Le Sempiternel

.Chapitre XVI. ☆

Les premiers rayons du soleil apparaissent dans le ciel qui s'étire du rouge au bleu marin.

Cal, Will et moi avons conçu toute la nuit un plan d'attaque afin de convaincre le capitaine de retourner sur la crique, récupérer la pierre rouge. Will et Cal sont les seuls au courant pour la carte.
J'ai maintenant compris qui est le capitaine. Il est un monstre. 

Comme beaucoup d'hommes me direz-vous, oui, seulement, chez lui, c'est viscéral.

Tuer et torturer éternellement quiconque ne le dérangerai pas.
Tant que lui, peut avoir une vie amplement prolongée.
C'est une sorte de sociopathe rêvant de toujours plus de vie.
Il est de ceux, je suppose, qui comptent chaque seconde de leur temps sans jamais les vivre.
Certains comptent leur argent, lui, ce sont les secondes.
Il est de ceux qui pensent le conserver pour plus tard alors qu'il le gâche.
Et lorsqu'il s'est rendu compte du peu qu'il lui restait, il a cherché à récupérer ce temps perdu.
Il s'est rendu sur la crique, quitte à perdre tous ses amis et camarades les plus fidèles.
Mais cela ne lui a apporté qu'une situation délicate, celle de devoir sacrifier son équipage ainsi que n'importe qui, qui se mettrait en travers de sa route.
Le tout pour subvenir à ses besoins d'humains, ou du moins ce qu'il reste d'émotif en lui.
La seule chose qui me fait vous avouez que je pense qu'il lui reste quelque chose d'humain, c'est son espoir.
L'espoir fait vivre, et dans son cas d'autant plus. Puisque celui-ci est  persuadé d'être immortel.
Je suis donc d'attaque pour lui expliquer le déroulement de mes deux mois, parsemé, bien entendu de mensonges qui vont le convaincre de retourner sur la crique.
Je souffle un grand coup avant de toquer à sa porte.
La porte se déverrouille à peine quelques secondes après. Le Capitaine se tient devant moi. L'air sévère.

Il me fait signe de prendre place sur la chaise en face de son bureau.

Il s'éclaircit la voix avant de commencer à parler.

- Je vous écoute. Soupire-t-il.

Je souffle intérieurement, puis entreprends le commencement de mon explication.

- Vous vous rappelez m'avoir jetée à l'eau ? Dis-je d'un ton inquisiteur.

- Oui parfaitement. Répond-il.

- Et bien après votre tentative de noyade, un bateau marchand m'a gentiment repêché. Il a fait escale sur une île et on m'y a déposé. Continue-je.

- Quelle île ? Me coupe-t-il.

- Je ne sais pas Capitaine. Il devait s'agir d'une île à proximité de là où nous nous trouvions durant la tempête. Mais étant donné que vous seul détenez ses informations, vous serez le seul ici, en mesure de m'apprendre de quelle île il s'agissait. Tout ce que je peux vous dire, c'est que les gens y parlaient notre langue pour la plupart. Même les autochtones. Affirme-je.

- Très bien, poursuivez. Dit-il.

- Durant ma première nuit sur cette île, je suis donc partie en exploration. J'ai traversé une forêt dans laquelle j'ai rencontré un ermite. Après qu'il m'ait hébergé pour la nuit, celui-ci m'a donné une carte qui m'a indiqué le chemin pour me rendre dans des montagnes nommées « les Montagnes Noires ».

- Des montagnes noires ? Me coupe-t-il une nouvelle fois.

- Oui mon capitaine, des montagnes noires. Repris-je.

- Très bien, très bien. Poursuivez. Répète-t-il à nouveau.

- Une fois arrivée dans ces fameuses « Montagnes Noires », après plus d'un mois de marche, j'y ai découvert des runes. Ces ruines racontaient l'histoire d'une malédiction frappant des pirates sur un certain navire. La malédiction de la pierre rouge. Après avoir déchiffré l'intégralité des récits runique, j'ai entrepris de chercher la solution à cette malédiction. Il s'agit donc de la fameuse pierre rouge. – Je marque une pause et regarde le capitaine droit dans les yeux pour ajouter l'intensité et de la crédibilité à mon récit - Elle se trouve sur une crique, de ce que j'ai compris. Et il y a une sorte de prophétie à accomplir. Je ne me souviens plus exactement de tous les détails. En clair, tout cela permettrait au détenteur de la pierre rouge de gagner la vie éternelle. J'ai donc ensuite entrepris un long trajet sur la mer, afin de tenter de trouver la crique. Et là, je suis tombée sur votre navire Capitaine. Dis-je avec sérieux.