Un an et six mois plus tard.
Comme d'habitude, il va falloir que j'aille réveiller l'homme qui partage ma vie depuis plus d'un an. J'entre donc dans la chambre et ouvre les rideaux, laissant entrer un énorme rayon de soleil directement braqué sur lui.
— Debout, tu vas encore être en retard ! je crie, me jetant à plat ventre sur lui.
— Joy...Tu fais chier, j'suis crevé...souffle Eli qui se frotte les yeux.
— Oh, arrête un peu, tu t'es endormi super tôt hier !
— Évite de te dandiner de cette façon au-dessus de moi, je te rappelle que je viens de me réveiller et qui dit réveil dit aussi le garde à vous au Sud de mon corps , dit-il en jouant avec ses sourcils.
— Tu n'en rates vraiment pas une. (Je descends quand même, le sourire aux lèvres) Grouille-toi, il te reste une heure pour te préparer.
— J'ai même pas le droit à un bisous ? t'es radine ce matin, niveau câlins.
Je lève les yeux au ciel en sortant pour rejoindre la cuisine. Quelques minutes plus tard, je verse du sirop d'érable sur les pancakes que j'ai préparés pour le coréen, qui arrive d'ailleurs derrière moi.
— Mmmh, j'ai de la chance aujourd'hui, susurre-t-il, passant ses bras autour de mon cou avant d'embrasser mon crâne.
Je me retourne, lui souris et lui donne son assiette.
— Je vais finir par te demander en mariage, si ça continue.
— Et si je refuse ? je demande en rinçant mon verre.
— Tu m'aimes bien trop pour refuser ça. (Je souris) J'ai que trois heures de cours aujourd'hui. Tu veux qu'on se fasse un truc cet après-midi ?
— Il fait beau, on pourrait aller se promener en ville ?
— C'est impec.
Il termine sa dernière bouchée, et ajoute :
— T'as pas dormi, cette nuit ? Je me suis réveillé vers trois heures, et t'étais plus là.
— Je suis allée prendre un bain pour essayer de me détendre, je réponds, les yeux baissés sur mes mains.
Eli se lève et soulève mon menton d'une main. Il frotte nos deux nez l'un contre l'autre.
— Tu as fait une crise ?
— Non, je n'arrivais juste pas à...arrêter de penser.
— Tu aurais pu me réveiller.
— Pas pour si peu. Je passe déjà suffisamment de temps à gâcher tes nuits, Eli...
— Arrête tes conneries. J'ai besoin de savoir que je peux t'aider, même si tu ne fais pas de crise.
Je hoche la tête, et il place une de mes mèches derrière mon oreille.
— Je t'aime, me dit-il, ses yeux ancrés dans les miens.
— C'est moi qui t'aime le plus, je le taquine.
— Egalité, Joy.
— Egalité.
Il part s'habiller et préparer ses affaires de cours pendant que je démarre l'aspirateur. Eli est à la fac, en deuxième année de licence, alors son emploi du temps est relativement léger. Moi, j'ai repris les cours l'année dernière. Étant donné mon arrêt brutal en seconde, j'ai dû redoubler, mais ça ne me dérange pas. De toute façon, j'ai fait ce qu'Eli avait fait et je prends mes cours à distance, ce qui me donne le temps que je veux à la maison, je me choisis des horaires « cours » et « devoirs » où je travaille, et le reste du temps, je suis libre. Eli touche une bourse étudiant tous les mois, et maman nous paie les factures, ce qui nous permet de vivre sans difficultés. J'ai demandé plusieurs fois à maman d'emménager avec nous mais elle a toujours refusé. Elle souhaite garder notre maison d'enfance, malgré tous les souvenirs des deux hommes que nous avons...perdus. Elle a aussi insisté sur le fait qu'elle voulait nous laisser vivre, sans avoir une mère « dans nos pattes ».

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RomanceLa famille d'accueil de Joy l'a adoptée quand elle était encore enfant, elle a donc grandi avec le fils de ses parents adoptifs. Ils devraient se considérer comme frère et sœur, pourtant Joy développe des sentiments tout sauf fraternels envers Simon...