.Chapitre XLVI. ☆

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Je suis couverte du sang d'une des personnes en qui j'ai eu le plus foi fut un temps.


Il est mort en voulant m'aider, mais une fois encore, je l'ai laissé partir.


Il m'a raconté mon histoire et maintenant, je n'ai même plus la force de pleurer.


Je ne crois plus en rien.


Je n'ai plus foi en l'essence même de l'existence.


Les larmes ne coulent plus de mon regard vide.


Les artifices superficiels de la vie n'ont plus aucune valeur à mes yeux.

Tout m'est égal.


« Si tu fais tout ce que je te dis, je te tuerai » m'a promis, celui qui, avait soufflé ma foi, comme le vent automnal souffle les feuilles mortes des branches d'un arbre.



Je suis assise au bord d'une falaise.

Après avoir pris de l'élan, je me jette dans le vide.
Mon corps se fracasse violemment sur les rochers, à côté de ce qui reste de celui de Will.
Pour mon désespoir le plus profond, mes paupières se rouvrent. 

Cal m'empêchera de mourir tant que je n'aurai pas fait ce qu'il attend de moi. Voilà pourquoi toutes ces fois où j'aurais dû mourir, je suis restée vivante.

Je m'allonge sur les rochers, laissant la pluie me tremper.
Le sang dégorge sur ma robe blanche.



Comment vouloir vivre sans ne jamais pouvoir mourir ?


Imaginez-vous, perdre, absolument tout.
Tout ce en quoi vous avez cru, tout ceux que vous aimez.

Étant donné ce que Will m'a dit, Léo doit être à l'article de la mort, s'il ne l'est pas déjà.

Je crois qu'on peut dire que Léo a été la seule chose qui me maintenait en vie jusqu'à aujourd'hui.



Je viens donc de tout perdre.



Plus rien ne me rattache à quoi que ce soit.



Une fois qu'on est au fond du gouffre, on ne peut pas remonter à la surface.


J'aurais voulu me noyer dans ce gouffre.

Mais on en a apparemment décidé autrement pour moi.
Je n'ai même pas fait attention à Cal qui se tient à ma droite.
Il est debout ; il me fixe.
Il s'assoit à côté de moi.


- Navré, que ce soit tombé sur toi. Souffle-t-il.


Il vient de détruire ma vie, mes croyances, ma foi, mon espoir, ma raison et il me dit ça aussi simplement. Après tout, c'est logique, je n'ai aucune valeur à ses yeux.
Ça aurait pu tomber sur n'importe qui finalement.
Je ne suis nullement en colère contre lui. À quoi bon ?
Cal s'approche encore plus de moi.
Je regarde dans le vide.


- N'oublie pas ce que je t'ai promis si tu m'obéis. Tu peux mourir. Ajoute-t-il.


Mes yeux se tournent vers lui au mot « mourir ». Je hoche mollement la tête. Je suis toujours allongée sur les rochers. Ma robe a retrouvé de sa blancheur grâce à la pluie et aux vagues incessantes. Cal me caresse doucement la joue et part. Je reste allongée ainsi, pendant une bonne heure. 

C'est Cal qui revient me chercher sous l'orage grondant au milieu duquel je suis allongée. Il me fait entrer dans une cellule. Elle est en pierre, fermée par une grille de métal forgé. Il y a une petite couchette de paille et une table sur laquelle repose de quoi manger et boire. 

Je m'allonge sur le sol froid. Avec un peu de chance, je tomberai malade. Je reste allongée sur le sol pendant un certain temps, il fait nuit.


- Tu n'as pas bougé ? Me demande la voix de Cal, qui m'observe derrière les barreaux.

Le SempiternelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant