Chapitre 25

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Papa est en déplacement et Simon est parti faire une partie de basket avec Eli, ce qui nous laisse maman et moi, tout l'après-midi pour profiter l'une de l'autre.

Étant donné que c'est son activité préférée, maman a décidé qu'on allait cuisiner. Au programme : crêpes, gâteaux et yaourts maison.

— Dis maman, je l'interpelle en fixant la pâte cuire sur ma poêle.

— Oui ma puce?

— Tu ne nous as jamais vraiment raconté votre histoire, à papa et à toi.

— C'est vrai. Il faut dire qu'on a toujours été assez discrets, tu connais papa, il ne s'épanche pas sur le sujet de l'amour. (Elle rit) Par où commencer... ton père était la star du lycée.

Je lève les sourcils, étonnée. Mon père, un populaire? Eh bien...

— Ne sois pas si surprise! Ça n'a rien d'étonnant, continue-t-elle. Il était extrêmement charmant, très galant, riche et surtout intelligent. Toutes les filles en étaient folles, mais pas moi. Tu me connais, je n'étais pas le genre de fille à aller facilement vers les garçons, je ne me faisais pas remarquer, et je ne m'y intéressais à peine.

— Alors comment tu as bien pu l'approcher un jour? Je demande, retournant la crêpe.

— D'une façon ridicule, en fait. Il faut que tu saches que je détestais ton père, je ne supportais pas son groupe d'amis, tous aussi populaires et arrogants que lui. Et puis il avait cette manie de flirter avec n'importe quelle fille, même la plus timide d'entre elles, et ça me rendait dingue. Je pensais qu'il ne les respectait pas et ne faisait que jouer avec elles, ce qui avait le don de me mettre facilement hors de moi, surtout lorsqu'il s'agissait de mes amies. On se disputait tout le temps, avec votre père: il avait compris que j'étais insensible à son charme et que je ne l'appréciais pas, et moi, je ne pouvais m'empêcher de lui faire des remarques dès qu'il approchait la moindre fille. C'est presque devenu un jeu, je dirais... au final, on s'amusait toujours à chercher l'autre, même si on savait que ça finirait mal, il y avait quelque chose de grisant à se pousser à bout l'un et l'autre.

Elle récupère le plat de crêpes brûlantes pour les poser sur la table, et je l'y rejoins pour casser des œufs.

— Un jour, et cette partie me fait un peu honte bien qu'elle soit décisive dans la tournure de notre histoire, il est venu m'enlacer de derrière. Il s'est collé à moi, comme si nous avions toujours été un couple, et j'ai évidemment commencé à vouloir le pousser. Ce bougre avait de la force et me serrait particulièrement fort, j'étais incapable de délier ses mains de mon ventre. C'est là qu'il m'a chuchoté « viens avec moi, tu es tachée. Je vais t'aider » je n'ai pas compris mais, au ton inhabituel de sa voix j'ai su qu'il était sérieux et que je ne risquais rien à le suivre. Il n'a pas voulu se décoller de moi et nous avons dû marcher assez ridiculement jusqu'à un coin en retrait, où personne n'allait nous déranger. Il s'est alors dégagé de moi, et a retiré sa veste pour me la nouer autour de la taille. Je lui ai demandé ce qui lui prenait, et il m'a répondu que j'avais du sang à l'arrière de mon jean. Je n'ai pas besoin de te faire un dessin, j'ai moi-même compris très vite ce qu'il m'arrivait et je me suis mise à pleurer de honte.

— Mon dieu maman... c'était encore plus tabou à l'époque, en plus, t'as dû être effrayée...

— Tu n'imagines pas la honte que j'ai ressentie. Mais ton père a immédiatement refusé que je cache mon visage et me l'a relevé pour y essuyer mes larmes. Je pense que c'est là, qu'on a tous les deux réalisé qu'en fait, on ne se détestait pas tant que ça... il m'a rassurée, m'a dit qu'il était presque certain que personne ne l'avait vu, et que maintenant, personne ne le verrait avec sa veste pour cacher cette tâche ingrate. A partir de ce moment-là, je n'ai même plus réussi à me mettre en colère contre lui. Tu te rends compte qu'à cette époque, les hommes se moquaient s'ils voyaient une fille tachée de ses menstruations, pire, ils en étaient dégoûtés. Lui n'a pas cherché à comprendre et malgré nos différents, il m'a aidée. Il n'était ni dégoûté, ni moqueur. Il se fichait que je puisse tacher sa veste, et il s'était collé à moi pour que personne ne puisse voir mon derrière.

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