.Chapitre XXI. ☆

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Je tiens dans mes mains un collier que je n'avais pas vu depuis presque dix ans, ainsi qu'une multitude d'autres colliers emmêlés à lui. 

J'entreprends d'enfoncer la clé dans la serrure.

J'ai vu juste. C'est la bonne clé. J'ouvre donc la petite boîte. 

Sous mes yeux ébahis se trouve, à l'intérieur, une bague en or ornée d'un rubis d'un rouge d'une profondeur sans égal. C'est celle que ma mère porte sur le tableau.

Je la mets sur mon majeur droit.
Je m'attends à quelque chose.

Mais il ne se passe absolument rien.


J'ai, dès à présent, en ma possession, mon ticket d'entrée pour retourner sur le Sempiternel.
Je reprends mon sac et m'empresse de rassembler toutes mes affaires. Par affaire, j'entends du pain et des fruits, de l'encre, une plume, ma carte, un couteau que j'avais volé à mon père ce matin même, et bien entendu la bague. Je décide ensuite de changer de vêtements, empruntant une chemise et un pantalon à Phil.
Je vais partir, mais avant toute chose, je me souviens que j'ai un époux.
Comme je ne sais pas si je vais revenir, il faut que je lui laisse un au revoir.
Même si au fond, je ne sais pas non plus si lui aussi reviendra un jour.

Pour garder bonne conscience, je lui rédige un petit texte lui expliquant vaguement que j'ai besoin de liberté. Pas une fois, je n'écris, ni le mot « pierre rouge », ni le mot « pirate », car je sais pertinemment que mon père lira cette lettre bien avant Phil.

Je sors donc légère à la recherche d'un bateau dont je pourrai m'accaparer le contrôle facilement.

Je passe délicatement par ma fenêtre, j'escalade un balcon situé au-dessus, puis glisse doucement sur le toit du château. Je descends ensuite grâce à la corniche, après avoir escaladé une balustrade. Je suis à présent en bas.
Le bruit de mes bottes sur le pavé de la rue produit un claquement qui m'a presque manqué.
Celui de la liberté.


Je me mets à courir comme une enfant dans les rues vides de tout passage.


Je me sens comme l'héroïne de mes contes, libre et rassurée.


Tout se passera bien.


Les étoiles sont brillantes ce soir, encore plus que d'habitude.
La lune est pleine.
L'air printanier est doux et plus je m'approche du port plus celui-ci est frais.


Je touche au but.
Une fois devant le port, je m'empresse de chercher un bateau en bon état.
Un pas trop gros. Un que je pourrai voler facilement. Je trouve mon bonheur au bout d'un des quais.
C'est un deux-mâts. 

Il ressemble presque en tout point à celui-ci que j'avais volé aux trois hommes. Ceux-là même que j'avais forcé à descendre pour réquisitionner leur navire.

Je détache la corde qui le relie à la terre ferme.
Je lève l'ancre, hisse les voiles et je suis partie.
Partie dans l'espace infiniment grand de l'océan éclairée par la pleine lune.

Une fois loin des côtes, je sors mon encre et ma plume. J'écris sur la carte à côté de  « Destination : », « Capitaine du Sempiternel ».

J'attends que les paysages se dessinent sur la carte comme la fois précédente. Je fouille ensuite le navire que j'ai emprunté, afin d'y trouver les outils nécessaires à ma navigation, un sextant, un compas et une boussole.

Je mesure avec le compas  la distance à laquelle je me trouve de « Capitaine du Sempiternel », je vois qu'il me reste environ quatre-mille miles à parcourir jusqu'à lui. 

Ce deux-mâts va à une vitesse d'environ six nœuds marin . 

J'en aurais donc pour presque un mois de voyage, si ce n'est plus.


Une chose reste à présent certaine, je ne veux plus simplement trouver le navire. Je veux son Capitaine.



Mort ou vif, mais certainement plus mort que vif.

Le SempiternelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant