.Chapitre XL. ☆

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La nuit a été longue.

Les deux compères n'ont pas cessé de discuter. C'est donc sous le bruit incessant de leurs paroles que je trouve enfin le repos. Le lendemain, à l'aube, je suis déjà levée, prête à rendre visite au vieil homme.

Comme les deux autres dorment encore profondément, je pars sans eux, en direction de la forêt.

De toute manière, ils ne m'auraient été d'aucune utilité, malgré leur sympathie. Ma visite chez le vieux, ne regarde personne d'autre que moi. Je m'avance donc dans les bois, en compagnie du cheval.

Léo m'en voudra certainement que je sois partie sans lui, essentiellement à cause du cheval, mais qu'importe.

La forêt n'a pas changé depuis la dernière fois, elle est toujours aussi dense. C'est donc après plus de deux heures de marche, que le cheval et moi, sommes arrivés devant la hutte en bois de l'ermite. Comme je sais qu'il a l'habitude de m'attendre, je ne toque pas cette fois-ci et j'entre directement. La pièce est obscure malgré la lumière extérieure. Une étrange atmosphère règne dans l'habitation. Le sol terreux crisse sous chacun de mes pas. J'avance avec précautions. L'ermite ne semble pas être ici. J'entends un craquement derrière moi.

C'est la porte d'entrée qui vient de se refermer. Surement un courant d'air.

La pièce ne comporte qu'une petite fenêtre sans rideaux, pourtant à travers celle-ci, aucune lumière extérieure ne la traverse.

- Je suis là ! Dis-je assez fort, pour que ma voix soit entendue dans toutes les pièces de la petite hutte.

J'entends, des petits couinements étranges, venant de la pièce du fond. Cette même pièce que j'avais déjà aperçu les fois précédentes.

La pièce à la porte fermée.

Elle m'avait déjà intriguée auparavant, c'était comme un simple appel à ma curiosité naturelle, sans plus. Mais là, j'ai la sensation qu'elle m'appelle. Je m'approche doucement de celle-ci, détaillant au passage chaque pièce de la hutte, qui elles, n'ont pas de portes. Les couinements ressemblent à ceux d'un animal agonisant.
Je ne prends pas peur pour autant.
Je ne crains plus l'horreur de la mort.
La porte a beau être fermée, elle ne semble pas verrouillée. Je remarque également, qu'il n'y a pas de serrure sur cette porte, elle est donc nécessairement ouverte.

Plus je m'approche de la porte, plus les couinements semblent être bruyants.

La hutte entière est à présent presque plongée dans le noir. Les battements réguliers de mon cœur s'accélèrent au fur et à mesure que ma paume se rapproche de la poignée de la porte. Au même moment, alors que je vais entrer en contact avec le métal froid de la poignée, les couinements se mettent à devenir des hurlements aigus.

Un hurlement soudain me fait sursauter.

Je n'arrive pas à ouvrir cette porte. Je ne sais pas où est l'ermite. Si je veux l'ouvrir, il faut que je m'arme, non seulement de courage, mais aussi d'un sabre ou d'un mousquet.

Je ne sais pas ce qu'il y a derrière et il faut que je me pare à toute éventualité.

J'ai laissé mes armes et mes affaires dans les sacs qui sont attachés à la selle de mon cheval. Je fais donc demi-tour, pour rejoindre l'entrée de la hutte. Cette même entrée, qui s'est fermée quelques instants plus tôt à cause d'un courant d'air.
Lorsque je l'ouvre, ma respiration se coupe tant ma stupéfaction est totale. Un épais brouillard, tellement épais qu'on ne voit même pas à quelques mètres devant, s'étend à l'extérieur.

Et là, devant moi, étendu au sol, les tripes ouvertes, s'étale mon cheval.

Toutes mes affaires, à l'exception d'un sabre, ont disparu.
Je me saisis de celui-ci, tout en tentant de garder mon sang-froid.
La scène est, encore une fois encore, incompréhensible.

Le SempiternelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant