.Chapitre XLII. ☆

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- La prochaine fois, tu m'emmènes. Dit-il en me serrant plus fort.

Je ne sais pas vraiment quoi répondre à cette affirmation, toujours est-il qu'il ne m'a pas lâché et que, au contraire, il a resserré notre étreinte. C'est seulement au bout de longues minutes qu'il se décide enfin, à me libérer. Il se recule d'à peine un pas et ses yeux bleus s'ancrent dans les miens. Il parait un peu plus soulagé que précédemment. Il se produit la même chose que lorsque nous étions à bord du trois-mâts.
Nos visages se rapprochent.
Je sens son souffle contre mon visage.
Ses yeux détaillent chaque parcelle de mon visage. Je n'ai toujours pas prononcé un mot. Il est à présent tellement proche de moi, que le terme « frôler », ne serait employé seulement, que pour dire, qu'il ne me touche pas tout à fait complètement. Nos lèvres sont à quelques millimètres à peine.

Il soupire et détourne la tête, avant de me prendre à nouveau dans ses bras.

Je ne sais pas vraiment ce qu'il se passe, alors plutôt que de gâcher quoi que ce soit, je le laisse dans l'hésitation.

Malgré les apparences, je suis au fond du gouffre.


Tellement, qu'au fond, je prie presque, pour qu'on m'arrache à la vie. Si j'y entraîne Léo, je m'en voudrai éternellement. Alors, je préfère ne rien faire, ni dire, de peur que lui-même ne finisse dans les confins abyssaux des méandres d'une existence sans saveurs.

Il resserre à nouveau ses bras autour de moi, comme s'il pouvait entendre mes pensées.

Il se rattache émotionnellement à moi. Il ne le faut pas. J'ai déjà compris depuis un bon moment maintenant, ce qui le pousse à me suivre.

Il n'a rien d'autre à faire.

Sa joie de vivre, n'est qu'un subterfuge mensonger dans lequel il s'est lui-même piégé, se faisant ainsi croire à son propre bonheur. Un soi-disant bonheur, qu'il noie dès qu'il le peut dans l'alcool.

La vérité, c'est que sa manière à lui de combler ce vide existentiel, a été de se rattacher à la première qu'il a croisée, moi. Si je n'étais pas apparue dans sa vie, il aurait probablement continué à vider des chopes de bières dans une taverne perdue.

Au fond, nous avons tous, ce vide. Chez certains, il est plus ou moins apparent et il se trouve que chez moi, c'est un espace indéfiniment grand.

Nous le cachons tous comme nous le pouvons.

Les imbéciles vivent heureux, parce qu'ils ne prennent tout simplement pas conscience de ce vide.



Peu importe.

Il desserre pour la énième fois son étreinte, sauf que cette fois-ci, à son plus grand regret, je me détourne.

Je commence, une nouvelle fois, à rassembler mes affaires. Je les mets toutes dans un sac à dos fait de cuir et de tissu, que Lya avait cousu main.
Je me relève ensuite. Léo n'a pas bougé.
Il me regarde toujours aussi intensément. Je relève alors les yeux vers lui.

- Tout va bien ? Demande-t-il inquiet.

Je ne réponds que par un rapide hochement de tête avant de me diriger vers la porte de la chambre. Lorsque je l'ouvre, je suis presque surprise de voir une horde de gardes bleus devant celle-ci.

Je mets un certain temps avant de réaliser la situation.
Je ne décroche pas un seul mot pour autant.
Aucun d'entre eux ne parle non plus d'ailleurs.

Jo se fraye un chemin jusqu'à moi.

Il a un revolver dans la main.

Il le pose sur ma tempe et l'arme tout en me regardant droit dans les yeux.

Le SempiternelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant