Abigail Ashton est née dans une famille unie et aisée, mais son caractère buté, son amour de la liberté la poussent à toujours repousser les limites. Elle croise la route des Enfants de la Faucheuse, un groupe de bikers anticonformistes. Dangereux...
Le cliché suivant a été visiblement pris au bar du club de San Francisco, pour qui le connaît bien on reconnait son décor en arrière-plan. Sur ce cliché Abbie semble avoir entre 21 et 22 ans.
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Bordel Pitt et sa manie des photos !
Tu te souviens quand Dick est arrivé au club ? Il était aussi accro à sa bouteille que maintenant. Mais c'était déjà un mec cool. J'aimais bien faire des concours de descente de bière avec lui, même si je gagnais jamais.
Ce soir-là on avait organisé une soirée au club, c'était l'anniversaire de je ne sais plus qui. L'endroit était bourré de monde, les bouteilles de bière étaient envoyées d'un bout de la pièce à l'autre en passant par-dessus les têtes. Sincèrement, c'était l'éclate !
Ellie et Max étaient déjà en cavale je crois, June avait disparu de la circulation et Pitt avait décidé de bougonner derrière son bar. J'étais avec Dick, Papy, et peut-être bien Brakus...ouais y'avait Brakus mais il était pas resté longtemps. Comme d'habitude il avait fini par se dénicher une minette à aller faire ronronner plus loin.
Papy nous racontait pour la trois centième fois l'histoire de sa première bécane et avec Dick on avait fini par ne plus compter les bières qu'on avait descendues parce qu'il n'y avait plus assez de place sur la table.
Ellie me manquait beaucoup, en général, la majorité des conneries que je décidais de faire c'était avec elle ou Max, voire les deux. Je ralentissais un peu le débit de ma bière pour essayer de tenir le choc face à Dick mais j'avais envie de m'amuser. De refouler toute la merde qu'on vivait chaque jour derrière moi et de passer une soirée d'éclate totale.
Seulement pour moi, l'alcool, ça a jamais été l'éclate. J'ai laissé Papy et Dick parler bécane, le vieux sortait son paquet de « marie jeanne » d'avant-guerre, ça me tentait pas. Je suis sortie dans la cour à la recherche d'un truc plus fort.
Y'avait pas vraiment de dealers au MC mais chacun avait sa petite réserve perso, et celle que je partageais avec Pitt était en général bien fournie. Mais ce soir-là, à l'appartement, il n'y avait même pas de quoi faire un rail de coke décent ! J'étais assez déçue, suffisamment pour aller taxer une des midinettes qui tournaient toujours autour du club à la recherche d'un biker qui voudrait en faire leurs régulières.
Y'en avait une qui s'appelait Lily Rose, ou elle se faisait appeler comme ça, je sais plus. Elle était plutôt sympa, quand on n'était que toutes les deux. Elle était même carrément moins chiante que la moitié des filles du club. Elle avait plusieurs pilules avec elle mais elle était tellement défoncée qu'elle ne savait plus quel cachet correspondait à quoi. J'en ai choisi un au pif et je l'ai avalé dans un grand éclat de rire ! Je faisais ça souvent...j'aurais sans doute continué si cette nuit n'avait pas fini de cette façon.
Ce cachet m'a littéralement explosé chaque neurone. Je voyais les sons, vraiment, chaque son provoquait une tache de couleur mouvante devant moi, j'aurais presque pu les toucher. Je suis retournée à l'intérieur et j'ai commencé à me déhancher. La musique et les couleurs me donnaient chaud. Si d'habitude j'étais assez réservée sur une piste de danse, même bourrée, là j'avais envie de danser toute la nuit.
Dick était ravi que pour une fois je participe à la fête de cette façon. Et tant qu'on se déhanchait près de Papy qui nous racontait comment on dansait dans les bals de son jeune âge, tout se passait bien. Mais la soirée avançait, les gens se déplaçaient, et j'étais de plus en plus stone.
J'ai croisé un type sans cuir, j'ai enroulé mes bras autour de lui et je l'ai embrassé à pleine bouche avant de le repousser en éclatant de rire. Vraiment, je m'amusais comme une folle. J'ai provoqué plusieurs personnes, hommes et femmes, de cette façon.
Mon dieu, quand j'y repense, heureusement que Matthew n'était pas là.
Petit à petit il y a eu moins de monde autour de moi, est-ce qu'ils m'évitaient ? Ou alors ils évitaient mes mouvements totalement désordonnés. Les choses sont encore assez floues. Je sais que je crevais d'envie de ne plus me sentir seule. La drogue rendait tout si ...puissant, je ressentais cette solitude comme si j'avais un trou en travers de mon corps.
Je me souviens que je me balançais d'avant en arrière sur la musique, je laissais mes mains se promener et toucher tout ce que je pouvais, que ce soit moi, les meubles, les personnes, chaque contact me faisait me ressentir à quel point j'avais encore plus besoin de contact, c'était un cercle vicieux.
J'avais envie de contact et d'un coup j'ai commencé à prendre peur...je faisais un bad trip. Vraiment, vraiment bad. Les visages autour de moi m'effrayaient, les sons étaient trop forts. Je ne reconnaissais plus personne. Et toi...toujours toi...t'étais là.
J'ai reconnu ta voix, tu m'as chopée et tu m'as ramenée chez Pitt.
Je voulais voir personne, j'avais peur de tout le monde.
Je crois que je me suis accrochée à toi.
D'habitude tu étais pas le type le plus patient du monde, mais droguée ou pas, je me souviens bien de tes mains qui dégageaient les cheveux de mon front, de ta voix posée qui me ramenait doucement à la réalité...
Et du grand verre d'eau que tu m'as balancé à la tronche quand j'ai commencé à aller mieux.
Sans toi j'aurais clairement merdé cette nuit-là, la dope avait pris le contrôle. Mais t'as fait semblant de rien, tu m'as balancé un :
-Arrêtes de faire la conne gamine, tu devrais déjà dormir !
J'ai voulu t'envoyer chier et me lever, mais je serai tombée comme une merde si tu m'avais pas soutenue. Tu m'as mise au lit cette nuit-là, et je crois me souvenir que j'ai serré ta main avant de sombrer, je voulais pas que tu partes.
Tu aurais pu te foutre de moi pendant des semaines, mais t'en as jamais reparlé. Il ne me reste que les souvenirs, et cette photo.
