Instantanés : 11 - Loi du silence

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Le cliché fait partie d'un dossier d'identification judiciaire. C'est reconnaissable car il y a un numéro propre à la police de San Francisco au dos ainsi que le nom de la personne incriminée : Ashton Abigail, destruction de biens, agression sans arme ayant entraîné une incapacité de travail de plus de huit jours.


Merde, encore un truc que Pitt a fait sortir des tiroirs des flics !

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Merde, encore un truc que Pitt a fait sortir des tiroirs des flics !

Ce type a ses entrées partout.

Je me souviens de cette nuit-là. Pitt m'avait appelée en renfort en centre-ville. Y'avait pas de baston, enfin...pas tout à fait. Disons que quand je suis arrivée j'ai entendu une nana hurler des trucs qui ont réussi à me faire rougir, et pourtant il en faut beaucoup.

J'entendais pas Pitt et je déduisais que c'était pas un de ses plans cul qui avait mal tourné, mais alors quoi ?

En approchant, j'ai vu la vitrine d'un marchand de sucreries totalement explosée et toi t'étais planté avec la gonzesse au milieu de tout ce merdier. Elle te hurlait dessus et tu la fixais sans remuer un orteil. T'avais ton petit air là, l'air que tu prends quand t'es en mode borné !

En vrai, la scène avait l'air plutôt marrante, parce que Pitt vous fixait sans savoir comment se dépêtrer de toute cette merde avant que ça dégénère et qu'un voisin appelle les flics. Son regard passait de vous deux , à moi, et il levait les bras au ciel avec un air désespéré toutes les trois secondes.

J'ai fini par m'avancer vers vous en passant à travers la vitrine éclatée, j'ai demandé ce qui se passait, et là, miracle, tu as daigné remuer pour me fixer.

-Te mêles pas de ça, Gamine.

-Bordel m'appelles pas gamine de un, et de deux je me suis pas déplacée pour rien Isaac alors qu'est ce qui se passe ?

-C'est pour elle que tu veux plus me voir ? Tu la baises bien ta petite pute ?

-Woooow ! Tu parles de moi là ?

Je me suis avancée jusqu'à la nana, je l'aurais empoignée si ton bras m'avait pas stoppée net dans ma lancée. J'ai pris ton avant-bras droit dans le bide, et j'ai pigé le message, elle pas.

-Alors c'est pour elle que tu me regardes plus ? Putain elle a même pas de nibards ! J'espère qu'elle suce aussi bien que ta mère, pauvre con !

J'allais lui rentrer dedans, vraiment...mais j'en ai pas eu le temps. Tu as foncé sur elle comme un putain de char d'assaut. Je l'ai vue tournoyer sur place et sa tête est venue heurter le comptoir. J'avais jamais vu cette pétasse au MC, et vu la crise qu'elle venait de taper, je doutais de l'y voir un jour. Je pensais que c'était fini quand cette conne s'est mise à hurler.

-Au secours ! Appelez les flics, on essaie de me tuer !

J'ai vu la tête de Pitt se décomposer, toi, tu serrais les poings, et traite moi de menteuse si tu veux mais j'ai bien cru que t'allais la tuer à main nues.

Pitt m'a balancé :

-Abbie, il peut pas retourner en taule, faut qu'elle ferme sa gueule.

Alors j'ai porté mes couilles, avant que tu lui en recolles une je me suis interposée. Trop vite, ou pas assez, j'ai pris ta main en pleine gueule et j'ai failli être sonnée mais on n'avait pas le temps. Autour, les lumières commençaient à s'allumer, bientôt un connard allait faire rappliquer les gyros ! Je t'ai poussé vers Pitt.

-Foutez-moi le camp, je gère !

L'autre connasse continuait à gueuler alors je l'ai chopée par les cheveux pour la regarder bien droit dans les yeux.

-Écoutes-moi bien salope, y'avait que toi et moi ici et si j'apprends que tu as dit le contraire je te retrouve et je te saigne comme une truie. T'as bien pigé ce que je te dis ?

Elle m'a craché à la gueule, j'ai pris ça pour un non.

Une fois certaine que vous étiez plus dans le coin, j'ai claqué sa sale petite tronche sur le comptoir et dans ce qui restait de la vitrine. Quand elle a arrêté de hurler pour se mettre à pleurer je lui ai demandé.

-Y'avait qui ici , ce soir ?

-Juste toi...juste toi !

-Bien, fais dodo maintenant !

Je l'ai balancée de toutes mes forces contre le mur alors que la première bagnole de flics rappliquait. J'ai levé les mains bien en évidence dès qu'ils sont descendus de voiture. Bon j'avais du sang partout, si je voulais pas paraître menaçante c'était foiré.

L'autre était plus en état de gueuler, ils lui ont appelé une ambulance et j'ai fini au poste.

Forcément, avec mon cuir sur le dos et mes mains pleines de sang, j'avais pas trop l'air d'une victime mais la mandale que tu m'avais mise m'a servi. J'avais une belle ecchymose. Le flic qui s'occupait de l'interrogatoire m'a tout de suite demandé si c'était l'autre folle qui m'avait fait ça.

J'ai sauté sur l'occasion.

-Ouais, et c'est même elle qui a commencé.

-Bah voyons...vous avez vu dans quel état vous avez mis cette pauvre fille ?

-Oui...j'admets je me suis peut-être un peu emballée, mais je vous jure qu'elle a commencé.

Je lui ai servi un beau tissu de bobards. J'avais croisé cette nana dans la rue, elle m'avait sauté dessus et avait cogné la première. On s'est battues et on est passé à travers la vitrine.

Quand ils m'ont demandé pourquoi on s'était battues, j'ai évoqué le plus vieux prétexte du monde. Un mec ! On s'était mises dans cet état pour un bel apollon dont je refusais de donner le nom parce que je voulais pas que mon « homme » sache que je m'étais battue pour lui...Vous comprenez Monsieur l'agent, s'il apprend que j'ai frappé son ex il pourrait se dire que notre couple c'est du tout cuit et moi je veux qu'on garde la passion...et blablabla...

J'ai passé la nuit au poste, le lendemain Pitt est venu payer ma caution pour me faire sortir de là. On m'a dit qu'on me convoquerai si jamais ma victime portait plainte.

Elle l'a pas fait, avec Pitt on y a veillé. Elle a reçu un joli paquet devant sa porte, huit cent dollars dans une enveloppe avec une brochure des pompes funèbres proposant un service tout compris pour des funérailles à ce prix-là, et l'image de trois petits singes qui n'ont rien vu, rien entendu et rien dit.

Vu qu'on n'a plus jamais entendu parler d'elle, je crois qu'elle a fait le bon choix.

Les Enfants de la FaucheuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant