.Chapitre IV. ☆

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Le géant barbu regarde la tête du jeune homme brun qui m'a laissé monter sur le navire. Celui-ci vient de sortir de la calle.

- Capitaine, cette femme s'est livrée sur le navire et a tué James, le revendeur, avec son poignard. Elle nous a fait économiser dix écus en tuant ce bon vieux James. Capitaine, cette fille ne sait pas ce qui l'attend et malgré mes mises en garde, elle persiste. Le problème étant capitaine, qu'elle est recherchée dans ce duché. Nous devrions donc la déposer lors de notre prochaine escale, qu'en pensez-vous ? Explique-t-il.

- Je vois, intéressant, peut-être qu'une mise en garde supplémentaire s'impose. Grogne-t-il en saisissant violemment mon poignet.

Je regarde le brun avec un regard apeuré. Cependant, celui-ci tente de barrer la route au capitaine et réplique avec détermination.

- Capitaine s'il-vous plaît, elle ne sait pas dans quoi elle s'embarque. Tente-t-il d'expliquer sous la panique qui l'envahit.

- Will, occupe-toi de James, et laisse-moi m'entretenir avec la demoiselle. Répondit le capitaine.

Will tourne les talons et part jeter le cadavre de James à l'eau. Le Capitaine, lui, me fait entrer, de force, dans son bureau. Il s'agit d'une petite cabine aux murs sales et sombres, un petit hublot au fond de celle-ci permet à la lueur de la lune de faire entrer dans la pièce crasseuse un rayon de lumière laiteux faisant transparaître une poussière épaisse dans l'air humide et froid. Un petit lit défait se trouve au fond de la pièce, au centre se situe un bureau avec deux chaises placées de part et d'autre de celui-ci, le tout entouré de piles de vieux livres et de bibliothèques désorganisées qui croulent sous les parchemins et les cartes. La moisissure est le maître-mot de ce lieu.

- Aurais-je l'honneur de connaître votre nom Demoiselle ? Demande-t-il avec la même froideur.

- Elisa, je m'appelle Elisa Owen. Dis-je.

- Owen ? Répète-t-il.

Il s'approche de la porte, puis de sa serrure et la verrouille.

- Et auriez-vous un prix jeune Dame ? Continue-t-il.

Il me fixe dans les yeux, scindant mon âme d'un simple regard transperçant. Il a les yeux les plus clairs que je n'ai jamais vu et pourtant le regard le plus sombre et noir existant. Je ne suis pas du genre à me laisser intimider facilement, mais je dois reconnaître que cet homme est terrifiant.

- Un... prix ? Balbutie-je, essayant d'avoir l'air la plus décontractée et sereine possible.

Il ne me lâche pas du regard. Il se rassoit plus confortablement dans sa chaise de bois, faisant volontairement durer l'interminable silence qui règne dans la pièce.

- Tout a un prix. Je vous demande simplement quel est le vôtre. Dit-il en se redressant lentement sur son siège.

Il pose doucement ses coudes sur son bureau, montrant ses mains couvertes, elles aussi, de cicatrices en tout genre. Il porte une bague à chaque doigt. Finalement, les pirates ne sont pas des hommes si différents de ceux comme mon père. Eux aussi cherchent la reconnaissance de leurs semblables par des noms, des titres, des objets rares et une richesse qu'ils étalent sans vergogne à tout bout de champ.

- Je n'ai pas de prix. Dis-je d'un ton que je voulais faire paraître sec et assuré.
Il relève doucement un sourcil.

- Vous croyez-vous inestimable Owen ? Ricane-t-il.

Il se lève de sa chaise pour s'approcher de moi.

- Si c'est vraiment ce que vous pensez, sachez que vous avez tort.

Le SempiternelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant