Et plus encore

Chapitre 29

Nous ne mettons que quelques minutes en voiture pour arriver chez Eli. Simon m'a dit que la mère de notre meilleur ami était chez une amie à elle, ce qui nous laisse la maison pour nous trois.

On n'a pas énormément parlé du trajet, il faut dire qu'on est un peu sonnés et je pense qu'on ne réalise pas vraiment ce qu'on vient de faire.

On n'a pas du tout l'habitude, et Simon encore moins, de tenir tête à notre père. Nous voir lui désobéir de la sorte doit le rendre absolument malade, et fou furieux.

— Ah, entrez! Nous dit Eli, tout sourire, en ouvrant la porte. Vous n'avez pas de sacs?

— On est partis un peu précipitamment... et puis on ne sait pas combien de temps on va rester...souffle Simon, passant une main dans ses cheveux.

— Ça s'est si mal passé ? Nous demande le coréen, avant d'ouvrir un placard.

— Ouais... bon, ça aurait pu être pire, il aurait pu... je ne sais pas, nous frapper ou... nous séquestrer, dis-je. Mais n'empêche qu'il était pas mal remonté quand on est partis...

— Vous avez fait la bonne chose, les gars. Aucune autre option n'était envisageable, il faudra bien qu'il accepte la situation.

Eli nous sert du thé, avant de nous inviter à s'asseoir avec lui.

— Et votre mère, elle en a dit quoi?

— Maman reste plutôt en retrait, quand on se dispute avec papa. Elle essaie d'intervenir mais, elle sait que c'est un conflit entre nous trois, parce qu'elle n'a aucun problème à nous savoir en couple, elle... répond Simon, qui porte sa tasse fumante à ses lèvres.

— C'est ça... Elle a quand même essayé d'ouvrir les yeux de papa, en prenant notre parti, je continue. Mais il est borné. Alors on a plus qu'à attendre, et on verra bien ce que ça va donner.

Maman m'appelle, et je décroche :

— Allô?

— Oui, ma puce. Vous êtes chez Eli?

— Oui, ne t'inquiète pas. On a juste besoin de s'éloigner, et de laisser papa réfléchir à tout ça.

— Je vois. Il faut que je vous ramène des affaires? J'imagine que vous comptez dormir là-bas.

— Oui, s'il te plaît.

— N'oublie pas nos brosses à dents, s'teup, ajoute Simon qui se penche pour se rapprocher du téléphone.

— D'accord, je vous amène ça dans une trentaine de minutes.

— Comment va papa ? je demande.

Maman souffle, et je peux très bien l'imaginer se passer la main sur le visage.

— Il refuse de m'adresser la parole pour l'instant. Il a besoin de se calmer, ça lui fait un choc de vous voir lui désobéir et vous enfuir comme ça. Il est dans la chambre et regarde une émission.

— On s'en veut, tu sais... je dis, glissant un regard vers mon petit ami. Pas d'être amoureux, parce qu'on ne devrait jamais s'en vouloir d'aimer quelqu'un, mais de... de faire subir ça à papa. Lui désobéir, nous disputer avec lui...

— Je sais ma chérie. Je sais ce que ça représente surtout pour Simon qui déteste décevoir son père. Vous n'avez pas à culpabiliser, votre père est celui qui doit se sentir coupable et il le sait. Vous ne faites rien de mal les enfants, vous êtes tombés amoureux et ce sont des choses qui ne se contrôlent pas, et qu'on ne peut pas empêcher. Je sais que votre père le sait au fond de lui, mais qu'il n'accepte juste pas de le reconnaître pour l'instant. Il a toujours besoin de digérer la nouvelle... il n'a jamais vu venir une chose pareille entre vous.