Et plus encore

Chapitre 12

J'ai attendu toute la journée que Laura – qui semble aller beaucoup mieux que la veille – me raconte ce qu'il s'est passé après l'épisode au Jake's. Elle n'a rien voulu me dire avant que l'on soit sortis de cours, cette cachottière ! Nous nous sommes donc finalement réunis à 16h dans l'herbe de la cour du lycée. Elle s'assied à côté de moi, et Paul et Tania se mettent devant nous.

— Bon. En gros, commence la jolie rousse, il m'a rattrapée à quelques mètres du bar. Au début, je lui ai hurlé de dégager, que je ne voulais pas le voir pour l'instant. Alors il s'est mis à crier lui aussi, que c'était moi qui avait commencé, que je n'avais pas le droit de jouer à la « jalouse » alors que je ne l'aimais que pour son cul, et que si lui aussi voulait se faire plusieurs filles en même temps, il le ferait. Du coup, j'ai carrément été choquée, et le premier truc que j'ai répondu, c'est que je ne l'aimais pas uniquement pour le sexe. Alors là, il s'est enfin arrêté de crier dans tous les sens, et il m'a demandé de m'expliquer.

— Et t'as dit quoi ? S'impatiente Paul telle une fillette.

— J'ai répondu quelque chose dans le genre « je n'ai jamais osé te le dire parce que j'ai toujours cru que ton truc c'étaient des coups comme ça, sans sérieux, mais je suis amoureuse de toi. Je couche avec toi parce que j'en ai toujours envie, oui, mais surtout parce que je t'aime » Et j'ai vu à ses yeux qu'il était paumé. Il m'a demandé ce qui pouvait bien me faire croire qu'il ne voulait rien de sérieux, et j'ai dit que tout le lycée était au courant de ses conquêtes, que c'était bien connu. Il m'a dit que c'était que du passé, que dès qu'on l'avait fait il n'avait plus jamais touché une autre fille...

Elle sourit, mille étoiles dans les yeux.

— Et après ? Dis-je, en même temps que Tania.

— Après il a rajouté qu'il m'aimait depuis au moins deux ans, et qu'il pensait lui aussi que je ne voulais rien de sérieux, parce que je ne l'embrassais jamais sans que ça finisse par...déraper, et aussi parce que je ne voulais jamais le voir pour faire autre chose que du sexe. Et là, je me suis jetée sur lui. Je l'ai embrassé, en lui disant qu'il n'y avait eu que lui, que si je ne lui montrais pas d'affection c'était uniquement parce que je pensais qu'il prendrait peur etc...En gros, on s'était toujours mal compris. Si on s'était avoué nos sentiments avant, dit-elle en me lançant un regard, on aurait évité tout ça.

— Alalalalala !!!! Enfin ! crie Paul, surexcité. Et vous êtes rentrés et vous avez fait des bébés ?

Tania lui gifle le haut du crâne, et j'éclate de rire avec Laura.

— Non, pas cette fois ! On est rentrés main dans la main, comme un vrai couple (elle glousse), et je lui ai donné une explication pour l'histoire de la bibliothèque, il s'est excusé dès qu'il a compris que Simon avait mal interprété. Ensuite on a regardé des films, on s'est beaucoup embrassés et on a dormi.

— Vous êtes ensemble alors ? je demande, tout sourire.

— Oui ! Confirme-t-elle, frappant à toute vitesse dans ses mains, surexcitée.

Nous sommes toujours en train de discuter lorsque Eli et Simon nous rejoignent, ayant tout juste fini leur cours. Eli embrasse Laura tendrement avant de s'asseoir à ses côtés.

Je les envie tellement. Et je suis si heureuse pour eux.

Encore une fois, depuis l'épisode de la veille dans la voiture, Simon me paraît distant. Ou peut-être que c'est moi qui me fait des films ?

Nous rions tous, sous les mauvaises blagues d'Eli qui est redevenu « normal ».

Je me mets même soudainement à avoir un fou rire, lorsqu'il imite la réaction qu'a eu sa mère après qu'il ait encore fait une connerie dimanche dernier. Laura et moi pleurons littéralement, en se tenant les côtes et je crois sentir un regard me brûler la peau. Je tourne mon visage toujours hilare dans la direction supposée, et croise celui de Simon, qui sourit déjà en me fixant. Mon rire se stoppe doucement, et je sens mes joues rougirent. Pourquoi me regarde-t-il comme ça ? A chaque fois que mes yeux plongent dans les siens, c'est comme si une bulle apparaissait autour de nous, et que plus rien en dehors ne pouvait plus nous atteindre. Il n'y a plus que lui et moi.