Chapitre 28

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— C'est vraiment chaud...souffle Laura. Une semaine, déjà ? Mais il va vous pister comme ça pendant combien de temps ?

— Pfff...je crois qu'il se méfiera tant qu'on vivra sous son toit...J'en peux plus...

— Simon le vit comment ? Eli ne veut rien me dire, et puisqu'il ne vient plus au lycée depuis, je n'ai pas eu l'occasion de lui demander moi-même...

La semaine que l'on vient de passer a été horrible. Bien que maman ait réussi à calmer papa, son avis reste le même : interdiction d'être amoureux. Il a pris des congés, uniquement dans le but de nous surveiller 24 heures sur 24. On doit dormir la porte ouverte, et ne pas se toucher. Il doit s'imaginer qu'en faisant ça, nos sentiments vont miraculeusement s'atténuer... Mais tout ce que ça fait, c'est nous faire souffrir. Je sais parfaitement qu'on continuera à s'aimer, sûrement pendant des années, et je suis sûre qu'au fond, papa le sait aussi. Il essaie juste de se complaire dans son déni, il veut s'imaginer qu'on peut finir par se désintéresser l'un de l'autre.

— Je crois qu'il supporte encore moins que moi...(je souffle). Malgré les nombreuses disputes qu'il a à ce sujet avec papa, il n'arrive pas à retourner en cours. Il mange à peine, et je le croise presque jamais. Maman va le voir tous les soirs dans sa chambre, mais il refuse de lui dire quoi que ce soit.

— Tu penses que c'est la globalité de la situation, qui le rend comme ça, ou que c'est d'avoir vu votre père réagir comme ça qui l'a le plus blessé ? me demande ma meilleure amie à travers le téléphone.

— Je ne suis pas sûre. Je pense que oui, décevoir à ce point la seule personne qu'il voulait rendre fière l'a énormément blessé, mais je pense aussi que le fait de savoir qu'on ne pourra jamais être ensemble, ça lui brise le cœur. Il m'a « attendue » pendant deux ans, et lorsqu'il a enfin pu goûter à notre relation, elle lui a été arrachée des mains...

— Et tu n'essaies pas de lui parler ? Vous n'avez qu'à reprendre votre relation secrètement.

Je souris tristement. Si seulement c'était aussi simple...

— Il ne voudra pas m'écouter. Et puis, avec papa qui ne nous lâche pas, on n'arrivera jamais à reprendre notre relation où elle en était. C'était déjà difficile d'être discrets, alors là, ça relèverait de l'impossible.

— Essaie quand même de parler à Simon, vous avez besoin l'un de l'autre.

Je lui promets d'essayer, avant de raccrocher. Je sors de la chambre afin d'aller grignoter quelque chose, mais je m'arrête en voyant mon père qui lit le journal, assis sur une chaise dans le couloir.

— T'es sérieux ? je ne peux m'empêcher de demander, sidérée.

— Sur un autre ton, Joy, je ne suis pas ton copain.

— On est en taule maintenant, c'est ça ?

— Je viens de te demander de me parler autrement.

— J'en ai rien à foutre, papa ! tu te rends compte comme cette situation est débile ?!

Je vois Simon sortir de sa chambre, se frottant les yeux comme s'il venait de se faire réveiller. Mon estomac se tord, il me manque, bordel.

— Bon, ça suffit, Joy ! Retourne dans ta chambre, tu pourras en sortir quand tu seras calmée.

— Laisse-la tranquille papa. Tu ne veux pas la garder enfermée tout en haut d'un donjon, tant qu'on y est ?

— Si ça peut t'empêcher de lui sauter dessus comme un pervers assoiffé, alors oui, répond notre père, les yeux toujours rivés sur son journal.

Et plus encoreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant