Je tiens dans ma main droite la lourde de masse.
Je fais face à la porte.
Ma curiosité me ronge terriblement.
Cette porte m'appelle.
Elle agit comme un aimant, elle m'attire.
Elle me contrôle comme une impulsion.
Je me sens dans l'obligation de l'ouvrir.
Mon esprit me le supplie.
Je ne pense à rien d'autre que l'ouvrir.Léo commence à avoir de la fièvre, probablement que sa plaie est en train de s'infecter.
Peu importe, la seule chose qui compte pour moi à ce moment, c'est d'ouvrir coûte que coûte cette porte.
Je m'arme de la masse à deux mains. Je prends appui, la lève et l'abats de toutes mes forces contre la porte. Celle-ci ne bouge pas le moins du monde. Je me sens perdre l'esprit face à ce premier échec. Je recommence la même action, reprenant appui un nombre incalculable de fois, avant d'abattre ma masse avec plus de violence encore à chaque coup.
Je ne prête pas attention à Léo qui geint de douleur.
Les muscles de mes bras semblent se consumer à chaque mouvement, cela est probablement dû au poids de la masse, mais également aux mouvements à répétition que j'emploie pour tenter de défoncer le bois.
Tout ce qui se situe autour de moi, en dehors de la porte, a perdu tout intérêt.
Mon attention n'a d'yeux que pour elle.
Je n'entends pas Léo appeler mon nom à répétition.
J'abats encore et encore et encore et encore... Ma masse.
C'est seulement, au bout de plusieurs heures que je tombe d'épuisement.
Malgré tous mes efforts, je n'arrive pas à me relever pour me remettre à la tâche. Mon esprit n'arrive pas à supporter cette envie, de coûte que coûte ouvrir la porte. La douleur qui règne à présent dans tout mon corps est presque insoutenable, mais qu'importe, je dois l'ouvrir.
Je perds connaissance un certain temps.
Quand je me réveille enfin, la première chose que je vois est Léo.
Il est à plat ventre, il crache du sang.
Sa toux s'aggrave à mesure que les secondes passent.
La masse est étendue au sol à côté de moi. Je redirige mon regard vers la porte.C'est une porte banale parmi tant d'autres. Mon intérêt pour elle a disparu avec la force de mes bras.
Je me précipite vers Léo. Son front est brûlant.
Il me regarde droit dans les yeux.- Ça fait au moins quatre heures que je suis en train de crever, pendant que tu t'excites sur cette putain de porte... Crache-t-il entre deux toux.
Je le regarde consternée.
Il dit vrai.
Je le sais.
Pourtant, je n'ai aucune idée de pourquoi cette porte m'a autant obsédé l'espace d'un instant. La douleur de mes bras témoigne d'ailleurs parfaitement de ce qui s'est produit. Cependant, je n'ai pas plus le temps de réfléchir à ce qui s'est passé, Léo est en train de mourir. J'ai pourtant désinfecté sa plaie, mais ça n'a apparemment pas suffi. Il faut que je regarde l'état de sa blessure.
- Léo, tu permets ? Demande-je doucement en désignant son épaule.
Il me regarde longuement, avant de sourire.
- Je suis tout à toi... Répond-il amusé, avant de se remettre à tousser.
Je ne souris même pas à sa remarque. Je suis bien trop préoccupée par son état actuel. J'enlève le tissu que j'ai mis quelques heures plus tôt. Qu'elle n'est pas ma stupéfaction face à l'état de son épaule. Elle a parfaitement cicatrisé.
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Le Sempiternel
AventureMoi, Elisa Owen, vais vous conter mon histoire à bord du Sempiternel. Cette histoire me permettra de faire perdurer sa mémoire et la mienne encore un peu, car disons le nous, la mémoire est la seule chose qui n'est que peu ternie par le temps. Ceci...