Et plus encore

EPILOGUE

Les flashs nous éblouissent mais nous ne flanchons pas ; de toute façon, on commence à en avoir l'habitude. Sans avoir besoin de nous concerter, nous changeons plusieurs fois de posture, et quand la main de Simon n'est pas posée sur ma hanche, elle est dans le creux de mes reins. Lorsque nous estimons que nous avons suffisamment posé, nous enlaçons nos doigts et partons, remerciant la foule devant nous et saluant les autres invités.

La journée a été longue, et je n'ai qu'une hâte : entrer dans l'énorme voiture aux vitres teintées qui nous sert de taxi, et y retirer mes talons. Je déteste ces chaussures, mais n'ai pas vraiment le choix de les mettre pour ce genre d'évènements. Je presse le pas, définitivement pressée de rentrer, et Simon le comprend, parce qu'il vient chuchoter au creux de mon oreille :

- Encore quelques petits mètres, mon cœur, et tu pourras te débarrasser de ces chaussures de clown.

Il a raison ; nous arrivons devant la voiture de luxe, où le chauffeur nous attend. Il nous ouvre la portière, et j'entre avec un soupir de soulagement. Enfin !

Simon s'assoit sur la banquette face à moi et sourit en me voyant retirer mes talons avec une grimace de douleur. Il attrape ma cheville gauche et pose mon pied sur ses cuisses afin de commencer à le masser délicatement.

- Mmmmh, ça fait un bien fou...t'es un amour, dis-je, les yeux fermés de plaisir.

- Je crois que s'ils nous invitent encore au prochain Met Gala, on refusera.

- Bien-sûr que l'on refusera ! m'indignai-je. C'était bien trop ennuyeux, ça ne valait pas la peine de passer une journée aussi éreintante.

En effet, nous avons été invités au Met Gala (c'est un Gala de collecte de fonds qui a lieu tous les ans et où un tas de célébrités sont invités) mais si nous avions su à quel point ce serait fatiguant, nous nous serions abstenus d'y aller.

S'ils nous ont invité, c'est parce que nous sommes – et c'est toujours aussi étrange lorsque j'y pense – des célébrités. Simon est devenu de plus en plus connu, grâce à ses vidéos sur les réseaux, et a fini par être repéré par plusieurs producteurs. Tout s'est alors enchaîné très vite : les signatures, les contrats, son premier album...Son single « Joy » a eu un succès fou, à tel point qu'il a été le single le plus écouté en Europe l'année de sa sortie. Quant à moi, j'ai dû arrêter les études que j'avais commencé à l'université pour devenir sa batteuse officielle. Cette année était celle de notre première tournée, et nous venons à peine de la finir ; c'est pourquoi nous ne sommes pas encore totalement remis.

- Passes ton autre pied, me demande mon mari ; très concentré dans sa tâche. Je m'exécute, le sourire aux lèvres : comme chaque jour qui passe, je réalise combien je suis chanceuse de l'avoir. Voilà maintenant cinq ans que nous nous sommes retrouvés après la mort de papa, et nous ne nous sommes plus jamais quittés, même pas pour quelques jours. On s'arrange toujours pour faire tous les déplacements ensemble ainsi que tous les voyages, et être sa batteuse nous donne l'avantage de pouvoir faire ça sans trop d'encombres.

Au tout début, Simon tenait à garder sa vie privée...eh bien : privée. Que ce soit aux journalistes ou aux fans, il ne répondait jamais aux questions qui concernaient sa famille, ou ses amis. Puisqu'il était arrivé dans le top 10 des « Most handsome men in the world » (des plus bels hommes du monde), il faisait fureur chez les femmes – et même chez les hommes, d'ailleurs - à mon plus grand désarroi. Le nombre d'admiratrices qui lui envoyaient des lettres, qui le spammaient de photos sur les réseaux ou qui lui glissaient leurs numéros lors des autographes était impressionnant, et j'en étais dingue de jalousie ; ce qui faisait bien marrer Eli. Et puis, quelques semaines après notre mariage, Simon a surpris le monde entier en répondant à la question d'un journaliste, lors d'une interview : celui-ci lui avait demandé « Vous restez très discret sur votre vie personnelle, Monsieur Myers, et cela créer énormément de spéculations...Puis-je me permettre de vous demander si quelqu'un partage votre vie, Simon ? » Il s'est mis à sourire, montrant ses dents blanche et alignées ainsi que sa fameuse fossette à la caméra, et a répondu : « Savez-vous pourquoi mon single est intitulé Joy ? » Le journaliste a eu l'air légèrement confus, mais il a dit « Vous ne l'avez jamais révélé. « Joy » signifie « Joie » en français, et pour moi, comme pour vos milliers de fans j'en suis sûr, c'est tout ce que cela veut dire. C'est une chanson d'amour, et le titre n'a donc rien d'étonnant. Pourquoi ? » Simon a alors repris en montrant l'alliance à son doigt et son sourire s'élargissant plus encore : « Joy est le prénom de ma femme »