville, la veuve Tréville, ce nom est sur toutes les lèvres. Céleste de Tréville, la richissime veuve de l'ancien régent e...