Chapitre L : Sempiternel ☆

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Cal est en haut de la falaise rocheuse vers laquelle je me dirige avec rapidité.
J'ai enroulé la pierre dans son mouchoir et je la tiens grâce aux pans de ma robe.
En commençant à escalader la façade de pierres, je réalise une chose cruciale.

Lorsqu'on est au fond du gouffre, on ne peut que remonter.


Se laisser mourir n'a pas de sens, si on ne se bat pas pour.


Ma raison de me battre est devenue Léo. Je me battais toujours pour le rejoindre.

Maintenant, je me bats pour le garder. Est-ce de l'égoïsme ?

La roche glacée refroidit chacun de mes membres à mesure que je gravis la montagne.
L'espoir.
Ce mot est d'une vacuité infiniment grande, car nous espérons tous, mais personne n'aspire au même espoir qu'un autre.
Je perds un peu de ma lucidité à chaque mètre que je monte.
L'air est sec et l'altitude me fait tourner la tête.

Je mets un certain temps à atteindre la hauteur où est assis Cal.
Ce n'est pas moi qu'il attend, c'est la pierre.

Elle va lui procurer un pouvoir infiniment grand. Le pouvoir est définitivement la seule à laquelle, quiconque, aspire véritablement.

Comme les autres, il est prêt à tout pour un semblant de pouvoir.
Je m'approche doucement de lui, mes pieds claquent à chacun de mes pas sur le sol froid.
Je ferme les yeux.

L'ombre de Cal se tourne vers moi.
Il s'approche de moi.
Je me tiens face à lui.
Il tend sa main et caresse doucement ma joue avec le dos de celle-ci.
Les larmes coulent le long de ses joues.

- Pourquoi ne m'avez-vous pas dit que Léo était toujours en vie ? Demande-je.

Il se retourne et fait quelques pas vers le bord de la falaise.

- Tu aurais été moins obéissante, je suppose. Répond-il froidement.

Je le vois sécher ses larmes d'un revers de main qu'il pense discret.
J'ai rempli un accord avec lui. La pierre contre ma mort.

Mais mourir est-ce vraiment ce que je veux ?

Peut-être que le vide en moi pourrait être comblé.
Sous le crépuscule de la soirée, le soleil s'éteint peu à peu dans le vaste horizon, la nuit sera calme et la lune retrouvera sa place dans le ciel. Demain, le soleil, à nouveau, dévoilera ses rayons éblouissants, annonçant sans crainte la venue d'un jour nouveau.

Ce cycle infiniment perpétuel se répète en boucle jours après jour, nuits après nuits.

La vie n'est donc qu'un éternel recommencement d'une éphéméritée beaucoup trop vaste.
Nous ne savons pas qui nous sommes, nous ne savons pas où nous sommes et nous ne savons pas non plus pourquoi.
Nous justifions notre pitoyable existence tant bien que mal, par des calculs, par des croyances.
Sont-ils vrais ? Beaucoup vous diront que oui, d'autres vous diront que non.

La vérité, c'est que nous n'en savons rien.

On s'adapte au fil du temps, cherchant désespérément quel but donner à notre direction.
Le monde qui nous entoure est vastement petit.
On ne se soucie pas des personnes, on se soucie des apparences, de la place et de la case que nous avons attribuée à chacun. Personne ne s'intéresse véritablement à personne. Parce que nous sommes tous profondément égoïstes et hypocrites. L'humain est d'une lâcheté sans égale. Nous nous mentons en permanence, parce qu'au fond nous nous sentons seul, alors nous tentons de combler ce vide.
La vie est peut-être horrible, la peur de l'inconnu, nous fait toujours réfléchir à deux fois avant de nous jeter dans les bras de la mort volontairement.

Le SempiternelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant