Il pleut aujourd'hui.
Ai-je déjà mentionné à quel point je détestais la pluie ?
En tout cas, c'est quelque chose que Simon n'a pas oublié. Lorsqu'il a vu que l'averse se faisait de plus en plus violente, il a arrêté le piano pour me rejoindre sur le canapé. Il s'y est allongé, posant sa tête sur mes cuisses, et c'est tout naturellement que mes mains se sont glissées dans ses cheveux.
Voilà donc désormais deux heures que nous n'avons pas bougé, et je ne m'en plains pas ; Eli s'est endormi contre mon épaule, et je suis presque certaine qu'il en est de même pour Simon, toujours couché sur moi. La pluie s'abat encore furieusement contre les vitres, dans un boucan infernal, mais Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban que j'ai commencé tout à l'heure m'empêche de trop m'y attarder.
Je me rends compte du contraste surprenant entre l'intérieur de la maison et l'extérieur : ici, nous sommes au chaud, dans un silence paisible uniquement interrompu par le film devant nous, tandis que dehors, tout n'est que tempête. Ça a un côté apaisant, de se sentir protégé à ce point.
Le calme est cependant rompu soudainement par la sonnerie stridente du téléphone d'Eli, faisant d'ailleurs sursauter les deux garçons.
Le coréen grogne en se frottant les yeux, avant d'attraper son portable sur la table basse.
— Euh...commence-t-il, nous regardant avec incompréhension. C'est Laura.
— ça pue...souffle Simon, qui repose sa tête sur moi, encore somnolant.
— Décroche ! dis-je en le voyant hésiter.
Il porte le téléphone à son oreille :
— Ouais ? répond-il, peu sûr de lui.
— Hey, salut...j'entends, grâce au haut-parleur que mon meilleur ami a pensé à mettre.
— Qu'est-ce qu'il se passe ? demande mon voisin, visiblement perturbé.
— Rien, rien, ne t'inquiète pas. Je venais juste...prendre des nouvelles. J'ai vu la photo que tu as partagée sur Insta, affirme la rousse.
— O...k. Euh...et du coup ?
Eli ne paraît pas particulièrement stressé ou énervé, il semble juste perdu ; j'imagine qu'il ne comprend pas la démarche de Laura, qui l'appelle après tout ce temps juste dans le but de lui dire ça.
— Eh bien, j'ai vraiment cru à un prank et je t'avoue que je ne sais toujours pas si c'était une blague ou non, rit-elle nerveusement. Venant de ta part, tout est possible.
— Si j'avais voulu faire ce genre de blague, Lau, j'aurais fini par supprimer le post, je l'aurais pas laissé plusieurs jours.
Un ange passe, et je peux facilement imaginer la réaction de mon amie, derrière son portable : elle est sûrement figée par la surprise, les yeux dans le vide et la bouche légèrement ouverte.
Après ce qui semble être une éternité, elle finit enfin par répondre :
— Je t'avoue être...sur le cul. Te méprends surtout pas, je suis super heureuse pour vous, hein, vraiment ! mais...wow. Et... Paul, en plus. Tu ne m'avais jamais dit, que tu étais...bi ?
— Parce que je le savais pas. C'est carrément bizarre mais ça m'est tombé dessus, j'étais le premier surpris de le découvrir.
— Je n'arrive pas à l'imaginer, en tout cas. Ça a dû être le choc, pour les autres, non ?
— Pas vraiment. Je crois qu'ils nous ont vus nous rapprocher, Paul et moi, ça a dû aider, je sais pas, en fait.
— Mais...Paul ? souffle la rousse, n'en revenant décidément pas.

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Et plus encore
RomanceLa famille d'accueil de Joy l'a adoptée quand elle était encore enfant, elle a donc grandi avec le fils de ses parents adoptifs. Ils devraient se considérer comme frère et sœur, pourtant Joy développe des sentiments tout sauf fraternels envers Simon...