Après avoir regroupé ses affaires dans le petit chalet, Abbie a réalisé que, peu importe l'endroit où elle irait, Wyatts n'aurait aucune difficulté à la retrouver, et pour cause, la jeune femme a besoin d'un véritable suivi médical pour son fils. Elle lâche un soupir et décide de se reposer jusqu'au matin, peut-être que d'ici là, elle aura trouvé une solution.
L'aube apporte parfois de la nouveauté, une nouvelle journée, une nouvelle semaine, un nouveau départ...et parfois l'aube n'apporte que son lot d'emmerdes.
Abigail se demande quelle genre de journée ce serait alors qu'elle laisse l'eau tiède de la douche lui dénouer les muscles. Peu importe, finalement, elle improvisera. Elle n'a pas vraiment le choix.
Une fois enroulée dans un peignoir qui sent le frais, elle sort son téléphone de son cuir et l'allume pour regarder ses messages. Rien. Elle ne sait pas si cela doit la rassurer ou l'inquiéter. Elle secoue la tête, éteint l'appareil et le range avant de glisser son cuir au fond de son sac.
Sur le parking, elle traverse , vite, et va jeter son sac dans le coffre de la vieille jeep qu'elle verrouille, avant de retourner au chalet. Là, elle fixe son holster d'épaule et y cale fermement son Beretta avant d'enfiler une veste en jean. Elle fait le tour de la pièce du regard pour vérifier qu'elle n'a rien oublié puis elle sort et va rendre les clés au gérant des lieux.
L'homme, qui lui semble très jeune, bafouille, il reprend son identité, vérifie que tous les paiements sont en ordre, se trompe de dossier, plusieurs fois. Il finit par tirer un soupir agacé à la future mère.
-Vous y arriv...
Le bruit des sirènes et la lueur des gyrophares coupent Abbie dans sa phrase, elle se retourne, interloquée et reste sidérée quelques secondes quand elle se rend compte que les shérifs qui descendent de leurs véhicules pointent tous leurs armes sur...elle.
-Wow du calme les cow-boys !
Lentement, elle lève les mains alors qu'un officier s'approche pour lui retirer son Beretta. Sans ménagement, sa collègue tire les bras d'Abigail en arrière pour la menotter. Elle la pousse, face vers le comptoir, pressant douloureusement son ventre sur le meuble, ce qui tire un grondement menaçant à la future mère.
-Doucement G.I. Jane, y'a un bébé là-dedans et si tu lui fais le moindre mal je...
-N'aggravez pas votre cas Miss Ashton, vous êtes en état d'arrestation, quand à vous officier, inutile de la malmener.
-Wyatts ! Sale pute !
-Finalement, vous pouvez la malmener encore un peu officier.
Abbie est redressée avec brutalité, ses yeux lancent des éclairs alors qu'elle dévisage l'agent de l'ATF qui, tout sourire, entame son laïus.
- Vous avez le droit de garder le silence. Si vous renoncez à ce droit, tout ce que vous direz pourra être et sera utilisé contre vous devant une cour de justice. Vous avez le droit à un avocat et d'avoir un avocat présent lors de l'interrogatoire. Si vous n'en avez pas les moyens, un avocat vous sera fourni gratuitement. Durant chaque interrogatoire, vous pourrez décider à n'importe quel moment d'exercer ces droits, de ne répondre à aucune question ou de ne faire aucune déposition. Avez-vous compris ce que je viens de vous dire, et en ayant à l'esprit ces droits, voulez-vous me parler ?
La main de l'officier féminin sur son épaule, prête à la diriger vers la sortie, Abigail hoche la tête et fait un pas vers Wyatts, qui fait signe à l'agent de la laisser avancer. Abbie s'approche comme pour lui parler à l'oreille, et quand Kimberly Wyatts penche la tête vers elle, la jeune femme prend un élan et lui envoie un coup de tête avec toute la force dont elle est capable. Immédiatement deux officiers se jettent sur elle pour la tirer le plus loin possible de l'agent de l'ATF qui porte une main à son nez ensanglanté et agite l'autre en direction des voitures pour leur faire signe de l'embarquer.
-Je vais prendre ça pour un non.
Abigail est emmenée à l'arrière de la voiture de shérif. Elle ne demande pas d'explication et personne ne lui en fournit. Le front collé contre la vitre, elle ne reconnait pas la route qu'on lui fait prendre jusqu'à ce qu'un panneau lui annonce quelque chose qui lui tire un grondement enragé.
« Pénitencier d'Etat Jameson, Dakota du Sud »
On la fait entrer par une petite porte, pas l'entrée qu'on réserve d'habitude aux détenus qu'on va incarcérer, ce qui la fait tiquer. Aucune tenue pénitentiaire ne lui est fournie et elle passe dans un couloir étrangement vide avant de se retrouver dans une toute petite pièce aveugle où la lumière grésillante a du mal à éclairer la table et les deux tabourets métalliques fixés au sol.
La porte face à elle s'ouvre dans un déclic sonore et Wyatts, nez bandé, pénètre la pièce. Elle s'assied face à une Abigail qui reste fermement campée sur ses pieds.
-Vous savez que je pourrais vous tuer bien avant que ces fils de pute aient le temps d'ouvrir cette porte, Kimberly ?
-Je sais, mais moi je pourrais lancer les fédéraux à la poursuite de votre cher Isaac et m'assurer qu'il finisse ses jours dans la pire prison d'Etat que nous ayons. Ah, et bien sûr, vous finiriez également vos jours ici, il paraît que la nourriture n'est pas si mauvaise. Bien sûr, votre fils...C'est un garçon hein...oui...oui j'ai consulté votre dossier médical. Donc votre pauvre petit garçon serait confié à une institution d'état, et qui sait qui en aurait la garde ensuite ...hmmm ?
Abbie serre les dents et plaque une main sur son ventre en toisant la femme.
-Vous n'avez rien contre moi, absolument rien !
-Maintenant si, vous avez frappé un agent fédéral devant plusieurs témoins. Et je vais vous garder ici aussi longtemps que je le souhaite. Protection de témoin, vous connaissez ? Ce qui est merveilleux quand on est moi, c'est qu'on peut enclencher ce genre de programme sans avoir à se justifier auprès de qui que ce soit, et l'administration pénitentiaire est très, très conciliante Miss Ashton, contrairement à vous.
-Je vous ai déjà dit que je ne vous donnerai pas Isaac, plutôt crever ici !
-Je n'ai pas besoin de vous pour ça. Mes agents l'ont trouvé hier, pendant que nous discutions entre amies...j'ai juste besoin d'une...monnaie d'échange.
L'agent Wyatts se relève devant une Abigail désarçonnée.
-Bon séjour Miss Ashton, ne vous en faites pas, l'infirmier de la prison n'est pas aussi terrible qu'on le raconte, il va adorer vous suivre pendant votre grossesse.
En terminant sa phrase elle tapote sur la porte qui s'ouvre et sort sans qu'Abbie ait eu le temps de réagir. C'est avec une démarche sidérée d'automate que la jeune femme suivra les gardiens pour procéder à son enregistrement sous le matricule de détenue 14 758 avant d'être placée en cellule individuelle dans l'aile des détenues sous protection, soit parce que ce sont des balances, soit parce qu'elles sont tellement dingues que les agents ne savent plus où les placer.
Assise sur le matelas qui sent l'urine, fixant le mur à la peinture décrépie, Abigail inspire longuement et refoule ses larmes pour endosser son masque, celui de la Vice-présidente des Enfants de la Faucheuse de San Antonio, celle que rien n'atteint, que rien ne touche et qui ne laissera personne risquer de nuire à l'enfant qu'elle porte.
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Les Enfants de la Faucheuse
Aktuelle LiteraturAbigail Ashton est née dans une famille unie et aisée, mais son caractère buté, son amour de la liberté la poussent à toujours repousser les limites. Elle croise la route des Enfants de la Faucheuse, un groupe de bikers anticonformistes. Dangereux...