Hors série : Bonus - Emprisonnée dans ses silences

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Lorsqu'Isaac rentre, un soir d'avril, il trouve le logement rangé et son repas prêt sur la table, comme d'habitude. La salle de bain a été chauffée, ses médicaments sont déposés sur la plaquette surplombant l'évier mais il n'y a pas d'eau dans la baignoire, aucune musique douce ne raisonne dans les lieux , pourtant d'habitude Abbie aime travailler cette ambiance chaleureuse et délicate pour qu'Isaac puisse se détendre et changer d'univers dès qu'il passe la porte de la maison.

La jeune femme, d'ailleurs, n'émet pas le moindre bruit. Elle n'accueille pas Isaac comme à l'accoutumée, que ce soit en douceur, ou avec une petite réplique visant à le titiller, ni même en lui sautant dessus. Elle semble totalement invisible.

Isaac finira par la trouver, le regard vide, assise au sol, le dos plaqué contre le rebord du lit, les mains crispées sur ses genoux. À ses pieds, le journal qu'elle reçoit tous les jours par le courrier a chuté. Abbie est incapable du moindre mot, sur ses joues quelques traces témoignent qu'elle a dû pleurer des heures plus tôt, à présent elle a juste l'air ailleurs. Elle n'émet pas le moindre son, en état de choc, elle ne donne pas l'impression de savoir où elle se trouve ni même de se rendre compte qu'il est là.

Après avoir lu l'article, Isaac lui parle, doucement, avant de glisser les doigts sur son visage et de la prendre dans ses bras comme si elle était un objet fragile qu'il risquerait de briser au moindre mouvement brusque. Abigail s'agrippe à lui de toute ses forces, et sans un mot, le Président des Enfants de la Faucheuse de San Antonio lui parle à l'oreille et l'amène jusqu'à sa moto.

Ils s'enfoncent dans la nuit, Abigail, silencieuse, reste accrochée à lui jusqu'à leur arrivée. Là, dans un endroit paisible, Isaac s'installe, adossé à un arbre, avec un carnet et un crayon. Et pendant qu'il dessine, c'est une Abbie qui s'apaise petit à petit, installée tout contre lui, qui finit par s'assoupir.

Il veillera sur elle toute la nuit, la couvant du regard et veillant à ce qu'elle ne prenne pas froid. Isolés du reste du monde, loin des regards, il l'oblige à prendre le temps nécessaire pour elle, le temps pour les larmes, celles qu'elle ne montre qu'à lui.

Lorsqu'ils rentreront, ils ne parleront à personne de ce qui s'est passé, ni de l'endroit où ils étaient.

Lorsqu'ils rentreront, ils ne parleront à personne de ce qui s'est passé, ni de l'endroit où ils étaient

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