Chapitre 23

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Je hais les mathématiques, mais je les hais davantage quand j'entends Simon et papa se disputer alors que j'essaie de comprendre ce que peuvent bien dire les calculs que j'ai sous les yeux.

En ce moment, c'est de pire en pire, ils n'arrêtent pas. Maman essaie le plus possible de s'interposer, et de donner son avis parce qu'elle sait que papa a souvent tort, qu'il est trop dur avec son fils, mais rien ne change. Simon ne le montre pas, mais il souffre énormément de cette situation, et c'est douloureux pour moi de le voir ainsi, sans pouvoir l'aider. Le problème avec notre père, c'est qu'il souhaite tellement voir son fils à la tête de son entreprise, qu'il ne se rend pas compte de la pression qu'il lui met. On sait tous que Simon va réussir, qu'il est doué et qu'il fera un excellent patron...mais papa trouve qu'il est trop dissipé, qu'il ne bosse pas assez, qu'il ne s'y prend pas avec sérieux... alors il s'acharne sur lui, et mon faux-frère s'acharne sur ses cours. Ça va faire une semaine que chaque soir, il travaille jusqu'au moins minuit, et non seulement je déteste le voir fatigué à ce point, mais en plus de ça je vois qu'il ne peut plus passer de temps avec nous, ses amis.

Je souffle, et ferme mon cahier. Je n'y arriverai pas de toutes façons, les maths, c'est pas mon domaine...Les voix des deux hommes se taisent enfin, et ma porte s'ouvre sur Simon, qui reste planté là, à me fixer. Ses yeux verts sont emplis d'une tristesse et d'un épuisement profond, et ça me brise le cœur.

— Sim-Sim...je chuchote, m'approchant de lui pour fermer la porte dans son dos.

Je passe mes bras autour de son buste, et le serre aussi fort que je le peux, voulant lui apporter un maximum de réconfort.

— Tu crois qu'il sera fier de moi, un jour ?

Je relève la tête, et prend son visage entre mes mains pour qu'il me regarde droit dans les yeux :

— Bien-sûr ! il l'est déjà, j'en suis sûre, il v...

— S'il l'était, il ne se comporterait pas comme ça avec moi, et tu le sais...Je ne sais même plus quoi faire pour le satisfaire, je bosse comme un malade, je n'ai aucune note en dessous de 16, je ne comprends pas...

— Je sais...J'essaie de comprendre moi aussi, mais il est tellement...borné. Je t'avoue que je ne vois pas ce qui le pousse à toujours s'en prendre à toi comme ça...je sais qu'il sait que tes notes sont excellentes et que tu travailles dur, mais il a l'air de faire semblant de ne pas le voir, comme s'il ne fallait pas simplement que tu sois excellent, mais que tu sois parfait.

— Personne n'est parfait, pas même lui, putain.

Je lui prends la main afin de le tirer vers le lit, où l'on s'y allonge.

— Pourtant, toi il te trouve parfaite, même si tu nous ramènes des notes pourries en maths et en science, il s'en fout. Quand on était plus petits, tu te rappelles, si tu ne finissais pas ton assiette, il te laissait tranquille, mais si je ne finissais pas la mienne, il m'interdisait de sortir de table...apparemment, c'était pas un fils que mon père voulait, souffle Simon, regardant le plafond.

Je pose ma tête sur sa poitrine, avant de répondre :

— Arrête de te mettre ça dans la tête, t'en sais rien. Il est juste...un peu macho sur les bords, et pour lui, peut-être que comme tu es un homme, tu dois être plus fort, plus intelligent et robuste que moi qui ne suis « qu'une » jeune femme ? Regarde, si demain je lui dis que j'aimerais dormir chez un copain, jamais il n'acceptera, alors que si toi tu demandes à aller chez une fille, il te laisserait y aller si tous tes devoirs sont faits. Tu te souviens de la crise qu'il a piquée la première fois que je me suis maquillée ? Et quand il a vu Eli me faire un câlin ?

— Je sais...

— Simon, il t'aime et il est fier de toi, il l'est simplement à sa façon à lui...ne doute jamais de toi, ne l'écoute pas, tu es brillant. Tu y arriveras.

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