Instantanés : 8 - Fille de la Faucheuse

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Le cliché est déposé sur la lettre, il a été visiblement froissé, déchiré, puis recollé par une main inconnue. Au dos, il reste un peu de sang séché, uniquement décelable si on y prête attention.

 Au dos, il reste un peu de sang séché, uniquement décelable si on y prête attention

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Cette photo là...ce n'est pas Pitt qui l'a prise, tu t'en doutes. C'est une photo de mon enfance, la seule qui me reste d'eux. Comment j'ai récupéré cette photo c'est une autre histoire.

J'avais dix-neuf ans, j'approchais des vingt. Ce matin-là, le club était quasiment déserté. Le garage était fermé je ne me souviens plus pourquoi, et quasiment tous les gars étaient partis sur un gros coup avec les irlandais. J'étais restée sur place avec Papy.

J'adorais passer du temps avec lui, il me racontait tout un tas d'histoires sur le Club, sur sa vie, sur la guerre, et même s'il s'emmêlait déjà les pinceaux, j'apprenais beaucoup en l'écoutant. On s'était installés au soleil avec des sodas et de l'herbe et on profitait du moment quand un bruit de grosse berline m'a tiré une grimace.

La bagnole était flambant neuve, grosse cylindrée allemande, vitres teintées. J'ai soupiré et je me suis avancée vers la voiture en tapant sur l'épaule de Papy pour lui signaler que je m'en occupais.

-On est fermés, repassez plus..

La porte s'est ouverte et le type qui en est sorti m'a lancé un regard choqué.

-Abigail...

-Papa...qu'est ce que tu fous ici ?

-Bonjour papa, ça fait plaisir de te voir depuis toutes ces années, je vais bien, merci de t'en inquiéter Abigail !

Il avait croisé les bras sur sa poitrine et me fixait, attendant peut-être des excuses, mais j'avais pas l'intention de lui en faire.

-Gamine ! Gamine ! C'est qui ton copain ? Présente le à Papy.

J'ai pivoté vers Eustache et je lui ai fait un sourire mi figue mi raisin, mon « copain » avait surtout envie d'envoyer chier Papy. Il serrait et desserrait les poings en boucle, signe d'agacement chez lui, même s'il gardait le silence pour l'instant.

-C'est rien Papy, je t'expliquerai plus tard, tu devrais aller voir la petite rouquine du cinéma, je suis sûre que t'as un ticket avec elle.

C'était un coup bas, mais c'était aussi le meilleur moyen de me débarrasser de lui quelques minutes. Mon père a eu la décence d'attendre qu'il soit suffisamment loin pour ouvrir à nouveau sa gueule.

-Bon Abigail, je ne sais pas ce que tu fiches avec ces...ces...loubards mais il est temps que tu te reprennes ma fille. Va chercher tes affaires je te ramène à la maison. Ta mère se fait un sang d'encre.

-J'irai nulle part, chez moi c'est ici !

-Tu te rends compte que depuis que tu es partie elle n'est plus que l'ombre d'elle-même Abigail ! Je ne te demande pas ton avis, tu rentres avec moi !

Les Enfants de la FaucheuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant