Le trajet du retour après les cours a été silencieux. Je déteste cette ambiance, je déteste quand on est en froid. Depuis environ un an maintenant, il n'est pas rare que Simon et moi ayons ce genre de disputes. Pourtant, avant, nous avions toujours été complices, sans jamais s'en vouloir pour quoi que ce soit...
Le plus frustrant, c'est que ces embrouilles sont totalement ridicules et puériles. On en est tous deux bien conscients, mais c'est apparemment quelque chose qui nous dépasse.
— Mes chéris ! sourit maman en ouvrant grand les bras afin que l'on vienne s'y blottir.
— Hey, maman, dis-je, lui embrassant la joue en la serrant contre moi.
Simon l'embrasse sur le front à son tour, mais ne vient pas s'inclure comme il le fait habituellement dans notre câlin.
— Vous vous êtes encore disputés ? souffle notre mère tristement, comprenant la raison pour laquelle Simon ne se joint pas à nous.
— Ouais, je ne sais pas ce qu'a Joy en ce moment, mais elle devient insupportable, lâche-t-il comme si je n'étais pas là.
Je décide de ne pas répondre, il m'attaque volontairement, il veut me mettre hors de moi et il y arrive très bien ; vite, je dois me défouler.
Ni une, ni deux, je monte les escaliers, entendant au loin ma mère reprocher à Simon le comportement qu'il vient d'avoir. J'arrive dans ma pièce préférée : notre ancienne salle de jeux, désormais devenue notre salle de musique. Je me suis passionnée pour la batterie, et Simon pour le piano.
Deux skateboards sont accrochés aux murs, ainsi que plusieurs posters de Queen, Slipknot ou encore de Yiruma. Une grosse sono trône dans un coin, le piano de Simon est situé face à ma batterie, les deux étant au centre de la pièce. Un t-shirt violet et orange de basket portant le numéro « 25 » et notre nom de famille « Myers » est également accroché : nous avons fait de cet endroit un beau mélange de nous deux, et de nos passions. Rien n'a vraiment de sens, il y a même des photos et des dessins de notre enfance un peu partout, mais ça nous ressemble. Finalement, à mieux y réfléchir, ce n'était peut-être pas l'idéal de voir tous ces souvenirs à l'instant où j'ai le plus envie de tout oublier...
Je prends place sur mon tabouret, attrape mes baguettes et sans plus tarder, je me mets à jouer. Quand je suis dans cet état d'énervement, je n'ai pas besoin de mes écouteurs pour profiter de la musique que j'interprète, j'ai simplement l'envie de me défouler, d'entendre mes baguettes frapper violemment les caisses et les cymbales. Parfois j'ai même la sensation que je peux les trouer tant je m'acharne dessus, et c'est soulageant. C'est un peu comme frapper dans un sac, ou dans un mur, du moins, c'est ma manière à moi de le faire sans avoir à me blesser.
Cela doit bien être la quatrième fois que je répète le morceau « The kids aren't alright », sans que ma colère ne disparaisse pour autant – bon sang, mais qu'est-ce que j'ai en ce moment ? – lorsque la porte s'ouvre.
C'est sans surprise que Simon s'approche de moi, un sourire d'excuse lui mangeant le visage.
J'arrête alors tout mouvement, en profitant pour souffler un peu. J'essuie mon front mouillé de sueur avec le bas de mon t-shirt, m'étonnant moi-même de m'être autant dépensée en ne faisant rien d'autre que de bouger mes bras et un pied.
— Tu n'as pas mis de protection, si maman te voit elle va paniquer et dira que ton ouïe va disparaître si tu continues comme ça, se moque-t-il gentiment.
— C'est fait exprès. Au moins je ne risque pas d'entendre ta voix de malheur... dis-je, même si je n'en pense pas un mot. La batterie n'a pas su me calmer, mais Simon arrive avec un petit sourire et voilà que ma colère part subitement... je n'y comprends décidément plus rien.
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Et plus encore
RomanceLa famille d'accueil de Joy l'a adoptée quand elle était encore enfant, elle a donc grandi avec le fils de ses parents adoptifs. Ils devraient se considérer comme frère et sœur, pourtant Joy développe des sentiments tout sauf fraternels envers Simon...