Bonus : Ad Vitam

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Ceci est une lettre qu'Abbie a adressé à Matthew, et qui est déposée à l'endroit où repose le corps sans vie de Joshua.


Matthew,

Puisque tu m'as écrit par-delà la mort, je me suis dit que de mon côté, je pouvais t'écrire, par-delà la vie !

Toutes ces années où tu as voulu me posséder, toute cette énergie que tu as utilisée à me détruire, j'espère que de là où tu es tu regardes bien. Parce que tu vois, Matthew, tu as échoué.

Je ne t'ai pas cru, jamais !

Ma confiance est restée la même envers chacun de mes frères et peu importe que tu aies essayé de les salir à mes yeux.

Et celui que tu haïssais le plus, celui que tu aurais voulu que je détruise en ruinant le club de l'intérieur...

Isaac !

Il était ton bras droit à San Francisco, celui qui exécutait tes sales besognes, mais toujours, il a su ce que tu étais !

Il a vu la pourriture que tu cachais derrière tes sourires d'apparences. Il a vu derrière ton masque.

Celui que tu voulais que je déteste, cet homme que tu as poussé à tuer mon père, parce que oui, même ça je le sais Matthew.

Tu as tout raté !

Isaac, tu aurais sans doute aimé que je le poignarde, que je réduise ses efforts à néant pour qu'il s'effondre, tu aurais jubilé si tu étais parvenu à tes fins.

Mais toi tu es mort Matthew, et tu ne m'auras jamais, ni dans ce monde ni dans un autre.

Isaac lui, est bien vivant, et je l'aime, depuis des années.

Nous avons appris à nous apprivoiser l'un et l'autre, nous avons mené des guerres, nous avons pleuré les mêmes morts, nous avons fait couler le sang côte à côte et nous avons versé le nôtre pour la Faucheuse.

Il est devenu mon pilier et j'espère pouvoir être le sien chaque fois qu'il en a besoin.

Mais plus que cela Matthew, nous avons ri ensemble, vécu, aimé, vibré et j'ose espérer que cela durera encore longtemps.

Certes, la vie nous oblige parfois à des choix qui ne sont pas les meilleurs, elle nous envoie aussi des épreuves où l'on pense tout perdre.

Quand j'ai perdu son enfant, après ce coup de couteau, j'ai cru le perdre lui, et là, sans doute, j'aurai fait partie de ces raclures qui n'ont plus aucune estime d'eux-mêmes et sont prêts à tout, comme toi.

Je serai peut-être devenue aussi mauvaise que toi...

Je ne le saurai jamais, parce que nous avons eu la force de rester unis.

Il m'a offert tout ce que tu n'aurais jamais pu me donner. Une écoute, une épaule solide, la protection et la confiance qui m'ont aidée à grandir, mais aussi la remise en question parfois nécessaire à mon caractère. Il est tout ce que tu n'aurais jamais pu être. Ne crois pas que je l'idéalise, mais je sais que je peux compter sur lui, quoi qu'il arrive, ça n'a jamais été ton cas.

Et comme tu m'as écrit d'un côté de la tombe, je t'écris moi, de l'autre, pour achever de t'exorciser de ma vie Matthew.

L'heure est venue, l'annonce que j'ai à faire à Isaac pourrait bien tout changer, mais c'est la vie qui gagne, chaque fois, et cette fois plus que jamais.

Reste donc avec les cadavres que tu as semé tout autour de toi, de mon côté, je vais chérir le cadeau que la vie vient de me faire, et je compte bien en faire profiter celui qui illumine mes journées et me fait hurler son prénom des nuits entières depuis à présent cinq ans.

Ne repose pas en paix, tu ne la mérites pas.

Son Abbie

Les Enfants de la FaucheuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant