.Chapitre X. ☆

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Encore et toujours, je marche.

Je fixe le sol devant moi. À mesure que j'avance, l'air de l'île se fait humide et chaud. Je subis l'astre solaire de son éveil à son coucher. Je ne m'arrête pas. Je n'ai pas le temps. Ma curiosité me donne une détermination sans pareil. C'est elle qui me pousse à avancer. Alors, je marche. Cette fois, au moins, je sais à peu près où aller. Je suis la carte du vieux avec le plus de précision que je le peux.
Au bout de deux jours de marche consécutifs, je finis par tomber sur ce qu'il me semble être un petit village un peu perdu au milieu de nulle part. Il paraît désert. Comme si toute son âme lui avait été enlevé récemment. On distingue encore des traces de vies à divers endroits. Un vase brisé gît sur le sol, son contenu étalé. Des traces de pas vont en toute direction. Une petite fontaine, se tient au niveau, de ce que je suppose, être la place du village. Cette fontaine a été coupée récemment, je le remarque au rebord de pierres encore humide malgré le soleil brûlant. C'est comme si du jour au lendemain toutes ces habitations et lieux de vies avaient été abandonné subitement, et que moi, je me retrouve là, seule, au milieu de cette ville fantôme, sans réellement en connaître les tenants et aboutissants. 

Je souffle doucement, ce que je ne m'avoue pas, c'est que ce lieu de vie me glace le sang. Ce vide qu'il dégage semble m'aspirer. M'attirer vers un gouffre sans fond.
Je décide alors de m'arrêter et de faire une pause dans ce village. En inspectant les rues, je tombe sur une jeune femme. Sa présence me bloque. 

Je me stoppe subitement et la fixe au loin. 

Elle n'est qu'à quelques mètres de moi, pourtant, je sens que quelque chose ne va pas avec cette jeune femme. Elle porte un drapé rouge ceinturé autour de sa taille par une corde sertie de perles, coquillages, fleurs et autres trésors. Ses cheveux lisses et noirs sont lâchés et volent au vent. Avec beaucoup de courage, je décide donc de m'approcher doucement d'elle. Lorsqu'elle sent ma présence derrière elle se retourne rapidement et ouvre grand les yeux, comme pour sonder mon esprit avant de sourire légèrement.


- Bonjour, excusez-moi, permettez-moi de vous déranger un instant. Dis-je gentiment.

- Ah bonjour ! Me répondit-elle sur le même ton amical que moi.

Mon étonnement est tel, que son visage semble s'inquiéter instantanément.


- Tu as l'air épuisée ! Suis-moi, je vais t'amener à ma maison, c'est tout proche. M'indique-t-elle en pointant le bout de la ruelle.


Je décide de la suivre prudemment, serrant mon poignard dans mon dos, comme pour me rassurer. L'air porte une odeur étrange, à laquelle je ne fais attention que lorsque j'arrive au niveau de ladite maison. La jeune femme tourne doucement la poignée de sa porte. Avant même d'entrer dans la maisonnette, je me sens obligée de me retourner. Je suis presque certaine que quelqu'un se tenait derrière moi. La pression que je ressens en cet instant est plus qu'intense. Je ne sais pas s'il eut été si judicieux de suivre cette inconnue. Je la suis à l'intérieur, elle me fait signe de m'asseoir, sur une des chaises, de ce que je pense servir de salle à manger. Toute la maison est colorée et transpire en apparence la bonne humeur et la joie d'une vie simple. Pourtant, l'air paraît si étouffant, cet endroit transporte l'angoisse d'éléments qui me sont encore inconnus. La jeune femme s'assoit en face de moi, toujours aussi souriante.


- Comment t'appelles-tu ? Me questionne-t-elle au bout d'un interminable échange de regard.


- Jeanne. Et toi ? Lui demande-je à mon tour.


- Tiana. Répond-elle tout sourire.


- Et, dis-moi, Tiana, tu vis seule ici ?


- C'est une drôle de question ! Rit-elle abusivement. Non. Je ne vis pas seule voyons !

Le SempiternelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant