Exil : 17 - Affamée

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Les clients du Motel Caroline's Bedrooms ont une petite mine ce matin. Leur nuit a été interrompue régulièrement par des cris, et le seul courageux qui s'est rendu jusqu'à la chambre d'où provenait tout ce bruit a vite fait marche arrière quand un colosse totalement nu, muscle saillants, baigné de sueur est venu ouvrir la porte pour lui dire de dégager sous les éclats de rire d'une brune étendue sur le lit dans son plus simple appareil.

À Rosebud, au service de néonatologie, la relève du matin a trouvé une infirmière totalement perdue. Elle a finalement prévenu la police de l'enlèvement d'une patiente mais son témoignage était totalement décousu et surtout, la description de l'attitude d'Abigail face à son ravisseur a fait douter le shérif.

Celui-ci a consulté le dossier de Miss Ashton, un lien y était référencé avec un certain Mosley, dès qu'il s'est connecté à la base de données centrale pour en savoir plus son téléphone a sonné. Au bout du fil, la voix d'une femme qu'il connaît bien pour avoir travaillé sous ses ordres quelques jours à peine auparavant.

-Shérif Coksey, j'écoute.

-Shérif, c'est l'agent Wyatts. Écoutez, je vois que vous consultez le dossier Mosley – Ashton.

-Oui on nous a signalé l'enlèvement de Mademoiselle Ashton cette nuit.

À l'autre bout du fil, un petit rire se fait entendre.

-Foutez leur la paix shérif, ces gens-là ne fonctionnent pas comme nous. Si vous voulez mon avis, le plus grand danger que Miss Ashton encourt pour le moment c'est une irritation à l'entre jambe, si vous voyez ce que je veux dire.

L'homme se sent rougir jusqu'à sa calvitie alors qu'il raccroche le téléphone. Il passe ses consignes à ses hommes, on clôture le dossier, on transmet à l'hôpital que tout va bien et on passe à des choses plus sérieuses.

Pitt arrive armé d'une énorme brioche à la crème, la préférée d'Abbie et un chocolat chaud avec une double dose de chantilly. Lorsqu'il pénètre dans la chambre, le personnel n'a pas encore eu le temps de l'avertir, la responsable du service est toujours au téléphone avec le shérif.

Il faudra faire appel aux 8 gardes de la sécurité de l'hôpital et à Sims, fort heureusement présent dans le bâtiment, pour finalement calmer un Pitt enragé de la disparition d'Abigail.

Quand enfin, celui-ci écoute ce qu'on lui dit, il hausse un sourcil, perplexe.

-Vous dites que le gars qui est venu la chercher a dit que c'était sa femme ?

Méfiant, il se fait montrer les images des caméras de sécurité où il reconnaît la stature d'Isaac lorsque celui-ci sort de la chambre avec Abbie dans les bras.

Lessivé, le vieux biker se laisse tomber dans un fauteuil en secouant la tête.

-Ces deux-là finiront par me faire crever bordel !

La nouvelle fait rapidement le tour du petit groupe. Sims prévient Reno, puis va dire à une Rosie toujours inconsciente que sa maman a retrouvé son homme et qu'ils risquent d'être absents quelques jours mais qu'elle n'a surtout plus rien à craindre. La jeune fille serre les doigts sur la veste en jean qui ne l'a pas quittée depuis son arrivée, toujours endormie.

Dans la chambre du motel, le soleil perce la pièce de part en part depuis déjà quelques heures quand un gémissement surpris se fait entendre.

Abbie, encore à moitié endormie, émerge sous les caresses de son compagnon. Elle frissonne en sentant ses lèvres parcourir son corps, s'attarder sur son ventre avant de remonter pour venir rencontrer les siennes. La jeune femme sourit à Isaac alors que leurs regards s'accrochent l'un à l'autre.

-Je devrais me fâcher contre toi gamine, t'as vu dans quel état tu t'es mise ?

Mine boudeuse, Abigail se mord la lèvre inférieure mais ne peut s'empêcher de sourire très longtemps face au visage de son homme.

-Tu te fâchera plus tard, pour l'instant j'ai faim.

Elle écarquille les yeux, surprise elle-même de ce qu'elle vient de dire, elle qui n'avait plus d'appétit depuis des jours et que l'équipe médicale devait nourrir par perfusion. Elle donne un coup du plat de la main sur l'épaule d'Isaac, qui la fixe, désarçonné.

-J'ai faim Isaac ! Tu te rends compte ?

-Heu...ouais...je vais nous commander un truc.

Alors qu'il pivote au-dessus d'elle pour saisir le téléphone, il entend le rire cristallin d'Abigail raisonner dans la pièce. Elle ne lui laissera pas le temps de passer une commande. Agile malgré son énorme ventre, elle saisit le combiné et l'envoie valser dans la chambre avant de mordre Isaac à l'épaule en riant.

-Je meurs de faim !

-Ah ouais ?

-Ouais !

C'est le seul dialogue un peu construit qu'ils échangeront alors qu'à nouveau, le motel se met à trembler sous les cris du couple qui semble avoir encore de l'énergie à revendre.

Les Enfants de la FaucheuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant