Les hommes courent en tous sens sur le pont. Quand ils réalisent que la cabine du Capitaine est ouverte, ils se précipitent à l'intérieur. Je tente d'en sortir, mais deux matelots me barrent la route. J'ai encore en main, l'arme à feu du Capitaine.
Je tends mon mousquet.
J'abats le premier, puis le deuxième s'écroule à son tour ; avec toujours autant d'indifférence à la situation, j'avance.
Les autres marins n'y prêtent aussi aucune attention, pas même un regard.
Je veux retrouver Will.J'ouvre la cale et descends les escaliers.
Je tombe nez à nez avec Cal qui menace Will avec un poignard.
Je pointe alors mon arme sur Cal.
- Lâche-le. Dis-je.
Il me regarde incrédule. Il est vrai que je semble bien confiante et sûre de moi. D'habitude, je parais incertaine et méfiante, voire même peureuse. De plus, je viens de les interrompre dans une conversation, qui semblait être des plus importantes.
Cal lâche un de ces petits rires agaçants, dont lui seul a le secret.
- Ne crois pas que parce que tu as tué le Capitaine, tout t'est permis, Elisa. Répond-il avec un ton amusé.
Je hausse les sourcils. Mon regard croise celui de Will. Il semble complètement estomaqué.
- Tu n'as pas fait ça ? Me demande-t-il plus que paniqué.
Je le regarde froidementLui faisant clairement comprendre, que si, le capitaine est bel et bien mort.
Il semble se décomposer.Cal lâche Will.
- Et toi, tu l'as laissée faire ça ? Hurle-t-il à Cal.
Cal semble indifférent à ce que lui crie Will.
- Ça va, c'est rien de bien méchant. Souffle Cal.
Will semble devenir fou.
- Rien de bien méchant ? RIEN DE BIEN MÉCHANT ? S'exclame-t-il.
Des bruits étranges se mettent à résonner sur le pont au-dessus de nos têtes. Je ne comprends pas ce qui se produit en cet instant.
Les visages des garçons sont un mélange de dégoût et de panique face à ce que nous entendons.
- Bordel... Ça commence déjà. Soupire Will.
- Je n'imaginais pas ça si rapide. Répond Cal.
Je les regarde échanger sans comprendre.
Des cris.
Ce sont les cris des hommes sur le pont.
Une odeur de sang se fait soudainement sentir.
Je veux aller voir.
Je commence donc à remonter les escaliers qui mènent jusqu'au pont.
Cal m'en empêche en me tirant vers lui puis ferme la grille qui sert de porte à la cale.
- Aïe... Souffle-t-il. On est sacrément mal barrés.
Je les regarde avec des gros yeux. Un homme passe au-dessus de nous en courant, s'arrête et s'affale lourdement sur la grille de la calle. Celui-ci se met à cracher du sang par la bouche en convulsant.
Il se met à gémir et à hurler de douleur.
Et dans un torrent de douleur, il explose littéralement de l'intérieur.
Il répand ses entrailles partout.
Le sang se déverse goutte à goutte, passant par la grille de la cale pour s'étaler à côté de nous.
Je réprime un cri d'effroi.
Mon regard est rivé sur la mare de chair et de sang qui s'écoule devant mes yeux.
Il ne reste rien de l'homme, seulement des morceaux.
Ce n'est pas le seul.
Tour à tour, chacun des membres de l'équipage explose.
Je suis à nouveau terrifiée et perdue.
Au bout de cinq minutes atroces, j'ai l'impression que je vais moi aussi exploser, mais d'effroi.
Cal s'avance doucement, il monte les marches avec une lenteur sans précédent et ouvre la cale en faisant tomber les restes de l'homme sur le pont dans un macabre bruit sourd.
Le capitaine se tient debout sur le pont.
Plein de vie.
Façon de parler, j'imagine.
Les entrailles d'une bonne dizaine de matelots sont étalées sur le sol.
Les corps ne sont même plus identifiables.
Je suis prise de nausées tant ce spectacle est immonde.
Le capitaine commence à s'avancer vers moi.
- Elisa ! Tonne-t-il.
Visiblement, ce petit instant, passé avec le parquet de sa cabine ne lui a pas plu.
Il sort la balle du mousquet, qui était logée dans son front, avec seulement deux doigts.
Il n'a même pas de blessures à la gorge.
Plus rien n'est logique en cet instant.
Mais j'ai abandonné ma quête de la cohérence depuis bien longtemps maintenant.
Il n'en résulte pas moins que je ne sais pas quoi faire.
- Regarde ce que tu as fait à mes hommes ! Continue-t-il de hurler à mon intention.
Cela signifie qu'il se sert de ses marins comme de boucliers éventuels.
Quel immonde personnage.
Cela explique pourquoi ils étaient tous si paniqués à l'idée que ce déchet soit mort.
Si le capitaine meurt, il se sert de son équipage pour « ressusciter » au prix de la vie de ceux-ci.Si je ne peux pas le tuer sans risquer la vie de Will et Cal, comment faire ?
Il faut pourtant qu'on nous nous débarrassions de lui.C'est à cet instant que Will passe devant moi.
Il est debout, faisant face, son sabre à la main.
Cal s'avance également à côté de moi. Il pose sa main sur mon épaule.
- Ravi de t'avoir connue. Me dit-il à voix basse, puis il s'avance vers le Capitaine.
Cal se rapproche de plus en plus de celui-ci.
Lui aussi est prêt à survivre face à ce monstre.
Je ramasse un sabre ensanglanté sur le sol.Je souffle un coup, recule d'un pas, m'arme, prends appui et m'élance, prête à détruire pour la deuxième fois ce monstre.
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Le Sempiternel
AvventuraMoi, Elisa Owen, vais vous conter mon histoire à bord du Sempiternel. Cette histoire me permettra de faire perdurer sa mémoire et la mienne encore un peu, car disons le nous, la mémoire est la seule chose qui n'est que peu ternie par le temps. Ceci...