.Chapitre XXXIII. ☆

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Mes bras sont lourds et douloureux.
Je peine à ouvrir les yeux.
Ma tête est lourde, elle aussi.

J'ai faim.

Je sens autre chose que le bois de ma barque sous mon corps. C'est plus mou, plus humide.
Je ne sais pas vraiment où je suis, mais une chose est sûre, je ne suis plus dans ma barque.
Au bout de dix minutes, je finis par émerger de ce long sommeil. J'ai fait un malaise au milieu de l'océan. 

Je me réveille allongée sur une plage.

Je mets un certain temps à m'asseoir et encore plus à réaliser que je n'ai plus mes bottes ni mes vêtements d'avant. Ma barque aussi est introuvable.
Je suis habillée de ma robe de mariée. À la seule différence, que là, elle semble avoir vécue un nombre indéterminé d'aventures pour être dans un état aussi pitoyable.
Je n'ai plus mon couteau non plus. La seule chose qu'il me reste est la bague ornée de la pierre rouge à mon majeur.

Ça n'a pas de sens, mais après tout, j'ai arrêté d'essayer de comprendre certaines choses.

Mon estomac crie encore famine, c'est pourquoi, même si je n'ai toujours pas compris pourquoi je suis dans cet accoutrement, je décide de partir à la recherche de nourriture.

La plage est immense.

Mais rien, sur celle-ci, n'est comestible.
Cependant, je remarque au loin la lisière d'une forêt. Il y aura sûrement de quoi m'y nourrir.
Je me précipite donc vers celle-ci.
J'entre par un petit sentier reliant la plage à la forêt.
Au bout de quelques minutes de marche sur ce petit chemin, j'arrive devant l'objet de mes rêves : un bananier.
Je me saisis des fruits.
Ces fruits se font rares dans nos contrées nordiques, et leur rareté augmente leur prix.
Mais sur les îles, comme celle-là, il y en a aux quatre coins en libre-service.
Après avoir mangé plus de la moitié d'un régime de bananes, je me remets en route sur le petit sentier.
Durant tout le reste de la journée, je m'aventure de plus en plus profondément dans cette forêt tropicale. La nuit commence à tomber, alors je me décide à allumer un feu de camp pour éloigner les animaux dangereux qui pourraient perturber mon sommeil.
Ce n'est pas que je suis réellement fatiguée, je pense avoir beaucoup dormi pendant mon semi-coma. Je me dis simplement, que peut-être après une bonne nuit de sommeil, je réaliserai mieux les choses. Après un travail acharné pour démarrer ce feu de camp qui ne prend pas à cause du bois trop humide, je m'allonge paisiblement sur le sol.
Contrairement à ce que j'ai cru hier soir, non seulement, je suis fatiguée au point de me lever tard (vers presque quatorze heures vu la position du soleil), mais en plus de ça, je n'ai toujours pas la moindre explication pour justifier la disparition de mes affaires et de la barque.
N'ayant plus rien à perdre, je décide tout de même de continuer à avancer sur la suite du chemin que j'ai débuté la veille.
Au bout d'une heure de marche seulement, le soleil semble déjà se coucher.

Je me dis qu'il doit s'agir de nuages et que la cime des plus grands arbres doivent me les cacher

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Je me dis qu'il doit s'agir de nuages et que la cime des plus grands arbres doivent me les cacher.
Quelques mètres plus loin, se trouve devant moi, une petite rivière.
Elle sépare ma rive d'un petit îlot. Mais rien ne me permet de le rejoindre.
Une idée me vient en tête.
Je me dirige vers un arbre qui se situe en bordure de la rive. Celui-ci est presque uniquement dans l'eau de la rivière, seule une petite partie de ses racines sont maintenues au bord.
Je me mets alors, dos à lui et commence à le pousser de toutes mes forces. Et cela fonctionne mieux que je ne l'aurais cru, puisqu'au bout de vingt minutes, celui-ci s'écroule, créant ainsi un pont vers l'îlot.
Je traverse prudemment sur le tronc d'arbre.
L'obscurité se fait plus dense et un léger brouillard se forme sur la surface de la rivière, à mesure que j'avance sur le rondin de bois.

Lorsque je pose un pied sur l'îlot, le brouillard s'est fait tellement dense que je ne vois même plus la rive depuis laquelle je viens de traverser. J'avance doucement vers l'autre côté du petit îlot. L'épais brouillard recouvre tout.

Je distingue à peine l'eau du sol.

Je réussis cependant à voir quelque chose que je n'aurais certainement pas cru revoir ici.

Ma barque.

Je monte à l'intérieur, et à ma grande surprise, dans le canot se trouve, mes bottes et mon petit couteau.
Ça n'a pas de sens. J'ai à présent retrouvé toutes mes affaires, à l'exception faite de mes vêtements.
Après avoir remis mes bottes de cuir, je reprends les rames et godille sur l'étendue d'eau entièrement recouverte de brouillard. Je suis le courant depuis seulement une dizaine de minutes, lorsque j'aperçois une grotte. Je continue de ramer jusqu'à l'entrée de celle-ci. La grotte est d'une hauteur impressionnante, cependant, elle n'a pas de fond. C'est une sorte de tunnel.

Je continue d'avancer dans le sens du courant. Je n'ai à présent, plus aucune visibilité. Dès mon entrée dans la grotte, le brouillard s'est rependu autour de moi, me cachant maintenant tous les décors environnants.
Je ne laisse pas la peur m'envahir. Je continue à ramer courageusement.
C'est seulement au bout d'un long moment, que j'aperçois la sortie de la grotte. Un rayon lumineux venant de l'extérieur casse le brouillard et son obscurité. Lorsque j'arrive enfin dehors, le soleil est de nouveau dans le ciel.
Je suis confuse.
Je continue de ramer encore et encore, jusqu'à ce que j'aperçoive au loin une nouvelle rive.
Arrivée à hauteur de la terre ferme, j'accoste doucement ma barque et descends.
Ce lieu parait irréel.

Cela me rappelle presque le paysage des Montagnes Noires.
J'avance le long d'un petit sentier pavé de pierres grises. Des petits murets, en pierres grises eux aussi, servent à séparer ce chemin du reste de la végétation. Le tout est recouvert de lierre et de mousse. Plus j'avance plus le paysage semble lumineux et chaleureux.

Et là, devant moi, se déploie un autel recouvert de mousse.


Un crâne humain est posé en plein milieu.


Je m'en approche doucement.

Je l'observe avec attention.

Quelque chose semble être inscrit sur le côté.

Je tends ma main doucement vers le crâne et le tourne de manière à voir ce qui y est inscrit.

J'ai tout juste le temps de lire « Elisa ».

J'ai tout juste le temps de lire « Elisa »

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Soudain le noir total.






J'ai mal à la tête.






Mes bras sont aussi lourds que douloureux et mon ventre crie famine.
Je me relève difficilement.
Je suis toujours sur l'océan dans mon canot.

J'ai fait un malaise dont je viens seulement de me réveiller.

Je porte toujours ma chemise, mon pantalon de toile et mes bottes.
Je suis quelque peu surprise du réalisme du rêve que je viens de faire.
La faim et la chaleur ardente du soleil ont dû provoquer cette perte de connaissance et visiblement, cela a dû se produire hier.

Je mets un certain temps avant de me relever.

J'ai toujours aussi faim et je suis toujours au milieu de l'océan.



Mon regard se perd quelques instants dans l'horizon.




J'aperçois une île au loin.


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