Chapitre 11

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Au bout de dix minutes de marche, on arrive à un endroit assez magnifique. De l'endroit où on est rentré, je ne pouvais pas imaginer que l'on devait se trouver en haut d'une colline.

J'essaye de regarder en bas mais je me retiens, trop peur de tomber. Je me retourne vers Kely qui elle, fait sortir des choses de son sac. Notamment une natte, une bouteille d'eau, une pomme et une assiette de salade.

Je la regarde sans dire quoique ce soit. Dès qu'elle termine, elle s'asseoir et m'invite à faire de même, ce que je fis, pas que je le voulais mais, détestant le sport, cette marche m'a épuisé.

- tiens c'est pour toi. Me dit-elle en me tendant la salade que je regarde sans la prendre.

- j'ai pas faim. Dis-je sèchement.

- écoute, je sais que tu n'as rien avalé depuis ce matin. Et en plus ce n'est rien c'est juste une salade. Me dit-elle capturant mon regard de ses yeux sombres, toujours la main tenant l'assiette de salade.

Je détourne mon regard du sien et prends la salade. Elle pousse également la bouteille d'eau vers moi. Je lui dis un petit "merci" avant de commencer à manger.

Je la vois qui prends la pomme, ho non moi j'aime les pommes. Comme si elle avait lu dans mes pensées, je la vois faire sortir une autre pomme de son sac avec un petit sourire en coin. Gêné, je baisse la tête vers ma salade.

On reste dans le silence un moment, je n'est pas relevé la tête mais j'ai senti son regard sur moi pendant que je mangeais ma salade, ce qui m'a d'ailleurs mis mal à l'aise.

Je prends la bouteille d'eau que je bois tout en regardant kely qui, comme je l'avais imaginé, ne m'avait pas quitté des yeux. Cette fois, je soutiens son regard, essayant de lui demander pourquoi elle m'a emmené ici.

Encore une fois, j'ai l'impression qu'elle a su lire en moi parce qu'elle prend la parole pour dire:

- tu vas savoir pourquoi je t'ai emmené ici mais, promets moi juste de pas m'interrompre.

Je lui dis un oui de la tête avant de me concentrer sur elle.

Elle ferme les yeux, laissant échapper un soupir avant de se retourner et de s'allonger sur le dos, les yeux rivés vers le ciel. Moi je reste assise en tailleur en la regardant attentivement.

- ma mère et le père de Pascal se sont mis ensemble quand j'avais 7ans et lui 8.

J'ouvre grand les yeux dû à la surprise mais je ne dis rien comme promis et je l'écoute.

- mais, ni Pascal, ni moi, étions contents de cette situation. Mais depuis petite, j'ai toujours été une enfant réfléchie et je savais pourquoi ma mère était avec le père de Pascal. Je savais que je ne pouvais rien alors, j'ai dû m'adapter. Le papa de Pascal était un homme facile à vivre, souriant, honnête, poli et surtout travailleur. Donc lui et moi on s'est très vite entendu au plus grand plaisir de ma mère. Pascal lui, était toujours énervé, j'avais l'impression qu'il n'était même pas heureux. J'ai essayé de me rapprocher de lui mais, à chaque fois que je m'approchais de lui, il me repoussait toujours. Et parfois même en me poussant ou en me criant dessus.

Je reste choqué par cet aveux n'imaginant pas ça de Pascal. Je ne montre rien et je continue de l'écouter.

- et il faisait ça à chaque fois. Comme je te l'ai dit, père aimait le travail et moi aussi. Par moment je ne faisais pas grand chose, à part l'aider par moment lorsqu'il réparait sa voiture en me disant de lui donner certains trucs à ma portée. Il m'encourageait en m'offrant par moment un cadeau. Le premier, à mes 11ans, était une voiture en jouet qu'il fallait réparer.( Elle prend une pause en soupirant ) quand Pascal l'a su, il est rentré dans ma chambre, papa et maman étaient à la cuisine, moi je jouais avec ma voiture pour la dernière fois vu que Pascal était venu pour la casser. Et par la suite, il m'a mis une gifle assez forte en me disant que je suis de trop. Comme il était plus grand et plus fort que moi, je ne pouvais pas me défendre et en plus, je n'arrivais pas à le dire aux parents. Mais ce jour fut un déclic pour moi. Secrètement, j'avais dit à ma mère que je voulais faire la boxe thaï. À mes treize ans, Pascal s'était encore énervé contre moi parce que les parents m'ont acheté un ordinateur avant lui. Un ordi que j'avais mérité à cause de mon travail dans l'entreprise de nos parents. Lorsqu'il est rentré dans ma chambre pour me frapper, je ne lui ai pas laissé faire et cette fois, c'est moi qui ait gagné. J'étais tellement en colère que j'ai même pas su quand son sang coulait. Bien-sûr, il l'a dit aux parents, en mettant la faute sur moi, qui m'ont puni au plus grand plaisir de Pascal. Depuis ce jour, entre lui et moi c'est toujours tendu, il jalouse tout ce que j'ai alors que moi je dois travailler pour en avoir et lui pas. Même lorsque je voulais draguer des filles, sachant que je n'étais pas sûre de moi à mes débuts, il en profitait pour draguer ces filles qu'il rejetait après m'avoir fait souffrir. Tout ça pour te dire que entre lui et moi, ça a toujours été ainsi.

Elle tourne la tête vers moi et je peux remarquer son regard triste.

- j'ai pas voulu que tu assiste à ce qui s'est passé entre lui et moi Océane, je suis désolée. Je ne veux pas que tu puisses avoir peur de moi.

Encore une fois, mon regard se perd dans le sien et je ne sais pas quoi dire ni penser de tout ça. Elle m'a l'air sincère mais j'ai peur qu'elle ait inventé toute cette histoire pour que je déteste Pascal et lui faire mal par la même occasion.

- je comprends kely. Ce fut la seule chose que j'ai trouvé le courage de dire avant de détourner mon regard du sien.

Elle se redresse en s'asseyant de la même manière que moi mais un peu plus proche, ce qui me stresse légèrement. Je sens mon cœur battre fort et mes joues chauffées lorsque je sens l'un de ses doigts sur mon menton pour me relever délicatement la tête. Mes yeux rencontrent les siens et je fus étonnée de la voir autant rouge que moi, fin je suppose vu que je ne me vois pas.

- je suis sincère Océane. Je ne t'ai pas dit ça pour que tu puisses voir Pascal autrement non. Juste pour que tu ne reste pas dans l'incompréhension face à notre manière d'agir. Je tenais juste à m'excuser par la même occasion. Dit-elle dans une voix douce et agréable qui me détend automatiquement.

- tu n'as rien à te faire pardonner kely, il était le premier à mettre un coup, tu t'es juste défendue. Donc tu n'as pas à t'excuser. Lui dis-je avec un sourire qu'elle s'empressa d'imiter.

Je crois que c'est même moi qui devrais la remercier mais je préfère garder ça pour moi.

- Océane, je peux te poser une question assez indiscrète ? Me demande cette dernière un peu plus sérieusement.

- vas-y.

- quand je suis rentrée dans la chambre de Pascal, tu avais les larmes aux yeux et tu me paraissait tremblante. Dit-elle maintenant un air nerveux avant de prendre mes mains et me regarder intensément dans les yeux comme un agent du FBI qui voulait faire avouer un mafieux. Pascal t'a forcé ce soir là?

Sa question me frappe en plein visage me faisant repenser à cette scène qui me rend le cœur lourd. Face au regard de Kely, je prends peur et je baisse la tête. J'ai pas envie de parler de ça sachant très bien que Pascal devait forcément s'arrêter à tant.

- regardes moi Océane. Dit-elle fermement dans sa voix douce, ce qui me fait m'exécuter. Je ne dis rien et mes larmes commencent à ruisseler sur mes joues sans ma permission.

Je ne quitte toujours pas son regard qui exprime de la tristesse et de la rage en même temps. Elle laisse l'une de mes mains, et essuie mes larmes délicatement. Je ne sais pas pourquoi mais ce geste m'a fait frissonner, a fait battre mon coeur trop vite, et a fait chauffer mes joues.

- tu veux que l'on rentre? Me demande t-elle dans une voix qui cachait sa frustration.

- ça te dérange si on reste encore un peu? Demandais-je en posant ma main libre sur sa main qui était posée sur ma joue, ce qui la fit adoucir son regard et rougir automatiquement.

Elle me sourit et bizarrement, on reste un moment ainsi à se regarder. Qu'est ce qui se passe?

Je décide de rompre ce contact visuel et elle me laisse avant de s'allonger de nouveau sur le dos. Cette fois, je fais de même profitant du silence et en essayant de me calmer. Là, à cet instant, avec Kely, je me sentais bien.

Je sais pas ce qui m'arrive.

Impossible! Une fille ne peut pas aimer une autre fille!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant