Abigail Ashton est née dans une famille unie et aisée, mais son caractère buté, son amour de la liberté la poussent à toujours repousser les limites. Elle croise la route des Enfants de la Faucheuse, un groupe de bikers anticonformistes. Dangereux...
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Wow ! Alors celle-là je ne m'en souvenais absolument pas !
Je devais avoir quoi...14 ans sur cette photo et vu la gueule de l'uniforme...
Je dirai que j'étais au collège Sainte Sophie, un truc bourgeois à mort.
C'était rempli de filles à papa, on était séparés des garçons et on devait porter un uniforme horrible. Du coup je l'avais retravaillé à ma façon. J'étais plutôt fière du résultat.
Si je me souviens bien, c'était mon troisième collège en quoi...quatre ou cinq mois. Mes vieux avaient allongé un paquet d'oseille pour qu'on me garde dans celui-là. Au final avec le directeur on est parvenus à un accord. Je venais quand je voulais et il me cassait pas les couilles. C'était ça ou je taguais et griffais sa nouvelle bagnole chaque fois qu'il appelait mes parents pour se plaindre.
J'ai dû chercher pour me souvenir qui a bien pu prendre cette photo et j'ai fini par trouver, mais rappelle-toi que j'avais 14 ans avant de lire la suite et de te foutre de moi, parce que ce qui suit n'est pas glorieux...
En réalité je sais même pas si je suis censée te raconter ça parce que ça va enchainer sur un sujet peut-être épineux et qui s'est passé bien plus tard. Est-ce que les régulières se livrent de cette façon ? J'en ai aucune idée. Oh et puis merde, je t'ai dit que tout était à toi, si je te cachais des choses ça voudrait dire que j'ai menti...alors bah...tu sais quoi, tu es libre de t'arrêter de lire ici.
Je sais que tu es possessif Isaac, je l'ai bien vu, alors tu as le choix entre savoir qui a pu traverser ma vie avant toi, en prenant bien en compte que c'est du passé, ou ignorer simplement cette partie et te contenter de te foutre de mon uniforme de collégienne.
C'était un mec qui a pris le cliché, le fils de mon prof de philo. Un petit gars de mon âge, pas vraiment rebelle, pas vraiment mignon, mais super sympa et qui posait pas de questions. Avec lui je parlais de trucs que je pouvais pas dire à Zack, tu vois les trucs qu'on dit pas à son meilleur pote parce que ça pourrait foutre en l'air une amitié. On parlait de nos hormones qui s'éveillaient, pour dire ça gentiment.
Je voulais savoir ce que ça faisait d'être une femme, et lui , il voulait pas passer pour un con en restant puceau alors que la majorité de ses potes se vantaient de leurs exploits. Le jour où il a pris la photo, on avait décidé de tenter notre chance. Je l'ai amené à la maison, dans le pieu de mes vieux et ...Ça a été la plus grande catastrophe de toute ma vie. Déjà on s'est retrouvés à se désaper chacun de notre côté avant de nous regarder comme deux abrutis sans savoir quoi faire, ensuite bah, comme tous les mômes, on s'est cherchés un peu et on est passés à l'acte. Je passerai sur le fait qu'il est parti très très vite, c'était sa première fois à lui également, mais de mon côté je me suis fait chier royalement !
Et voilà pourquoi j'en viens à la suite, autant tout balancer en une fois non ?
Bref après cette expérience désastreuse, j'ai voulu tester avec d'autres mecs, un peu plus vieux. Un ami de mon frère aîné qui avait 18 ans a tenté sa chance, il était plus endurant mais je me suis emmerdé royalement. Ensuite j'ai tenté un gars d'une vingtaine d'années, un prof de math, et plusieurs coups d'un soir sans jamais ressentir ce dont toutes les nanas parlaient. Je te jure que j'ai fini par me croire frigide ou de l'autre bord...mais pour avoir essayé avec deux filles, je peux te dire que le souci venait pas de là.
Et puis un jour je...Merde !
Promets- moi de pas t'énerver, ou alors arrête de lire tout de suite.
Un jour, un collègue de mon père est resté tard après une soirée bien arrosée à la maison. Il devait dormir dans la chambre d'ami. Je sais pas ce qu'il a foutu mais il a fini dans ma chambre alors que je dormais. J'avais 15 ans, pas plus et lui...une bonne quarantaine je pense. Quand j'ai senti un poids à côté de moi dans le lit, je me suis réveillée d'un coup et j'ai voulu hurler.
Il a plaqué sa main sur ma bouche. Il sentait la sueur et l'alcool, j'ai essayé de mordre et de griffer mais il était trop fort pour moi.
Je...je ne...je n'ai rien pu faire. J'en ai parlé à personne.
Il m'a...je suis désolée, je suis incapable de l'écrire.
Je te demande pardon, j'ai pas voulu t'en parler, je ...
Je sais ce qui se passe quand on avoue à un mec ce genre de chose, le regard change, on devient un truc sale, souillé, moins qu'une pute à biker...En réalité j'ai tenté d'en parler à un type que j'ai fréquenté une petite année quand j'étais prospect, j'ai vu dans ses yeux que j'étais devenue une sous merde, alors j'ai pas retenté l'expérience, il s'appelait Vince, il était prospect lui aussi, et...j'ai eu peur qu'il balance alors j'ai fait ce que je devais faire pour me protéger.
Je crève de trouille qu'un jour ce soit ton regard qui se teinte de mépris en me croisant.
La mort avant le déshonneur hein...c'est notre devise. J'ai pas eu les tripes d'appliquer ça à ma propre personne.
Je sais pas si c'est à cause de ce mec ou de ceux qui ont suivi que je suis devenue comme je suis, j'aime les sensations fortes, je me fais chier sinon. J'ai l'impression d'exister quand ma peau est en fusion, mais jamais je me suis sentie aussi vivante qu'avec toi. Parce que tu m'as acceptée comme je suis, sans me juger et moi en contrepartie je t'ai caché ce...cette souillure-là.
J'ai envie de déchirer ces mots, de brûler la photo, de prendre ma bécane et de m'enfuir loin. Je devrai appliquer nos principes et aller rejoindre la Faucheuse une fois pour toute, le déshonneur je l'ai déjà pris pleine face.
Mais j'aime la vie putain, et j'aime ce que tu me fais vivre, ce qu'on partage. J'ai jamais autant souri, j'aurai jamais cru pouvoir me dire avec autant de fierté que je suis une régulière, la tienne...
Je peux pas effacer le passé, ni ce que je suis, mais, un mot de toi et je disparais, tu n'auras pas à endosser la honte de mes propres erreurs.
