Le Sempiternel

.Chapitre XV. ☆

Ce sont deux membres de l'équipage qui m'ont remonté à bord.
Un attroupement de matelots s'est formé autour de moi. Tous sont complètement abasourdis de me revoir en vie. Ce qui est plus que compréhensible étant donné que j'ai été jeté dans une tempête d'une violence rare.
Alors que tout le monde s'affaire autour de moi, le capitaine et Will s'approchent de ce regroupement.
Lorsqu'ils me voient, ils ont des réactions complètement opposées.
Will parait soulagé et se met à me sourire, tandis que le capitaine me regarde d'un air aussi terrifié que terrifiant.

S'il avait pu, je pense qu'il m'aurait tué sur place.
S'il avait pu, non, il va me tuer.

- Ravi de vous revoir parmi nous Jeanne ! Me dit Will, accompagnant cette parole d'une révérence.

Le courroux du barbu semble s'accroître de plus en plus.

- Dispersez-vous. Maugréât le capitaine à son équipage qui s'exécute sur-le-champ.

Ce géant ne me lâche désormais plus du regard.

- Suivez-moi. Dit-il sèchement.

Il ouvre la porte de sa cabine. De peur de l'énerver encore plus, j'entre aussitôt.

Il claque la porte avant de prendre place sur sa chaise placée derrière son bureau, me signifiant d'un geste vif de m'asseoir en face de lui.

- Comment ? Demande-t-il vivement.

- Comment quoi ? Dis-je.

- Comment est-ce possible que vous nous ayez retrouvé après autant de temps ?

Je ne sais quoi répondre à cette question.

- J'ai eu de la chance, voilà tout mon capitaine. Réponds-je.

Cette réponse n'a pas l'air de le satisfaire.

- Comment est-ce possible que vous ayez pu retrouver notre trace si facilement ? Continue-t-il.

Je ne réponds pas. Je n'ai aucune envie de lui parler de la carte, car si je le fais, il s'en emparera. Cependant, je ne sais pas pourquoi, mais j'ai la sensation que le capitaine sait plus de choses qu'il ne le montre. 

Et j'ai l'impression que ce qu'il sait lui fait peur. 

Je le vois au fond de ses yeux. C'est ça, ce vide qu'il a dans le regard. 

Ce n'est pas du vide, c'est de l'angoisse.

- Dites-moi immédiatement comment vous avez fait ! Tonne-t-il.

- Non, je ne sais pas. Dis-je un éclair de défis dans les yeux.

Suis-je stupide de le provoquer ainsi ? Oui, complètement. Cependant, même après cela, il se maîtrise et ne s'énerve pas plus. Il semble juste dépité.

- Sortez. Dit-il avec un ton aussi froid que la pièce.

Alors que je m'apprête à ouvrir la porte, il ajoute :

- Je vous laisse la nuit pour vous remémorer l'intégralité des deux mois de votre vie qui vous ont reconduit jusqu'ici. Mais je vous préviens que demain à l'aube, si vous ne m'expliquez pas tout en détail, les sentences pourraient être irrévocables.

Je sors donc à vive allure de sa cabine, craignant qu'il ne change d'avis et ne veuille appliquer ces sentences immédiatement.
La nuit commence à tomber, et je me dis que j'ai de la chance de les avoir retrouvés lorsque le soleil était encore dans le ciel. De nuit, ils ne m'auraient pas vue.

Je retrouve alors Will et Cal qui sont en train de discuter.
Et visiblement, leur conversation ne m'est vraiment pas destinée, car dès qu'ils voient que je m'approche d'eux, ils se stoppent instantanément. Tout ce que j'entends involontairement de leur conversation, fut le mot « sacrifice ».