Chapitre 33

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Je retourne dans le salon une fois que j'ai retrouvé une respiration normale.

— Règle numéro un, dis-je, les yeux droits dans ceux de Simon. Tu ne m'adresses pas la parole. Je n'ai aucune envie de te parler. Règle numéro deux : tu m'évites. C'est peut-être aussi ta maison, mais c'est moi qui y vis depuis plus d'un an, alors c'est moi la prioritaire. Si je mange, tu attends sagement je ne sais où, mais pas dans la pièce où je suis. Règle numéro trois, tu ne ramènes aucune fille ici. Si tu veux en voir, c'est en dehors de chez moi.

— Joy, écoute...souffle mon faux-frère en passant une main sur son visage.

— Tu sembles déjà avoir oublié la règle numéro un, on dirait. Tes deux ans de cavale t'ont rendu con ou quoi ?

Il ne répond pas, mais me lance un regard noir avant de prendre son sac et de monter les escaliers. Je ne suis pas idiote, je sais qu'il va en profiter pour parler à Eli. Et je sais aussi que le coréen va lui pardonner, parce qu'il ne lui en a jamais vraiment voulu d'être parti comme un voleur ce jour-là. Si Eli est en colère contre son meilleur ami, c'est surtout pour le mal que ça m'a fait à moi.

Merde, mais comment je vais bien pouvoir vivre à nouveau avec lui ?

La soirée passe et Simon ne redescend pas, pour mon plus grand bonheur. Je suis en train de faire chauffer les lasagnes lorsque Eli descend.

— Comment tu vas ? me demande-t-il en s'asseyant à table.

Je hausse les épaules :

— Bof. Je réalise pas trop qu'il est là. Et je suis toujours aussi énervée, je n'arrive pas à penser à lui sans que ça ne me mette en rogne.

— Tu lui as mis, sa raclée ? demande-t-il le sourire aux lèvres.

— Il s'est pris une sacrée gifle (je ris), mais ça ne m'a même pas soulagée.

Je remplis nos deux assiettes, et laisse le reste au frigo pour Simon.

— Il m'a parlé, Joy.

— Je sais.

— Tu ne veux pas savoir ce qu'on s'est dit ?

— Il t'a donné son excuse, et tu lui as pardonné ? je demande, sarcastiquement.

— ça paraît vachement simple quand tu le dis comme ça. En soit, c'est ce qu'il s'est passé, mais c'est bien plus compliqué...

Je ne réponds pas, parce que je ne veux pas savoir.

— Et...reprend Eli, il m'a parlé de trois règles ? qu'est-ce que c'est que ces interdictions que tu lui as données ?

— Tu ne crois quand même pas qu'il allait venir s'installer ici et vivre comme il l'entend, quand même ? Supporter sa présence, ok. Mais le reste, c'est trop m'en demander pour l'instant. J'ai besoin de me réadapter, tout vient à nouveau d'être chamboulé...On était bien tous les deux, et là...je sais pas, ça me fait flipper, je m'étais habituée à cette vie, j'avais commencé à l'accepter, à me résigner à l'idée de ne plus jamais le voir...

— Je sais...

Nous terminons notre repas en passant à un autre sujet de conversation, et nous débarrassons la table.

Alors que je pose les couverts dans le lave-vaisselle, je reçois de l'eau dans le dos.

— Eli ! je m'écrie, sidérée. Tu vas voir toi !

Je lui balance l'éponge en éclatant de rire, et il l'évite de justesse. Il se met à me courir après dans tout le salon, et nous hurlons et rions comme des gosses. Il finit par m'attraper en bas des marches, et il m'attaque de chatouilles.

Et plus encoreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant