Le Sempiternel

.Chapitre XXVIII. ☆

Cal maintien fermement mon poignet. J'ai encore ma lame en main, à seulement quelques mètres de ma gorge. Nous ne sommes que tous les deux sur le pont.

- À quoi tu joues avec ce poignard ? T'allais quand même pas te planter avec ? S'éberlue-t-il.

Je ne sais pas quoi lui répondre. Tout semble normal pendant un instant.

- Je ne sais pas... Cal, c'est étrange, mais depuis que je suis revenue sur ce navire, c'est comme si... à divers moments, tout devenait comme un rêve. Tente-je de lui expliquer.

Il souffle doucement et m'arrache mon poignard des mains.

- Ça va aller. Je ne sais pas ce qu'il t'arrive, cependant, il est probable que le Capitaine y soit pour quelque chose. Qu'as-tu vu exactement, Elisa ? Me demande-t-il.

Je me concentre un instant sur les souvenirs que j'ai de ces rêves étranges.

- Je me souviens qu'à plusieurs reprises le Capitaine tentait de me parler et qu'à chaque fois, il finissait par mourir. Et tu es mort aussi une fois. Et puis, une fois morte, je revenais dans une cellule, je crois qu'il y avait Will avec moi. Et puis là il y a eu aussi toutes les personnes mortes qui m'encerclaient parce que j'étais la cause de leur décès. Et pour me réveiller de chacun de ces rêves, à chaque fois, il fallait que je... Meurs. Explique-je.

Il me regarde longuement dans les yeux. Puis pose mon poignard à terre et me prends dans ses bras.

- Ça va aller, ne t'en fais pas. Tout va bien se passer. Ce n'était que des cauchemars. Tu dois être somnambule, voilà tout. Sourit-il.

Je me détache de lui un instant, le regardant droit dans les yeux.

- Je ne suis pas somnambule Cal.

Un long silence s'en suit.

- Tu pourrais l'être si quelqu'un t'obligeait à le devenir. Affirme-t-il.

Je hausse un sourcil. Qu'essaye-t-il de m'expliquer ?

- Écoute, je pense que c'est le Capitaine qui t'oblige à voir tous ces cauchemars que tu as. Tu comprends ? Il joue avec toi, il te fait payer ton retour sur son navire. Continue-t-il.

- Tu es sûr que c'est ça ? Demande-je.

- Évidemment, que voudrais-tu que ce soit d'autre ? Ironise-t-il.

Je le regarde longuement.

- Qu'est-ce qui me prouve que tu n'es pas en train de me mentir ? Je te signale que dans chacune de mes visions, tu étais loin d'avoir le beau rôle. Rétorque-je.

- Navré d'apprendre que je suis un connard dans tes rêves, mais là, je suis en face de toi et j'essaye de t'aider à comprendre ce qui te provoque ces cauchemars. Alors ai au moins la décente politesse de tenter de comprendre ce que je te dis. Réplique-t-il.

Je n'ose plus rien dire. Il a raison, je ne vois pas pourquoi je ne pourrai pas l'écouter. Alors je me tais simplement.

- Bon. Reprend-il. – Tu vas faire ce que je te dis. Chaque étape est cruciale, tu comprends ?

Je hoche la tête.

- Dans un premier temps, tu vas récupérer ce poignard, le mettre à ta ceinture et éviter de te planter avec. Ensuite, tu vas aller dans le bureau du Capitaine, tu lui balances ses quatre vérités et tu le plantes avec le poignard qui n'a pas servi à te planter. Une fois mort, ce sera bien plus simple de récupérer la pierre à son doigt, tu vas tous nous sauver. Sourit-il.