Chapitre 4

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Lorsque mes parents m'ont adoptée, maman a changé de métier : Elle a décidé de réaliser son rêve d'enfance : devenir pompier. Je n'avais pas du tout été étonnée à l'époque, elle a le cœur sur la main, est douce comme je n'ai jamais connu pareille personne avant elle. Du coup, il y a des nuits où elle n'est pas là, mais généralement elle rentre une heure après nous. Papa, lui, est le patron d'une grosse entreprise d'informatique. Il part donc très tôt le matin et rentre peu après maman. Mais il lui arrive de partir en voyage d'affaires de quelques jours.

Et ce soir, aucun des deux n'est là. Maman étant de garde et papa étant à l'étranger depuis deux jours, je me retrouve seule avec Simon.

En parlant de celui-ci, cela fait quatre jours qu'il est légèrement distant. Il ne m'évite pas totalement et ne me fait pas la gueule non plus, mais avec un lien comme le nôtre, je peux très bien sentir lorsqu'il se distance de moi, et depuis l'épisode des guilis, c'est le cas.

Je n'ai toujours pas compris – ou, plutôt, je n'ai toujours pas envie de comprendre – ce qu'il nous est arrivé. « Nous », oui, car je ne suis pas la seule à l'avoir ressenti. Quelque chose s'est passé ce soir-là, et ça ne venait pas que de moi.

Au début, c'est pourtant ce que je pensais. Je croyais que je devenais cinglée, que j'avais un truc qui ne tournait pas rond chez moi. J'ai essayé de trouver une signification à la chaleur que j'avais ressentie, à mon cœur qui s'était emballé, à mes joues rosies et à mes mains moites... Mais je ne trouve pas. Je ne trouve pas parce que je ne l'ai ressentie qu'avec lui, et c'est quelque chose de totalement nouveau. Peut-être que si ça me l'avait fait avec Eli, Paul ou papa, j'aurais pu l'assimiler ou le comparer... Mais non, ce n'était qu'avec Simon que je ressentais ce genre de choses.

Mais à force de me retourner la scène encore et encore dans ma tête, je me suis rendue compte d'une chose : Simon aussi avait été bizarre. Et je sais qu'il l'a senti lui aussi, ce truc qu'il y avait entre nos deux cœurs, nos deux corps à ce moment-là. Dès que j'ai bougé le bassin, il s'est littéralement enfui comme un voleur, ce qui est on ne peut plus étrange puisque je n'avais rien fait de mal ou de flippant. Mais le pire est sûrement l'expression de son visage avant qu'il ne parte... Il semblait si... perdu, et si effrayé. Comme s'il venait de vivre un truc si fou, qu'il n'en croyait pas ses yeux.

Et voilà, depuis, il y a un certain éloignement de sa part. Comme si ce soir-là avait provoqué quelque chose en lui.

— Ah, t'es là. Je... tu peux m'ai...der, s'te plaît ? Dis-je, tant bien que mal, debout sur une chaise, essayant d'attraper un paquet de céréales dans le fond du placard.

— Pousse-toi, je vais le prendre.

— Mais non t'embête pas, il me manque juste deux centimètres, porte moi un tout petit peu et ça devrait le faire.

Simon enroule alors ses bras sous mes fesses avant de me soulever légèrement.

Je me sens quelque peu mal à l'aise en imaginant ses bras à cet endroit de mon corps. Putain, mais pourquoi je réagis comme ça ? Le nombre de fois où il a fait ce geste pour m'aider est incalculable alors, pourquoi ça me fait cet effet seulement maintenant ?

- Tu l'as ? Dit-il.

- Ah, oui, c'est bon tu peux me reposer.

Je me précipite sur le canapé, ne voulant pas qu'il voit mon visage de toute évidence cramoisi.

Je l'entends souffler, en remettant la chaise sous la table.

— Joy...dit-il, s'approchant de moi.

— Mmmh ?

— Hier soir...Je t'ai entendu, tu sais.

Fais chier. J'ai angoissé toute la soirée. Pour trois fois rien, encore une fois. Et, n'en pouvant plus de tous ces démons qui ne me laissaient pas dormir, j'ai pleuré.

Et plus encoreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant