Chapitre 20

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En rentrant à la maison, je ne sais pas vraiment ce que je ressens : je suis à la fois heureuse, parce que je viens de passer trois heures agréables à discuter avec ma nouvelle amie, on a appris à davantage se connaître l'une et l'autre, on a étonnement pas mal rit aussi... mais je suis aussi à la fois chagrinée de savoir qu'elle est constamment en danger. Simon ne le montre pas mais, il tient à ses proches, ainsi qu'à ses amis plus que tout. S'il perdait Séléna, je ne sais pas ce qu'il deviendrait...Il est ultrasensible à tout ce qui touche aux décès, c'est quelque chose dont il n'accepte même pas de parler, tant ça l'effraie. Il ne m'a jamais caché qu'il pourrait devenir fou si l'un d'entre nous venait à mourir.

Et dire qu'il s'est empêché de trop lui parler, pour ne pas me frustrer...

— Enfin ! crie ma mère lorsque je passe le pas de la porte. Elle m'ouvre grand les bras, avant que je ne m'y blottisse.

Maman ne nous en veut jamais, pour rien. Elle nous pardonne toujours tout, et c'est ce que je trouve fascinant chez elle. Elle nous a même pardonnés, il y a quelques années, quand on lui a cassé le vase auquel elle tenait le plus (celui que sa grand-mère lui avait offert juste avant sa mort). Je me souviens de la culpabilité que l'on a ressentie, Simon et moi, en la voyant pleurer. Pourtant, cinq minutes après, elle nous enlaçait déjà en nous disant que ça arrivait, que les objets pouvaient casser et qu'on était juste un peu maladroits...On a une chance inouïe d'avoir une si belle personne en tant que mère. Je sais que ma génitrice m'aurait probablement mis deux ou trois gifles avant de me jeter dans le placard et de m'y enfermer jusqu'à ce que la faim me fasse devenir insupportable.

— Pardon maman. Je suis désolée, je...

— Simon m'a dit que quelque chose dans votre groupe d'amis n'allait pas trop, et que c'était ce qui t'affectait. Tu m'en parleras uniquement si tu le souhaites, je ne t'y oblige pas. Mais Seigneur, ne t'enferme plus jamais aussi longtemps sans manger ! me gronde-t-elle.

Comme toujours, Simon a fait en sorte de ne pas dévoiler nos secrets à nos parents. Il est si adorable...Il aurait pu me foutre la honte et balancer mes aveux, il aurait aussi pu faire comme s'il ne savait pas ce qu'il me prenait, mais il ne l'a pas fait et a même donné une raison valable à maman pour que ça ne m'oblige pas à révéler ce qu'il se passe réellement...

— Je ne recommencerai plus, promis, je souris, me détachant de son corps.

— Je l'espère bien jeune fille, sinon, c'est moi qui t'enfermerai dans le grenier, et crois-moi, tu ne voudras plus jamais retenter l'expérience, me taquine alors mon père, venant vers moi pour m'embrasser.

Je ris doucement, heureuse de voir que lui non plus ne m'en veut pas. Je n'arrive quand même pas à ne pas penser au fait que si cela avait été Simon à ma place, papa l'aurait puni et lui aurait donné une sacré leçon de morale...

Nous dînons ensuite tous ensemble, et je m'en veux davantage d'avoir fait la tête de mule les deux derniers jours. J'ai la chance d'avoir une famille adorable, avec laquelle je peux partager ce genre de repas convivial, et je n'en profite même pas...

***

Sincèrement, il y a des personnes qui aiment les rentrées ? Personnellement, je les déteste. Et deux semaines de vacances, c'est définitivement trop court...

Je regarde Simon conduire, sans dire un mot.

— Tu me déconcentres, à me fixer comme une psychopathe, tu le sais ? rit-il, sans détacher les yeux de la route devant lui.

Le rouge me monte aux joues, et je tourne la tête du côté fenêtre. Décidément, la discrétion n'est pas mon fort.

Je manque de sursauter lorsque je sens sa main venir se poser sur ma cuisse. Je le regarde donc, me demandant pourquoi il se montre soudainement si tactile. Il regarde toujours devant lui, mais il sourit si fortement que sa fossette est complètement creusée. Il ne cesse jamais d'être beau, celui-là ?

Et plus encoreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant