.Chapitre XXXVIII. ☆

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- Et donc le capitaine, c'était ton père ? Me demande-t-il surpris.


- Oui ! M'exclame-je.


Cela fait plusieurs heures maintenant que Léo et moi marchons vers le Nord. Il est toujours à cheval et moi, je marche à côté, parce que selon lui, il a gagné le pari. Cela fait donc un certain moment maintenant, que je lui raconte ma vie. Et étonnement, je la raconte de manière beaucoup plus détendue et posée que lorsque j'en avais parlé avec elle. Léo arrive à détendre n'importe quelle atmosphère tendue d'une simple blague, dont lui seul a l'irrésistible secret. Il est un mélange de bêtise et de perversion en tout genre. La corruption est son domaine. Il aurait pu manipuler n'importe qui d'un simple claquement de doigts. Tout comme son aîné d'ailleurs. Je sens pourtant un côté réticent lorsqu'il s'agit de parler de lui. Il évite toutes les questions et ramène sans cesse avec habileté les conversations à moi. Cela m'amène donc à cet instant où je suis en train de lui expliquer à quel point je me fiche de Will à l'heure actuelle.


- Mais du coup Will et toi... Y'a jamais rien eu de sérieux ? Me demande-t-il.


Il semble s'impliquer d'autant plus dans notre conversation, car jusque-là, ses réponses se limitaient à « oui, d'accord, je vois et ensuite » ou encore « oh, non quand même pas et ensuite ».


- Qu'entends-tu par « sérieux » exactement ? Le questionne-je.


- J'entends par là, est-ce que lui et toi, vous étiez proche du genre très très très proche, du genre fusionnel ? Reprend-il.


- Je ne sais pas trop. Will a toujours été un bon ami jusqu'à-


- C'est bon, pas besoin d'en ajouter plus ça me suffit. – Il reprend.- Mais donc ça veut dire que de toute ta vie, tu n'as jamais aimé personne et personne ne t'as jamais aimé en retour ? Conclut-il.


Il a raison. Après réflexion, je n'ai eu que deux amis, Jo et Phil, mais l'un est sur une île lointaine et l'autre est mort. Quant à Lya, mon ressenti a été différent avec elle. Mais qu'importe maintenant qu'elle n'est plus là, penser à ça me fait plus de mal qu'autre chose. Personne ne m'a donc jamais aimé en retour.


- Ça va ? Me demande-t-il, me tirant ainsi de ma torpeur.


- Oui... Réponds-je.


- Ça n'a pas vraiment l'air. Si tu veux mon avis, et même si tu le veux pas d'ailleurs, tu dois arrêter de trop réfléchir. Réfléchir, c'est douter de soi. Dit-il fier de lui.


- Mais pas du tout ! Si tu ne réfléchis pas, tu n'arrives à rien ! Rétorque-je.


Il hausse un sourcil.


- C'est vrai que maintenant que tu le dis, t'as l'air de vachement bien avancé en te prenant la tête avec tes réflexions de paumée. Ricane-t-il.


- Je- Commence-je.


- T'as rien à répondre, j'ai toujours raison. Finit-il.


- Mais non, c'est faux ! Tu as tort ! M'exclame-je.


Il arrête le cheval et se penche vers moi.


- Non, je ne peux pas avoir tort, puisque j'ai toujours raison. Souffle-t-il.


- Mais non, tu as tort cette fois-ci ! M'écris-je.


- Non, réfléchir, c'est pour les nuls, c'est parce que tu te prends trop la tête que les gens finissent par se pendre ! Réplique-t-il encore une fois fier de lui.


Il vient de blesser une partie de moi encore meurtrie par ce drame. Je me stoppe et parts dans une autre direction.


- Mais c'est pas possible ça ! C'est quoi ton souci ? Pourquoi dès que je parle de ton amie la morte, tu te barres ? S'écrit-il.

Le SempiternelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant