Et plus encore

Chapitre 17

Une heure ou deux passent avant que Simon ne rentre dans ma chambre à nouveau. Il baisse le volume de la musique, et s'assit à mes côtés.

— Ok, je vois que tu sais qui est est-ce qui est venu, souffle-t-il.

Je fais mine de ne pas l'entendre, et ne réponds pas.

— Ecoute Joy, elle est juste passée pour me voir, elle n'était pas là depuis quelques semaines en cours, et avec les vacances en plus de ça, elle tenait à me revoir.

— « Juste » passée ? la nana est restée au moins une heure !

— Mais de toute façon, je ne comprends pas ce que tu as contre elle ! Si je veux la voir, je la vois, je n'ai pas à te demander ton avis ou à m'en priver sous prétexte que madame ne l'aime pas !

— Pardon ?!

— T'as très bien compris, et tu sais que j'ai raison, Joy ! tu abuses carrément, et...

— Non mais ferme-la, tu veux ?! Moi, je n'ai pas le droit d'appeler ou de danser avec Aaron, un inconnu qui ne t'a jamais rien fait non plus, et je ne peux même pas être énervée que cette pimbêche se ramène carrément chez moi, pour te draguer ouvertement ?! Tu te paies ma tronche ou quoi ?!

Il ouvre la bouche avant de la refermer, incapable de répondre. Quelques secondes de silence s'écoulent puis il semble trouver sa répartie et enchaine :

— C'est différent, je cherche juste à te protéger, c'est moi le grand frère, pas toi.

Mon cœur se serre douloureusement, et je ne peux empêcher les larmes de me monter aux yeux. Alors quoi, j'ai juste imaginé ce qu'il s'est passé tout à l'heure ? Bien-sûr... Il ne comptait pas vraiment m'embrasser, je m'étais faite de faux espoirs, comme toujours, et ça semble désormais tout à fait clair. Je suis juste la petite sœur à protéger.

— Tu ne comprends vraiment rien...dis-je tout bas.

— C'est toi qui n'es pas compréhensible...

— Non, non, non ! c'est toi, toi putain, qui ne voit rien, qui ne comprends rien ! tu me protèges des autres ?! ok, super, ça me fait plaisir ! je crie, les larmes dévalant mes joues. Mais la prochaine fois, pense à me protéger de toi-même !

J'en dis trop. Il faut que je me taise, et pourtant, je sais, je sens que je ne le pourrais pas, pas aujourd'hui.

— De quoi tu parles encore ? tu vois: tu dis plein de trucs incompréhensibles, et après tu iras te plaindre en me faisant passer pour un débile ! dit-il, avant de serrer les mâchoires.

— Tu l'aimes, cette Séléna ?

— Mais qu'est-ce...

— Réponds-moi. Et ne t'avises surtout pas de me mentir.

— Pourquoi t...

— RÉPONDS-MOI !!! je hurle.

— Non. Je ne l'aime pas. Contente, tu as eu ta réponse ? et d'ailleurs, qu'est-ce que ça te fais, hein ? parce que là, j'ai un peu de mal à comprendre pourquoi tu deviens soudainement si...folle !

Mon cœur semble retomber lourdement dans ma poitrine, soulagé. Il ne ment pas, je connais Simon, et je vois lorsqu'il ment, mais là, ce n'est pas le cas. Donc, il n'en est pas amoureux...

— Alors pourquoi est-ce...

— Non, je veux une réponse, moi aussi. Tu l'insultes, tu la détestes, tu me fais des crises dès que je l'approche, qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez toi ?