Chapitre 40

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Une odeur divine me réveille ; j'essaie d'atteindre ma table de nuit pour y prendre mon téléphone, mais ma main rencontre le vide. Ah. Je suis dans la chambre de Simon. Je m'étire et regarde le lit devant moi, espérant y trouver le brun encore endormi, mais il n'est plus là. Super, il m'a donc vu dormir comme un chiot en manque d'attention dans son fauteuil...

En me levant, je remarque qu'il m'a déposé un plaid sur le corps, et je ne peux empêcher une certaine joie de m'envahir à l'idée qu'il soit toujours aussi attentionné.

Je plie la petite couverture et la dépose sur le lit avant de descendre. Simon est devant la gazinière, un tablier noué autour de sa taille. Merde, ce que ça le rend...sexy, cet accoutrement.

J'avance lentement et regarde par-dessus son épaule, curieuse de savoir ce qu'il prépare qui puisse sentir aussi bon.

— Petit déjeuner à l'anglaise aujourd'hui, rit-il en me voyant faire.

— Je peux t'aider ? je demande, le regard toujours rivé sur le lard qui cuit.

— Non, tu t'assieds et je te sers, c'est déjà presque prêt, de toute façon.

Je m'installe à table après avoir dressé deux assiettes et des couverts, un sourire idiot aux lèvres.

— Tadaaam ! s'exclame Simon en faisant glisser deux tranches de lard dans chacune de nos assiettes.

Il vient ensuite y ajouter des haricots et des œufs au plat. Je le remercie, avant de me jeter sur le plat comme une affamée.

— Tu veux discuter de ce qu'il s'est passé cette nuit ? me demande-t-il après quelques minutes de silence.

— Je...j'ai fait un cauchemar, et je n'ai pas réussi à contrôler ma crise quand je me suis réveillée...

— Ça t'arrive souvent ? les cauchemars, précise-t-il.

J'avale ma viande avant de répondre :

— Plus tant que ça depuis...quelques mois. Mais après la mort de papa, j'en faisais quasiment toutes les nuits, c'est pour ça que j'ai fini par dormir avec Eli.

— Il arrivait à gérer tes crises d'angoisse ?

— Au début, pas du tout. (Je bois une gorgée d'eau) Il ne comprenait pas ce qu'il m'arrivait, parce que ça pouvait venir d'un coup, même si tout allait bien et qu'on était tranquillement assis devant la télé. Il ne savait jamais quoi faire et finissait par juste me prendre dans ses bras jusqu'à ce que je me calme par moi-même.

— Elles devaient durer un temps fou alors, ces crises, non ? demande le brun avant d'apporter une fourchette d'haricots à ses lèvres.

— Ouais...c'était l'enfer. Une fois, j'ai mis tellement de temps avant de me calmer qu'Eli a failli appeler les pompiers... Mais plus j'en faisais, plus il a essayé de comprendre comment ça fonctionnait, il a fait des recherches et tout ça...du coup, il a fini par trouver une méthode plutôt efficace : il me disait de poser mes deux mains sur la tête, de mettre les genoux au sol et de chercher tous les objets de couleur bleu, orange ou n'importe laquelle dans la pièce...et le fait de me concentrer à chercher ces objets, à les compter, m'aidait à calmer ma respiration et mon rythme cardiaque, puisqu'en plus ça me permettait de ne plus penser à ce qui m'angoissait.

— ça n'a pas fonctionné hier...

— ça ne fonctionne pas toujours, c'est ça le problème. Tout dépend à quel point ma crise est violente, et...de toute façon, ça n'a jamais fonctionné aussi bien et aussi rapidement que...que quand c'était toi.

Une lueur de culpabilité traverse le vert de ses yeux, et il reporte son attention sur l'assiette vide face à lui.

Nous finissons le déjeuner en silence ; pas un mauvais silence, plutôt le genre de silence où l'on est juste trop profondément enfoui dans nos pensées.

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